Adidas : exploitation des travailleurs et hypocrisie des gens du « monde libre »

mercredi 25 juillet 2012
par  Alger républicain

Dans son édition du samedi 14/07/2012, le quotidien britannique Daily Telegraph rapporte que des employés d’une usine Adidas à Shen Zhou, dans la banlieue de Phnom Penh, sont payés 66 dollars (50 euros) par mois pour confectionner des vêtements qui seront vendus aux JO cet été.

En effet, des ouvriers ont expliqué au journal qu’ils pouvaient augmenter leur salaire jusqu’à 120 dollars en travaillant deux heures supplémentaires par jour, soit 10 heures. On a bien lu : ils sont prêts à se faire surexploiter pour accéder à un salaire minimum de subsistance, à travailler 60 heures par semaine !

Les organisateurs des Jeux olympiques de Londres (27 juillet-12 août) qualifient cette information « d’allégations » ! Comme si ce secret de polichinelle pouvait justifier le doute sur cette réalité de notoriété publique, ils ont annoncé « l’ouverture d’une enquête ».

Un porte-parole du Comité d’organisation des JO (Locog) fait semblant de la prendre « très au sérieux ». Affectant toujours une surprise de façade il rappelle que « l’usine de Shen Zhou est apparemment (...) inspectée par l’Organisation internationale du travail (OIT) ou le programme de la Banque mondiale ». On ne savait pas que la Banque mondiale, instance ultra-libérale défendant avec acharnement la flexibilité de l’emploi et des salaires avait pour mission de contrôler le niveau des salaires, autrement que pour pousser à la concurrence entre les travailleurs par le bas ! Et d’ajouter sans rire : « Nous rappelons régulièrement à tous nos titulaires de licences l’importance de respecter les règles d’origine de leurs produits « qu’ils ont tous signées » »

De son côté un porte-parole d’Adidas interrogé par le Daily Telegraph, soutient que les salariés de l’usine de Shen Zhou gagnent en moyenne 130 dollars par mois, « ce qui est bien supérieur au salaire minimum ». « Adidas est persuadé de respecter les standards du Locog », a-t-il affirmé. Voilà donc les salaires de la mondialisation : un salaire moyen de 130 dollars ! Huit fois mois que le SMIC français. Et ceux qui ne sont pas dans la « moyenne » combien gagnent-ils pour essayer de survivre ? Quels sont les montants des surprofits empochés par les actionnaires de Adidas grâce à la « mondialisation » ?

Le salaire minimum mensuel dans le textile, au Cambodge, est officiellement de 66 dollars, après une augmentation de 5 dollars obtenue en fin d’année dernière à la suite d’une série d’évanouissements de masse dans des usines de vêtements de grandes marques étrangères comme Puma et H&M. Mais la plupart des ouvriers sont contraints de travailler davantage pour gagner une centaine de dollars afin de s’en sortir. « Un salaire décent pour un ouvrier avec deux enfants devrait être de 260 dollars », estime Labour Behind the Label, un réseau d’organisations « charitables » qui prétendent défendre les droits des travailleurs mais agissent en réalité pour légaliser des salaires de misère travestis en « salaires décents ».

Adidas, équipementier sportif allemand et fournisseur officiel des JO, a ajouté que les employés de son usine de Shen Zhou recevraient d’ici la fin de l’année une augmentation comparable à celle des autres travailleurs du textile. Bref quelques dollars de plus pour faire taire les travailleurs.

MA & KS

25.07.12