Coup de tonnerre à la SNVI

mardi 12 janvier 2010

Les grévistes, plus de 5 000 selon nos estimations, qui ont entamé un arrêt de travail sans l’assentiment de l’UGTA, dénoncent le contenu social de l’accord de la dernière tripartite (gouvernement, patronat et UGTA), notamment la remise en cause du système des retraites en cours et de l’augmentation salariale, jugée dérisoire par rapport à l’augmentation faramineuse du coût de la vie. Les protestataires envisageaient même d’organiser un rassemblement à Alger. Ils se sont contentés d’une marche, suivie d’un rassemblement à l’intérieur du Complexe de véhicules industriels.

« Entre nous, un gouvernement, un patronat et un syndicat qui sortent tous très satisfaits d’une réunion, c’est louche ! C’est évident, chacun défend ses intérêts. Nous (les travailleurs ndrl) sommes finalement les dindons de la farce », lancera un protestataire, dès notre entrée dans cet immense complexe.

Alors qu’on discutait avec un responsable de la SNVI de l’objet de notre visite, la tension monta soudainement d’un cran. « On veut parler aux journalistes ! », scandaient des centaines de travailleurs aux responsables, qui ont vainement tenté d’obstruer notre mission. La foule, visiblement très en colère, n’a pas manqué de le faire savoir. « Nos revendications sont connues. Nous dénonçons la remise en cause du système de départ à la retraite. Comment des gens occupant des postes d’une grande pénibilité peuvent-ils résister plus de 25 ans sans y laisser leur santé ? Imaginez des agents qui travaillent dans les forges, dans des ateliers de polyester, en qualité de soudeur… Des postes de travail où un être humain ne peut pas rester plus de 27 ans. Et on nous demande d’y travailler pendant 40 ans ? C’est inhumain ! » « Les pouvoirs publics se plaignent du grand nombre de chômeurs mais empêchent la libération des postes de travail au profit de notre jeunesse, qui aime son pays. » Tout le monde voulait parler et rappeler la précarité que subissent les travailleurs. C’est Mouloud qui l’expliquera : « Nous sommes sortis pour faire part de nos doléances en dépit de ce que fait l’UGTA pour nous en empêcher. Comme on vous l’a expliqué, nous sommes contre la décision du rallongement de la période de cotisation et de l’âge de départ à la retraite, nous dénonçons la cherté de la vie et cette augmentation salariale. La dernière augmentation du SNMG ne nous touche pas. Cette valorisation n’a été consentie que pour une infime partie des fonctionnaires des communes. Même si cela nous concernait, cette augmentation serait vite absorbée par l’augmentation faramineuse des prix des produits alimentaires. Le gouvernement a consenti l’équivalent de 2 000 DA d’augmentation sur le salaire, mais la majoration des prix ampute nos fiches de paie de 6 000 DA. »

Et une autre voix de s’élever : « De plus, nous payons plus d’impôts que les commerçants. C’est aberrant ! Nous ne pouvons plus vivre décemment avec nos salaires actuels ! Comment ose-t-on demander à un homme qui ne mange chaque jour qu’un plat d’épinards de travailler pendant 40 ans devant un haut fourneau ?! »

Nous quittons la SNVI sous une bonne escorte d’agents de sécurité, qui ont visiblement reçu des consignes, mais qu’ils ne pouvaient appliquer devant des centaines de travailleurs. Mais combien de temps cachera-t-on cette colère contre la pauvreté ?

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Abachi L.

in Le Soir d’Algérie

04.10.10