Grande manifestation pour la démocratie à Bahreïn

mardi 13 mars 2012

Bahreïn a été le théâtre, vendredi, d’une grande manifestation pour la démocratie, la plus importante selon des témoins depuis le début du mouvement en faveur de réformes politiques il y a un an.

A l’appel du cheikh Issa Kassim, un dignitaire religieux chiite, des dizaines de milliers de personnes ont défilé sur le principal axe routier menant à Manama, la capitale de ce royaume majoritairement peuplé de chiites mais gouverné par une dynastie sunnite proche du voisin saoudien.

Selon un site internet relayant en direct les images du défilé, des protestataires arboraient des banderoles dénonçant la « dictature » et réclamant la libération des personnes détenues.

« Nous sommes ici pour défendre nos justes revendications sur lesquelles nous ne pouvons pas transiger et pour lesquelles nous sommes prêts à nous sacrifier », a lancé le cheikh avant la marche lors de son prêche hebdomadaire dans la localité chiite de Diraz.

« Il s’agit de la plus grande manifestation de l’année qui vient de s’écouler. Je dirais qu’il pourrait y avoir plus de 100.000 personnes », a estimé un photographe de Reuters.

Selon des militants, des policiers en tenue antiémeute ont bloqué la route menant à la capitale et fait usage de grenades lacrymogènes. Le ministère de l’Intérieur a affirmé que des manifestants avaient lancé des pierres sur les forces de l’ordre.
Les heurts ont duré plus d’une heure. Des opposants ont également fait état d’affrontements dans le quartier de Makharka et dans le village d’Eker, au sud-est de Manama.

Mais le gros du défilé s’est dispersé dans le calme et les dizaines de milliers de manifestants sont rentrés chez eux.

Le gouvernement bahreïni, invité par ses alliés occidentaux à « lâcher du lest » en autorisant des manifestations pacifiques, a donné son accord à plus de protestations de l’opposition ces derniers mois.

Vendredi, le palais s’est ainsi réjoui de l’existence d’une petite manifestation réunissant quelques centaines de partisans du gouvernement, signe, selon lui, de maturité politique et « modèle de comportement démocratique ».
La famille régnante bahreïnie a écrasé les premières manifestations prodémocratiques de février 2011 en faisant appel à des contingents saoudien et émirati. Le gouvernement a également accusé l’Iran chiite, grand rival de l’Arabie saoudite dans le Golfe, de fomenter l’agitation.

Bahreïn abrite le port d’attache de la Ve flotte américaine du Golfe.