Gérald Marvy, combattant de la Guerre la libération nationale, s’en est allé

mardi 19 juin 2018
par  Alger republicain

PARIS- Le combattant de la Guerre de libération nationale Gérald Marvy est décédé mardi dernier à Lyon à l’âge de 80 ans suite à une longue maladie, a-t-on appris dimanche de ses proches.

La cérémonie funéraire a été organisée vendredi en présence des membres de sa famille, de ses amis et des militants associatifs et politiques, a-t-on indiqué de même source, précisant qu’un vibrant hommage lui a été rendu retraçant ses qualités humaines et son parcours de combattant.

Natif de la Casbah d’Alger, Gérald Marvy s’engage, après le déclenchement de la Guerre de libération, rapidement avec trois de ses amis d’enfance, au sein du Front de libération nationale (FLN), alors qu’il n’avait encore que 16 ans. 
Tout en étant militant pour la cause algérienne, il suit des études à Paris et à Strasbourg et est chargé de plusieurs missions, dont notamment le transport de fonds.

Mobilisé par l’armée française et envoyé en Algérie, Gérald est démasqué. Il a été torturé et emprisonné à Serkadji, puis dans le sud algérien.

A l’indépendance de l’Algérie, Gérald Marvy prend la nationalité algérienne et prend part à l’édification du pays. Il a participé notamment à la création d’un orphelinat pour les enfants des martyrs, à divers chantiers de travail volontaire pour devenir par la suite enseignant dans un centre de formation pour les jeunes en Kabylie. 
Il quitte l’Algérie à la fin des années 1970 pour s’installer à Lyon.

Un de ses proches a indiqué que « profondément attaché à l’Algérie, qu’il évoquait régulièrement, Gérald avait toujours le désir de visiter son pays natal. Mais le contexte, la maladie et l’âge l’avaient empêché », indiquant qu’il était « un homme exceptionnel, d’une trempe rare. Il alphabétisait des personnes dans des prisons et des lieux improbables ».
Gérald Marvy a été également l’un des premiers fondateurs à Lyon d’un groupe de solidarité avec la Palestine. Antisioniste, il a participé à la campagne Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) lancée pour inciter les citoyens au niveau mondial à ne pas acheter les produits israéliens.

Un autre militant pour l’indépendance de l’Algérie, Emile Schekroun, est mort au début du mois de juin à l’âge de 88 ans.*
De confession juive, Emile Schekroun était membre du Parti communiste algérien (PCA), il participe, après le déclenchement de la guerre de libération, à l’organisation des premiers groupes armés du PCA d’Oran, les Combattants de la libération (CDL). 
Il fut arrêté par la police en 1956, accusé de la distribution des armes détournées par Henri Maillot. Il a été torturé et écroué puis condamné à la prison pour n’être libéré qu’en 1962.

A l’indépendance, cet urbaniste, ami du célèbre brésilien Oscar Niemeyer, a obtenu comme de nombreux militants européens et juifs la nationalité algérienne.

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Note de la rédaction d’Alger républicain : « une des figures françaises qui a lutté pour l’indépendance de l’Algérie » , c’est ainsi que l’APS avait cru bon de dépeindre Schekroun comme elle l’avait fait avant avec de nombreux autres combattants d’origine européenne dont la qualité d’Algérien est ainsi indirectement niée. Une négation qui s’explique probablement par l’influence de l’islamisme inoculé à la jeunesse algérienne depuis l’école et les mosquées contrôlées par les tenants d’une vision rétrograde de la lutte de libération nationale. En vertu de cette conception, l’Algérie ne peut être peuplée que de musulmans et n’a pu être libérée du colonialisme que par des musulmans dont l’idéal se définit par la création d’une nation et d’un Etat sur les bases exclusives de l’Islam. En conséquence, toute personne de confession différente qui aura participé à sa libération n’a pu le faire qu’en tant qu’ « ami ». Voilà le credo enseigné à des millions d’élèves depuis l’indépendance, à supposer que le martyre d’Algériens d’origine européenne ou juive de vieille racines ait pu être évoqué sur les bancs des écoles et des lycées. N’a-t-pas entendu il y a quelques années une femme « moderne » affirmer, sans craindre le ridicule, sur la tombe d’Iveton qu’il s’était converti à l’Islam avant d’être guillotiné !?

Que l’APS semble abandonner le qualificatif réducteur d’ « une des figures françaises qui a lutté pour l’indépendance de l’Algérie » dans l’hommage rendu à Gérald Marvy est une évolution à saluer.

Il faut y voir l’effet des protestations déclenchées par l’article précité de l’APS. Exprimant l’indignation de nombreux citoyens, l’historien Daho Djerbal a mis les points sur les « i » en évoquant la mémoire de Schekroun dans une mise au point adressée à Liberté qui avait repris telle quelle la dépêche de l’APS. En ce qui concerne Schekroun et ses camarades du même bord idéologique, son « algérianité » découle de ses convictions communistes qui l’avaient préparé à faire le don de sa vie pour la libération nationale de l’Algérie comme première étape de la lutte pour le socialisme. Et l’algérianité mise à l’épreuve dans le feu du sacrifice suprême n’a aucun rapport avec l’algérianité de sang qui fait que les descendants du bachagha Boualem ou du non moins sinistre Bengan, proclamé par les colonialistes Roi des Arabes à Biskra, ou encore des membres de la 5 ème colonne de l’impérialisme à l’œuvre aujourd’hui, peuvent y prétendre sans avoir aucun mérite particulier. Si ce n’est que le sang qui coule dans leurs veines n’a pas la même composition religieuse que celui de Maillot, de Schekroun, de Marvy, etc. Le leur a été hérité d’un ascendant de confession musulmane.

APS
18 juin 2018