Et maintenant, ne pourrait-on rien faire pour la Syrie ?

lundi 16 mars 2015

Voilà quatre années que dure l’immense incendie provoqué en Syrie et aucune solution n’a été envisagée par ceux qui l’ont déclenché, les pyromanes ès spécialité n’ont jusque-là pas encore réagi pour proposer des solutions, sauf qu’ils se partagent le nombre de réfugiés syriens, comme si cela était la seule chose à faire pour arrêter la guerre qui ronge ce pays.

Sous le prétexte que les Kurdes sont exterminés ou du moins vivent mal sous la botte des Assad, comme si les autres peuples européens vivaient mieux, des manifestations ont été déclenchées, de petites manifestations qui ont grandi au fur et à mesure que les Américains, les Français, les Occidentaux d’une manière générale, les soutenaient et où ils ont même fait participer des diplomates afin de dire à ces gens-là, aux manifestants, que nous vous soutenons pour faire tomber le régime syrien. De fil en aiguille, et plus les préparatifs du complot avançaient et plus que l’Occident s’impliquait jusqu’au jour où les armes ont fait leur apparition, où les anti-régime syrien, l’opposition qui se terrait à Paris et Londres, et dans d’autres capitales, « prennent » les choses en main, façon de parler parce que ceux qui détiennent les clés de la chose, sont tout autres que des Syriens, des agents bien entraînés au renseignement, à la guerre et aux coups bas et également aux feintes et dribbles que concoctent des politiques dans des laboratoires qui ont fait leurs preuves.
La Turquie a été utilisée pour jouer un rôle des plus destructifs, en soutenant la rébellion armée, en jouant le jeu des comploteurs comme un chargé de mission, en encourageant l’installation de camps de réfugiés pour dire à la face du monde qu’il y a quelque chose de grave qui se passe chez ses voisins. Incroyable mais vrai, le mal est venu du voisin immédiat et de pays frères, arabes par-dessus le marché, qui ont financé la rébellion, qui l’ont armée et qui ont même opéré des recrutements de mercenaires musulmans, notamment des pays de l’ex-URSS.

Et la situation commençait à s’empirer de plus en plus au point où une armée s’est constituée qui a été dénommée « djeich ennosra », qui a utilisé un ancien emblème de la Syrie, mais aussi l’emblème de la sinistre nébuleuse islamiste, El-Qaïda.

Au fil des semaines et des mois, la Syrie s’est retrouvée totalement agressée et obligée de se défendre, son armée nationale étant en situation de légitime défense, s’est déployée dans les zones où se déroulaient les combats imposés par les ennemis de la Syrie et de la nation arabe, entrée et entraînée de force dans un tunnel sans fin par la force des choses. Normal, un pays agressé doit se défendre de n’importe quelle façon car sa stabilité est en jeu, et même son indépendance est menacée, car connaissant son ennemi et ses objectifs qui vont au-delà du départ des hommes du régime syrien et de son président, mais qui veulent mettre à genoux ce pays qui n’a pas baissé les bras face à son voisin Israël, qui occupe déjà depuis des années une partie de son territoire et que l’Occident protège et veut que son protégé ne soit pas sous la menace de la Syrie qu’on veut affaiblir au maximum et qu’on veut davantage faible afin qu’elle signe des accords sous la contrainte et soit sous la botte des sionistes qui veulent asservir et gérer le Proche et Moyen-Orient.

La guerre a dépassé sa quatrième année et les choses n’ont pas changé en dépit des pressions du monde occidental et des puissances européenne et américaine qui utilisent l’ONU pour affaiblir la Syrie, l’accuser de détenir des produits prohibés, démanteler et gérer son arsenal, et faire de son peuple un peuple de réfugiés comme l’est son voisin palestinien.

Au cours de ces quatre années, le président élu par son peuple est toujours là, le régime syrien n’a pas été ébranlé, n’a pas changé et n’a pas bougé d’un iota alors que son opposition a connu des péripéties catastrophiques et des déchirements, ainsi que des luttes de leadership au moment où la Syrie est le plus grand perdant, des villes et des infrastructures de base ont été détruites, un patrimoine historique et culturel a été sérieusement touché par les destructions dus aux tirs et aux explosions que cette guerre a induits.

Et le plus beau, non le plus moche, c’est que ces forces venues on ne sait d’où, censées mener une guerre contre le régime syrien pour prendre ou remettre le pouvoir dans un pays qu’ils ont mis en ruine, se sont muées en tueurs ès spécialité en créant un groupuscule dénommé Daesh et qui a autorité sur l’Irak et le Sham (la Syrie) et qui recrute de partout, de toutes les capitales européennes et d’Amérique et aussi de l’Asie et du monde arabe et musulman.

Après une guerre âpre menée en Syrie, et après avoir été aculé par l’armée arabe syrienne (l’armée nationale régulière qui défend le peuple et bien sûr le régime), Daesh et en dépit des armes et des soutiens directs et indirects jette son dévolu sur l’Irak voisin car complètement désarticulé par l’invasion et l’occupation américaine (déguisée) qui dure depuis plus de dix ans. Cependant, on pourrait affirmer que Daesh a presque réalisé son objectif, soit celui d’avoir (en partie) détruit la Syrie, a tout cassé chez le citoyen syrien, mais n’a pu atteindre le régime comme l’ont souhaité les initiateurs de cette guerre qui aurait profité à l’Occident pour sa reconstruction ou sa ruine comme nous le constatons en Libye, mais aussi pour changer de politique à la Syrie et peut-être lui faire signer un pacte de non-agression avec Israël, ce qui est utopique car l’exemple égyptien est là, et rien n’a été fait, ni réalisé ni concrétisé depuis que Sadate a signé des accords avec l’Etat raciste et sioniste.

Et demain sera fait de quoi en Syrie, chaque jour, il y a des morts, des bombardements, des destructions, des réfugiés, des déplacés, des traîtrises, des négociations, des pourparlers, mais rien ne sera comme hier dans ce pays ravagé par la guerre que lui mène l’Occident avec la complicité de pays soi-disant frères et de pays arabes. Depuis un certain temps, les choses semblent changer puisque les terroristes de Daesh sont bombardés par ceux qui les ont vu naître ou qui les ont poussés à naître. La Syrie a connu un certain répit et l’armée régulière a fait des avancées dans sa lutte contre les ennemis, mais le malheur, c’est qu’à chaque fois, l’opposition syrienne se réveille et tire une carte de sa poche pour bloquer le régime.

La dernière trouvaille a été celle de l’utilisation du chlore alors que tout le monde sait que ceci n’est qu’un nouveau subterfuge pour acculer la Syrie qui se bat, la Syrie qui veut la paix avec elle-même, celle qui veut vivre sans contraintes, un pays qui se suffisait, qui avait ses propres problèmes, qui avait ses propres solutions, qui vivait normalement. La Syrie attend qu’on lève la main sur elle, qu’on lui permette de vaincre le terrorisme et de se reconstruire avec toutes ses différences, et c’est ce que souhaitent tous les Syriens qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur, comme c’est le cas de ces déplacés et des réfugiés qui ne savent pas à quel saint se vouer. Demain serait meilleur mais difficile, qu’on laisse ce pays régler ses propres problèmes seul, sans ingérences étrangères et sans pressions de toutes parts.

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par Bachir Ben Nadji

in Quotidien d’Oran

16.03.15