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A Monsieur le Président d’une Algérie que j’ai voulue indépendante

dimanche 13 décembre 2009

UNE LETTRE DE MADAME DJAMILA BOUHIRED AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE


Monsieur,

Je me permets d’attirer votre attention sur ma situation critique. Ma retraite et la petite pension de guerre que je perçois ne me permettent pas de vivre convenablement. D’ailleurs, mon épicier, mon boucher, ma supérette pourront témoigner des crédits qu’ils m’accordent. Il ne m’est jamais venu à l’esprit de compléter mes revenus par des apports frauduleux qui, malheureusement, sont très fréquents dans mon pays. Je sais que certains authentiques moudjahidine et moudjahidate sont dans la même situation, probablement plus critique. Je n’ai pas la prétention de les représenter ici, mais au poste où vous êtes, vous ne pouvez ni ne voulez connaître leur dénuement.

Ces frères et sœurs, dont l’intégrité est connue, n’ont bénéficié d’aucun avantage. La somme qui leur serait allouée ne pourrait dépasser les honoraires généreux attribués aux députés et sénateurs, ainsi qu’à vous-même et à tous les alimentaires qui vous entourent. Ainsi, je vous demanderais de ne plus nous humilier et de revaloriser notre dérisoire pension de guerre afin de vivre dans un minimum de dignité le peu de temps qui nous reste à vivre.

Avec mes sentiment patriotiques.

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Djamila Bouhired,
Le 9 décembre 2009


UNE LETTRE DE MADAME DJAMILA BOUHIRED AU PEUPLE DE L’ALGERIE.

Chers frères et sœurs algériens

Si je m’adresse à vous, c’est parce que, pour moi, vous représentez ce peuple multiple, chaleureux et généreux que j’ai toujours aimé. Aujourd’hui, je me vois dans l’obligation de faire appel à vous. Permettez-moi tout d’abord de me présenter. Je suis Djamila Bouhired, condamnée à mort en 1957 par le tribunal militaire d’Alger. Je me trouve actuellement dans une situation critique.

Malade, les médecins m’ont conseillé trois interventions chirurgicales lourdes et coûteuses, auxquelles je ne peux faire face : l’hospitalisation, les interventions chirurgicales, les soins, les médicaments et l’hébergement dans un hôtel ne peuvent pas être couverts par ma retraite et la petite pension de guerre. Aussi,
je vous demande de bien vouloir m’aider dans la mesure de vos possibilités. Avant de terminer, je voudrais remercier chaleureusement certains émirs des pays du Golfe que je considère comme frères pour leur générosité et leur compréhension, pour leur offre généreuse et spontanée à vouloir me prendre en charge, offre que j’ai dû refuser.

Avec tous mes remerciements aux sœurs et frères algériens et ma fraternelle affection.

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Djamila Bouhired


publié dans le journal El Watan du 13.12.09