Election présidentielle américaine de novembre : la bourgeoisie monopoliste US a fait élire un défenseur de l’ordre capitaliste un peu plus présentable que son prédécesseur

lundi 14 décembre 2020
par  Alger republicain

Durant des mois et des mois, l’élection présidentielle américaine n’a pas dérogé à sa bonne tradition : une mascarade à grand spectacle au pays que l’on persiste à présenter comme la « plus grande démocratie du monde ». Mascarade étant donné que pour percer dans les médias il faut avoir des milliards de dollars et être soutenu par l’un ou l’autre clan de la très grande bourgeoise américaine. Un représentant des travailleurs n’a aucune chance d’être visible derrière l’épais rideau médiatique filtrant ni de faire entendre sa voix perdue dans le vacarme de la politique-spectacle des puissances d’argent. Il faudra une situation révolutionnaire pour que les défenseurs des travailleurs puissent un jour inéluctable captiver l’attention des victimes du régime et couvrir les clameurs des nantis sous les cris de colère du peuple décidé à secouer ses chaînes, matérielles et idéologiques.

La clique des médias menteurs de la ploutocratie mondiale et du système capitaliste a orchestré une gigantesque opération d’enfumage pour faire élire par le peuple le plus roué des mandataires du grand capital, perpétuant « démocratiquement » l’exploitation et grossissant les profits de ses exploiteurs.
Depuis plusieurs décennies, à chaque élection présidentielle américaine, nous assistons au même scénario : faire avaler des couleuvres au peuple américain.
Ainsi deux roublards de la politique américaine, deux représentants des méga-riches, Trump et Biden ont distrait les travailleurs par des discours sur tout sauf sur la condition de plus en plus insupportable des exploités et des couches marginalisées par le système capitaliste.

Election après élection, les deux favoris de la dernière ligne droite qui conduit à la Maison Blanche sont toujours et nécessairement issus de la même bourgeoisie américaine, une bourgeoisie sanguinaire et une des plus rétrogrades du monde. Ils se disputent le pouvoir comme des chiffonniers sur des questions de détails pour noyer l’essentiel.

Malgré les inégalités sociales abyssales, les capitalistes US ont jusqu’ici réussi à préserver leur pouvoir de toute contestation, fût-elle réformiste de type sociale-démocrate. Les électeurs d’origine populaire n’ont jamais eu à choisir qu’entre deux candidats d’une même classe. Les divisions ethniques et leur corollaire la ségrégation raciale sont un des facteurs et non des moindres de cette situation qui se greffe sur le pouvoir économique et médiatique sans partage de 1% de la population (voir dans le site un article qui fait le rappel de cette plaie purulente entretenue par la classe dominante).
Devant les télés du monde entier, où papote en continu une armada de propagandistes, en grande majorité des universitaires conformistes grassement rétribués, et comme par hasard tous du même bord politique, sous le feu des journaux à grand tirage, propriété des mêmes oligarques, le citoyen non critique est conditionné par le déluge des commentaires et des pseudo-analyses. C’est un déferlement de spécialistes de la politique américaine sortis du chapeau et mis en scène pour expliquer les tenants et les aboutissants de cette élection. A l’échelle internationale, c’est un véritable tintamarre d’affirmations, de méga-mensonges, d’omissions calculées, d’esquives, de contre-vérité, de louange du grand Satan, etc. Chacun répète la même messe, sans fausse note. Pas un mot qui fâche. Il ne faut surtout pas chercher les vraies causes de la crise du capitalisme, des licenciements de masse, des chômeurs, des pauvres, des crève-de-faim, du désastre économique aggravé par la pandémie, du racisme institutionnalisé et de bien d’autres misères, etc. Ce n’est pas dans leur préoccupation première. En fait le peuple américain, et en particulier la classe ouvrière, sont totalement absents de leur préoccupation. La classe ouvrière n’existerait plus. Mais un débat même de pure forme sur cette « classe qui n’existe pas ou plus » est leur hantise à un point tel qu’il ne faut surtout pas y faire allusion.

Tous sans exception, veulent faire passer cette élection comme le modèle-même d’élection la plus démocratique du monde, pour ne rien changer au pouvoir des riches.
Tout travailleur, ou tout citoyen qui désire que les choses changent vraiment et qui est poussé par le besoin de comprendre les réalités profondes du système et de son fonctionnement, trouverait dans cet exemple de campagne électorale d’un pays capitaliste très développé, le type même de la dictature d’une minorité financièrement très puissante sur la quasi-totalité de la population. Mais à la différence de la dictature fasciste à laquelle recourt la bourgeoisie pour écraser la révolte des masses populaires, quand les anciennes formes de domination ne la protègent plus, cette dictature est exercée sous une forme d’apparence moins brutale. C’est une dictature savamment camouflée grâce à un bourrage de crânes favorisé par l’esclavage du plus grand nombre, incapable de trouver le répit nécessaire pour réfléchir hors de cette pression idéologique permanente et omniprésente.

Le Parti Républicain et le Parti Démocrate sont les deux instruments en alternance de la dictature de la bourgeoisie américaine. C’est avec ce système électoral, qu’elle détient les commandes du pouvoir depuis la naissance des États-Unis sans avoir vraiment rencontré de véritable d’opposition depuis l’écrasement à coup de mitrailleuses des révoltes ouvrières au début du 20 ème siècle. Il est vrai que depuis la fin de la 2e guerre mondiale, le dollar devenu une monnaie internationale à procuré des avantages aux USA - paiement des importations à l’aide de la planche à billets - dont la bourgeoisie s’est servie pour corrompre une partie du peuple américain.

Trump et Biden ont allègrement interprété ce jeu de dupes. Le financement de leur campagne électorale par la haute finance n’est pas un cadeau mais un investissement. Les milliards de dollars avancés seront récupérés gracieusement.
Ce qui a changé et pour la première fois, à l’occasion de cette élection, c’est l’intervention des masses populaires. Noirs, blancs, ouvriers, personnes appartenant à d’autres catégories sociales mélangées, tous sont descendus en grand nombre dans la rue. Dans toutes les villes des USA, les assassinats à caractère raciste de citoyens noirs par la police ont eu un effet inattendu. Le Black Live Mater, important mouvement de protestation, est né, il a pris une ampleur inégalée. Il a fait converger, ce qui est nouveau, des courants aussi divers que le mouvement des droits civiques, les féministes ou « altermondialistes » tel qu’ « Occupy Wall Street ». Mais ce n’est pas un simple mouvement anti-raciste. Ces puissantes manifestations ont pris un caractère social et leurs revendications tendent à être de plus en plus claires. Elles réclament un changement radical de politique. Des tendances pour le socialisme se sont exprimées et ont élargi leur influence. Le contenu de leur référence au socialisme n’est pas toujours précisé, il s’est surtout affirmé contre Trump et son soutien affiché au racisme. Déployé en plein mouvement de masse, il n’est pas passé inaperçu. Son onde de choc a été suffisamment ressentie pour que la bourgeoisie voie rouge et commence à s’inquiéter.

La bourgeoisie a toujours eu, aux USA ou ailleurs, deux ou plusieurs fers au feu. Donald Trump s’est appuyé et compte continuer, dans la perspective de l’élection de 2024, à s’appuyer sur les forces les plus rétrogrades et les plus réactionnaires. Il veut renforcer les bases électorales de la bourgeoisie en lui adjoignant, à l’aide de promesses démagogiques, les suffrages des ouvriers touchés de plein fouet par le chômage provoqué par les délocalisations industrielles, en récupérant aussi le vote des racistes de tous bords, des fascistes, et même de la pègre américaine. L’expression publique de sa politique est d’une violence inouïe. Cette politique est l’expression d’une tendance du capital US et pas seulement, comme on se plaît à le dire pour absoudre le capitalisme de ses crimes, des excentricités d’un personnage. Oublier ce choix d’une fraction du grand c’est ne pas comprendre le fait qu’il ait pu obtenir plus de 71 millions de voix, plus que lors de l’élection de 2016. Biden est apparu quant à lui plus mielleux dans ses interventions. C’est une question de tactique. Il s’est employé à amadouer les travailleurs, les pauvres, les indécis et d’autres en leur offrant des cacahuètes pour récupérer leur vote.

Pour le capital financier monopoliste US qui régit toutes les sphères de la vie aux USA, Trump ou Biden au pouvoir, l’essentiel est que leur capital continue à engranger des surprofits comme on n’en avait jamais osé imaginer en période de baisse de la rentabilité globale des capitaux. Ces deux personnages appartiennent au même camp. Il ne faut pas se leurrer, comme Trump, Biden appliquera la même politique dictée par la bourgeoisie : goinfrer de dollars les plus riches, exploiter sans limite les travailleurs, maintenir la domination US sur le reste du monde.

Les deux mandataires du capital monopoliste US ont tout fait pour ne pas aborder la situation catastrophique du pays. Les États-Unis étaient déjà rongés par l’aggravation de la crise du capitalisme qui a commencé bien avant le coronavirus. La Covid-19 n’a fait que révéler et accentuer le désastre économique. Des milliers d’entreprises ont mis la clef sous la porte et des millions d’ouvriers ont été jetés à la rue. D’autres comme les grandes compagnies aériennes américaines ont licencié près de 32000 agents du secteur, Cinéworld, une des plus grandes chaînes de cinéma du monde a licencié 45000 travailleurs et Disney va faire de même en mettant à la porte 28000 salariés, La chaîne de grand magasins JC Penney va fermer près de 149 magasins et licencier près de 15000 employés. Dans l’éducation ce sont 280000 employés qui perdront leur emploi, mais la liste des licenciements est tellement longue … Et en plus, certains patrons d’entreprises veulent baisser de 10% les salaires de leurs employés. Des millions de travailleurs qui ont épuisé la limite des prestations de chômage de l’État de 26 semaines vont se retrouver sans revenu. La faim s’étend, près de 30 à 40 millions de personnes affirment ne pas avoir les moyens de nourrir leur famille correctement. Des millions d’Américains font une chaîne de plus d’un kilomètre à la soupe populaire et près d’un million de repas ont été distribués. 40 à 50 millions d’Américains risquent d’être expulsés de leur logement.

Ce n’est pas tout, la crise sanitaire a provoqué une véritable hécatombe. Au États-Unis où le capitalisme est roi, la protection sociale des citoyens ne couvre qu’une partie des Américains et encore à condition de pouvoir au préalable se payer une assurance privée. Les services publics ne sont pas donnés à tout le monde. Près de 40 à 50 millions d’Américains sont dans ce cas. Tous les hôpitaux et centres de soin sont privés. Pour se soigner il faut payer une fortune. Les morts tombent par milliers dans la rue sans soin en cette période d’épidémie. Les travailleurs précaires, les pauvres, les laissés pour compte, les SDF, tous ces gens là, près de 50 millions d’Américains sont placés en état de non assistance à personne en danger. C’est le peuple américain qui est pris en otage par les dirigeants représentant les super riches du pays. Cette situation mortuaire n’a pas dérangé outre mesure le président des États-Unis. Il n’a pas prévu de stratégie de défense contre le coronavirus et détient avec plus de 280 000 à 300 000 morts, un triste record. Et ce n’est pas fini, la pandémie continue à faire des ravages, près de 2800 morts pas jour.

Pour Donald Trump, le super milliardaire, l’essentiel, c’était de protéger les riches. Les pauvres, ils n’avaient qu’à s’en prendre à eux-mêmes. Donald Trump élu grâce au soutien d’une partie des capitalistes indépendamment de leur affiliation au Parti Républicain et au Parti Démocrate, a distribué pendant tout son règne des milliards de dollars aux multinationales. Biden ne dérogera pas à cette règle non écrite mais si visible pour celui qui sait voir les réalités masquées sous le voile des discours à la gloire de la liberté d’expression et du libre suffrage universel.

Pour Donald Trump, la pandémie n’a pas été son problème, malgré un effondrement économique sans précédent, d’un chômage de masse et l’aggravation de l’appauvrissement des masses populaires et en particulier des travailleurs, la bourse est en plein essor et les plus riches des riches sont plus riches que jamais. C’est la loi de la sélection naturelle darwinienne appliquée à la société. Les idéologues du capitalisme, de tout poil, font passer pour une prétendue tendance de la nature une loi bien économique celle-là, inhérente au mode de production capitaliste, celle de la concentration du capital et de la production, de la prolétarisation encore plus poussée au bénéfice d’une minorité toujours plus réduite. Une tendance objective élucidée par Marx, confirmée par l’évolution du capitalisme, qui conduit, ainsi que Lénine l’a démontrée, à l’impérialisme, stade ultime du capitalisme et anti-chambre du socialisme ( voir plus loin les lignes consacrées au scandaleux enrichissement d’une poignée d’oligarques).

Les lois de relance signées par Donald Trump et approuvées par les démocrates ont déjà donné des milliers de milliards de dollars aux grandes entreprises et des dizaines de milliards de dollars en réduction d’impôt aux étasuniens les plus riches.

Voilà ce que, en pleine pandémie, les dirigeants des grands pays capitalistes, se permettent d’offrir à leurs mandants. Donald Trump n’en a été que l’exécutant. Biden reprendra le témoin même si le milliardaire expulsé du terrain de jeu rompt avec la tradition en boudant les passations. Il aura accompli sa mission. Son successeur, comme tout dirigeant bourgeois ou social-démocrate (gauche socialiste) dans le monde des capitalistes se fera un devoir de parfaire les « acquis » des oligarques en allant encore plus loin dans son offensive contre la classe ouvrière et les travailleurs.

Joe Biden est-il différent de Donald Trump ? C’est aussi un milliardaire même si on ne connaît pas exactement le montant de sa fortune personnelle. C’est aussi sans équivoque, le représentant des ultra-riches. Joe Biden est un filou de la politique américaine de la même espèce que ces prédécesseurs, démocrates ou républicains. Depuis plus de 30 ans il est dans les rouages de l ‘administration étasunienne à plein temps. Il est à l’aise. L’eau trouble, est son élément favori. Il a soutenu l’intervention en Irak, il considère que la Russie est la plus grande menace pour l’Amérique, il appuie le sionisme et le transfert de l’ambassade étasunienne de Tel-Aviv à Jérusalem. Il a occupé le poste de vice-président sous la présidence de Barak Obama et bien d’autres fonctions de haut fonctionnaire. Ce n’est donc pas un inconnu, le pouvoir est son domaine.
Avec Joe Biden, la politique américaine ne changera pas d’un iota, bien au contraire, les contradictions entre puissances impérialistes vont s’accentuer et en particulier avec la Russie et la Chine et d’autre part au Moyen Orient, les Américains vont continuer la déstabilisation des pays et relancer le plan du « Grand Moyen Orient ». Trump avait eu tendance à donner la priorité au renforcement interne des capitalistes US, à sa guerre économique contre la Chine, à l’affaiblissement de l’Iran corrélativement au renforcement d’Israël, avant de repartir à l’attaque à une échelle plus grande.

La Syrie sera de nouveau dans le collimateur des USA dont les troupes occupent toujours une partie du territoire syrien et en particulier des champs pétroliers avec la complicité de ses collaborateurs kurdes. Ils se comportent comme des brigands, ils volent le pétrole syrien. Ils soutiennent également la Turquie dans la région Idleb, où stationnent quelque 20 à 30000 mille d’intégristes armés jusqu’aux dents, jouissant de la protection des puissances impérialistes qui, à chaque fois que l’armée syrienne aidée par la Russie se prépare à les éliminer, se mettent à hurler à la « catastrophe humanitaire ».

Pour les Palestiniens il n’y a rien à attendre du remplaçant de Trump.
Cuba, Venezuela, Libye, Iran, Irak, Yémen, et la liste est longue, n’échapperont pas à la stratégie du bulldozer de l’impérialisme US. L’Algérie n’a aucune illusion à se faire sur les non-dits du nouveau président.

S’agissant du peuple américain et en particulier des travailleurs, Ils ne doivent pas s’attendre à une amélioration de leurs conditions de vie. La politique de Trump va continuer. Joe Biden va arroser les entreprises de milliards de dollars et favoriser les riches. Ce sera la même politique depuis des décennies, y compris sous l’ancienne présidence de Barak Obama, pourtant un Démocrate, mais un grand démagogue.
Alors pour le peuple américain, Donald Trump ou Joe Biden, c’est Hadj Moussa où Moussa l’Hadj (bonnet blanc, blanc bonnet).
Les travailleurs américains n’ont rien à espérer de Biden. Celui-ci va se prévaloir de son succès électoral face à Trump le raciste, le « mauvais perdants » pour soutenir les attaques des capitalistes contre leurs intérêts.

Pas d’autre issue pour les exploités américains que la lutte organisée pour un changement radical de régime, pour l’avènement d’une société socialiste. Il y va non seulement de leurs conditions de vie, mais aussi de la paix dans le monde dangereusement menacée par les plans de guerre que l’impérialisme US soutenu servilement par l’Union Européenne, prépare contre la Russie et la Chine. Plans qui risquent malheureusement de rencontrer une faible résistance, au moins pendant un premier temps, Biden étant faussement présenté comme l’exact opposé de Trump.

L.S.