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« Demain se lèvera le jour » Livre de Ferhat Abbas - Un surgelé de haine !

vendredi 21 janvier 2011

Présenté comme le bestseller de la rentrée, et record des ventes par
la presse algérienne le livre de Ferhat Abbas « Demain se lèvera le
jour »
paru ? la fin de novembre dernier. Ouvrage inédit ? Il a été publié ? titre posthume, dans la collection études et documents aux éditions Alger Livres. D’emblée son fils Abdelhalim nous avertit en page 07 que le manuscrit lui a été remis par son père avec la consigne « que le livre ne soit publié que lorsque un système vraiment démocratique sera installé en Algérie et que le mot liberté ait pris tout son sens » Mr Abbas junior a estimé « que l’heure est donc venue de tenir cette promesse » et nous annonce que les idées de son père sont le reflet d’une clairvoyance prémonitoire et les tragiques évènements qui ont traumatisé notre pays lui ont donné raison ! » Rien que ca ! Pour ceux qui ont le moindre doute, nous sommes en pleine démocratie d’après le « fils » et la liberté a pris tout son sens ! Pourquoi sa parution aujourd’hui ? Pourquoi pas plutôt, ou plus tard !

Mme Leila Benmensour viendra dans la préface pour éclairer notre
lanterne et nous annoncer « Que le manifeste des libertés de Ferhat
Abbas est une véritable carte d’identité nationale, dixit le président
Abdellaziz Bouteflika et nous présente Mr Ferhat Abbas comme l’homme
providentiel que l’Algérie avait raté au sortir de la nuit coloniale »
.
Nous découvrons au fur et ? mesure de notre lecture un chapelet de
haine surgelée ! Une haine de classe que Mr Ferhat Abbas assène ? son
peuple et au lecteur que je suis !

Aux yeux de l’auteur, ? l’indépendance notre population est restée au
stade de l’enfance, les citoyens sont revenus a leurs servilité comme l’âne a son bât. En 1962 nous nous sommes comportés comme un peuple primitif ! Nous étions un appendice de démocratie socialiste, marxiste et collectiviste, que l’Algérie était musulmane comme Cuba était marxiste, et que tout changement ne viendrait que d’institutions libérales !

Il se demandait si les communistes algériens finiraient par adopter le libéralisme de leurs voisins.

En 1984 il aurait parlé des changements de tout le personnel de direction des entreprises nationales ? chaque changement de P.D.G alors que ces dernières n’avaient pas encore de conseils d’administrations, donc pas de PDG mais des directeurs généraux D.G. (être plus visionnaire que cela il faut repasser !)

Mr Abbas proposait pour le développement de notre agriculture,
l’introduction de l’avocatier pour sortir de la dépendance alimentaire. Il nous révèle que le socialisme est une colonisation nouvelle, que tout ce qui se faisait en Algérie était dirigé contre l’islam, que le Sahara occidental est l’œuvre du communisme international.

Il déplore que la ligue arabe n’ait pas remis l’Algérie ? l’ordre dans son conflit (du Sahara Occidental) avec le Maroc. Mr Abbas a estimé que « n’est colonisable que celui qui veut être colonisé », que Annouar Essadate est un homme de paix, pour preuve c’est le premier homme musulman ? qui l’opinion occidentale a rendu justice. Au fur et ? mesure de la lecture il nous apprend que l’hitlérisme et le socialisme stalinien c’est du pareil au même. Que le peuple algérien a été plus traumatisé par le socialisme que par les sept années de guerre !

Que dire de cette restitution haineuse de classe par ce docteur de
première classe qui a cherché son peuple et l’Algérie et ne les a jamais trouvés ! Par contre ce peuple et l’Algérie ont fait de lui un président qui
s’est accommodé de l’idée du parti unique (en devenant par la suite
président de l’assemblée). Ferhat Abbas défenseur de la démocratie, qui veut-on tromper ?

Alors qu’il était président de cette dernière, une délégation a été le voir après les menaces contre le PCA et ensuite son interdiction vers fin novembre1962. Il s’est dérobé ? une intervention quelconque et s’agenouillait déj ? devant l’idée du parti unique (il n’existait pas encore juridiquement), alors que Ait Ahmed, a exprimé une position d’homme de principe dans une intervention officielle, bien qu’il était encore membre du FLN. Mr Ferhat Abbas n’a quitté l’assemblée nationale que parce que le rapport de force ne lui était favorable.

Pendant les années soixante, au moment où il se rendait, libre ? l’étranger, les communistes étaient emprisonnés et affreusement torturés par le régime de l’époque, il a été a son tour mis arbitrairement en résidence surveillé par Boumediene celui avec lequel il s’est allié contre Benyoucef Benkheda. Peu lui importait alors que ce dernier fut un « libéral » comme lui, il a plutôt frayé avec Boumedienne et autres qui se disaient proches de Castro et de Fanon.

Le chemin vers les sommets.

Les historiens révèlent que la maladie du zaïmisme cher aux partis du
mouvement national était une pratique systématique chez Mr Abbas et
que son parti n’était vraiment pas un modèle du genre.

Au fait de quoi rêvait Ferhat Abbas ?

D’un pouvoir néolibéral arrimé aux multinationales, aux mains d’une seule classe, la sienne pour s’allier comme il l’a fait en 1975 avec ceux qui ont préparé la venue des mutants… il aurait préparé l’anarchie qui allait emporter le pays, l’anarchie et la misère néolibérale. Voila que l’on nous exhume maintenant cette haine surgelée au moment ou le tout libéral, le tout néocolonial cher a Ferhat Abbas a échoué !

En lisant ce livre, moi lecteur qui n’ai pas connu Mr Ferhat Abbas ?
l’époque de son apogée, lui qui nous a toujours été présenté comme un
révolutionnaire, bourgeois éclairé, grand esprit, patriote unitaire, homme de grande culture, je le découvre s’écroulant de ce piédestal pour rejoindre les travers de sa classe, la bourgeoisie néolibérale capable de se réfugier derrière la religion ou derrière les puissants du moment, avec les féodaux pour mieux faire passer son rejet d’une politique de progrès et de justice sociale.

Fateh Agrane

19.01.11