Crise au sein du régime et élection présidentielle du 17 avril prochain : ce qu’en pense le Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme

dimanche 2 mars 2014

Attaque ouverte du secrétaire-général du FLN contre le Département du Renseignement et de Sécurité, grosses affaires de corruption, danger sur l’unité territoriale du pays, candidature de Bouteflika pour un 4e mandat, etc., les communistes organisés dans le Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme exposent leurs appréciations. Dans une déclaration datée du 27 février, ils livrent leur analyse des dissensions qui ont éclaté au sein du pouvoir et proposent des orientations de lutte pour le mouvement populaire.

AR

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Après avoir noté que
“Les critiques portées au rôle de ces derniers dans le verrouillage de la vie politique n’apprennent rien au peuple et à ses forces démocratiques et progressistes. Leur rôle dans les pratiques anti-démocratiques du régime tout entier, et non d’un seul de ses segments, est de notoriété publique”
le PADS affirme que :
“personne ne prendra au sérieux l’appel” du SG du FLN “à mettre fin à l’emprise du DRS pour favoriser l’émergence d’un « Etat civil ». Cet appel démagogique couvre simplement la tentative d’une fraction du régime d’instaurer sa dictature aux dépens des autres, d’en finir avec les solutions « consensuelles » qui ont profité jusqu’à ces dernières années à l’ensemble des couches privilégiées exploiteuses et affairistes et de leur représentants dans les diverses instances de l’Etat”.

Le Pads invite
“ les travailleurs, les jeunes issus des couches sociales du peuple ( à ne pas) choisir entre l’une ou l’autre des multiples fractions qui se disputent l’hégémonie dans l’exercice du pouvoir, en particulier le contrôle du robinet des recettes pétrolières, et qui peuvent momentanément « calmer le jeu » entre elles ( … ) à ne pas servir de chair à canon au service de telle ou telle fraction du régime”

Il rappelle l’analyse qu’il avait faite en septembre 2013 :

"Les luttes au sein des appareils d’Etat ne changent pas la nature sociale fondamentale du régime.

Mais le fait nouveau est que les arbitrages traditionnellement effectués dans la tranquillité au sein des cercles fermés du régime à la veille d’échéances politique importantes semblent de moins en moins possibles. Car les différents clans bourgeois-mafieux en lutte les uns contre les autres disposent tous de réseaux d’influence à l’intérieur du pays, journaux, partis, police, armée, justice, administration. Ces réseaux se sont solidement tissés autour d’affaires lucratives montées à la faveur de la libération de l’économie et du passage déclaré au capitalisme. Ils ont aussi des appuis importants à l’extérieur, en raison des liens qu’ils ont établis avec les Etats impérialistes et les monarchies du Golfe ces dernières décennies. Ils se neutralisent réciproquement. Les uns ne peuvent vaincre les autres en comptant uniquement sur leurs leviers d’action étatiques militaires et sécuritaires. Aussi les conflits internes ont-ils tendance à déborder des champs opaques et fermés, jusque-là maîtrisés de façon « consensuelle » par les fameux cercles de « décideurs ».

Mais il attire l’attention sur le fait que “L’exacerbation des luttes et querelles internes tend à mettre gravement en danger la sécurité du pays. Elle se produit au moment où diverses stratégies sont mises en action selon divers scénarios par les Etats impérialistes pour s’emparer des richesses du pays. Des appels du pied sont lancés par les diverses fractions du régime à tel ou tel de leurs appuis extérieurs en France, aux USA et dans les pays du Golfe pour faire pencher la balance de leur côté. Les Etats impérialistes attisent de leur côté les dissensions, jouent sur le mécontentement interne, pour arracher à l’une ou l’autre de ces fractions le maximum de concessions qui devraient un jour ou l’autre se traduire par leur domination totale sur le pays ou tout simplement par la prise en main directe du sahara pétrolier.”

Il dénonce le verrouillage de la ”la vie politique derrière une démocratie de façade” qui “ à quelque semaines de l’élection présidentielle du 17 avril prochain ( … ) ne laisse actuellement aucune chance aux représentants des travailleurs de mener la bataille pour porter à la tête de l’Etat leurs forces représentatives”.

L’analyse aborde la question des manipulations qui font peser des menaces sur l’unité territoriale du pays. Pour le PADS, la défense “n’est pas seulement une affaire de renforcement de l’action des services de sécurité ou de l’unité de l’armée. Elle est étroitement liée à la relance d’une politique de développement avec la réhabilitation du secteur industriel et agricole public, seul instrument capable de réaliser une politique d’équilibre régional. Elle est liée au contrôle par un Etat démocratique populaire du commerce extérieur pour mettre fin à la dangereuse hémorragie des devises. Elle est liée à la lutte contre la corruption et les injustices sous l’égide d’un régime démocratique révolutionnaire des travailleurs et des masses populaires. Elle exige le renforcement des liens de solidarité avec les peuples et les travailleurs de la région et du monde pour contrer les ingérences impérialistes. C’est un tel régime qui peut créer une unité sans faille entre le peuple et l’armée, mettre fin à la tendance à laquelle poussent les couches sociales privilégiées pour transformer l’armée en une machine antipopulaire.”

Exhortant les travailleurs et les jeunes à intensifier leurs luttes “sur tous les plans pour la défense ( de leurs) revendications ( … ) salaire et pouvoir d’achat, emploi productif et logement, droit de réunion et d’organisation à arracher sur le terrain, etc.”, il souligne qu’il faut rejeter “les faux clivages qui font le jeu des forces bourgeoises et impérialistes”.

Pour le PADS
“La lutte unie doit rassembler tous ceux, civils ou militaires, et quelle que soit leur origine, arabe, mozabite, kabyle ou touareg, qui s’opposent aux forces qui sont en train de bâtir leurs richesses sur l’exploitation des travailleurs, l’affairisme et le pillage des biens de la nation.

La vrai problème n’est pas la « primauté du civil sur le militaire » ou inversement. C’est celui de la primauté des intérêts des travailleurs et du pays sur ceux de la bourgeoisie et de l’impérialisme ( … ) La vraie ligne de clivage est celle qui oppose à cette minorité, alliée des Etats impérialistes, l’immense majorité du peuple laborieux qui ne possède que ses capacités manuelles ou intellectuelles pour vivre.”

Enfin, la question d’un 4e mandat pour Bouteflika “ ne doit pas être considéré comme la question la plus importante par les masses populaires” afin que “les luttes à mener ne (conduisent pas ) à faire le jeu de tel ou tel autre courant d’intrigants opposés à ce nouveau mandat. Engager les forces combatives du pays dans cette voie serait semer des illusions sur les objectifs de ceux qui prétendent être l’alternative alors que leur programme, quand ils en ont, est de maintenir le système économique et social actuel, affairiste et exploiteur, sous la direction de nouvelles figures.”

En conclusion,

“L’objectif pour les forces populaires doit être de travailler à créer les conditions dans les luttes, sous toutes les formes, pour faire émerger un mouvement de masse et des forces dirigeantes capables de balayer le régime dans son ensemble en tant que régime des trafiquants et des exploiteurs des travailleurs, de le remplacer par un régime au service des classes laborieuses du pays.”