Décès de Abdelkrim Mehenni dit Kerroum

mercredi 12 juillet 2017
par  Alger republicain

Notre ami, Abdelkrim Mehenni, s’est éteint samedi 8 juillet, à Paris. La triste nouvelle a été annoncée par le quotidien l’Humanité dans son édition du 11 juillet. Le corps doit être rapatrié aujourd’hui mercredi. Il sera inhumé à Constantine, sa ville natale.

Kerroum comme on l’appelait affectueusement, a adhéré au Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS) au début des années 1970 quand il était étudiant à l’Université de Constantine.

Il participa activement à la préparation et à la tenue de la Conférence Nationale de la Jeunesse en avril 1975 devant conduire à la transformation de la JFLN (jeunesse du FLN) en une organisation de jeunes authentiquement démocratique. Quelques semaines auparavant, l’élection des délégués à la conférence fut marquée par l’irruption de dizaines d’étudiants affiliés à l’idéologie obscurantiste, usant de la plus grande violence pour en saboter l’organisation. A coup de gourdins, de barres de fer, de chaînes à vélo, et aspergeant d’acide les étudiantes qui leur résistaient, ils cherchaient à terroriser les étudiants, préfigurant d’ailleurs les hordes dont ils assureront plus tard l’encadrement idéologique. Venus de différentes régions du pays, ils étaient manipulés et encouragés dans leur déplacement par les courants réactionnaires du pouvoir et financés par la grande bourgeoisie et les grands propriétaires fonciers touchés par la révolution agraire. Toutes ces forces voyaient d’un mauvais oeil l’alliance que l’aile gauche du pouvoir tentait de nouer avec le PAGS par l’intermédiaire des Comités de Volontariat de l’Université qu’animaient ses militants. L’intrusion de ces nervis occasionna de grands dégâts dans les nouveaux locaux de la Faculté de Droit déplacée à Ben Aknoun. C’est là que devait se dérouler l’élection des délégués à la CNJ. Les affrontements durèrent des heures. La police laissa faire jusqu’à ce que parvint en haut lieu l’information sur la gravité des événements. La riposte s’organisa rapidement, les CVU reçurent l’appui de nombreuse organisations de quartiers de la JFLN et de syndicats ouvriers.

Kerroum se distingua par sa combativité. Il fut élu démocratiquement comme membre du secrétariat national de la nouvelle organisation, l’Union nationale de la Jeunesse algérienne. Il fut chargé de suivre la commission nationale des étudiants. La commission fut créée pour masquer le refus de la reconstitution de l’UNEA des Etudiants Algériens (UNEA) dissoute en 1970 sous la pression de la droite du pouvoir, Kaïd Ahmed responsable de « l’appareil du FLN » en tête. Le compromis boiteux réalisé au sein du pouvoir permit cependant d’entretenir la mobilisation légale des étudiants progressistes.

Kerroum et ses camarades membres du PAGS, portés à la tête de l’UNJA lors du congrès tenu juste avant le décès de Boumediène, subirent ensuite l’ire du pouvoir de Chadli. Refusant de se plier à l’article 120, ils furent arbitrairement et illégalement démis de leurs fonctions par une commission de discipline du FLN, extérieure à l’UNJA. Benaouda, son président, anticommuniste enragé, propulsé pour accomplir la sale besogne des purges dans les « organisations de masse » et au sein des cadres de l’Etat attachés à la poursuite de la politiquement de développement, les envoya manu militari effectuer leur service national. Lounès Djaballah qui sera assassiné en octobre 1994 fit partie de la « charrette ».

Se sentant lui aussi menacé par les groupes du terrorisme obscurantiste, Mehenni dut se réfugier dans les années 1990 en France.

Alger républicain présente des condoléances les plus attisées à la famille du défunt.

AR