Intervention de Georges Mavrikos, secrétaire général de la FSM lors de la Rencontre syndicale internationale de la FNIC-CGT (pétrochimie) en France

dimanche 28 juin 2015

Chers amis et camarades,

Je vous salue avec plaisir à la réunion internationale, organisée par la FNIC en partenariat avec la FSM. C’est la première grande initiative hébergée par la FNIC, depuis qu’elle a intégré la grande famille de classe de la FSM. Il est clair que la réunion a un grand succès.
L’intérêt pour la participation était particulièrement élevé et on vous prie de votre compréhension parce qu’à partir d’un moment on était obligés de réduire les participations.
FNIC est une grande organisation avec une action importante pour la défense des droits des travailleurs sur l’industrie chimique et sur tous les lieux de travail de ce secteur en France, laquelle est d’ailleurs un pays avec une position très importante sur la pyramide impérialiste.
Chers camarades de la FNIC, on vous souhaite encore une fois depuis cette tribune, avec une grande fierté, la bienvenue à la famille de la FSM. Votre intégration aux lignes de la FSM renforce encore le rôle du mouvement syndical de classe en Europe. En Europe, la FSM augmente stablement sa force, organise des nouveaux membres avec un caractère combatif et elle a une présence sensible et une parole forte sur tous les sujets intéressant les travailleurs.

En même temps, votre intégration à la FSM donne de la force, de l’espoir et de la perspective à la classe ouvrière de la France, qui renforce son rôle dans le mouvement syndical international. Elle donne également une nouvelle possibilité de renforcer le syndicalisme de combat en Europe et de se battre contre le réformisme syndical en France, en Europe et dans le monde.

D’ailleurs, cette année pendant laquelle on commémore le 70e anniversaire de la FSM, le meilleur endroit pour rappeler les liens forts de la FSM avec les travailleurs de la France, qui ont mené, lors des décennies précédentes des luttes importantes à portée mondiale pour les acquis des travailleurs, tel qu’on le sait aujourd’hui, c’est Paris que la FSM a été créée le 3 octobre 1945.

Alors que le réformisme et l’eurocommunisme, sur le niveau des chefs syndicales a essayé de mettre des obstacles impensables entre la FSM et les syndicats français, il est évident qu’ils ont échoué. Le besoin pour une lutte commune à caractéristiques internationalistes de classe et de combat contre les monopoles et l’impérialisme, nous a inévitablement amené plus proche.

Le sujet dont nous parlons aujourd’hui est d’une importance particulière. L’industrie de la pétrochimie est une industrie relativement nouvelle, qui a évolué notamment après la 2nde guerre mondiale. Les évolutions de celle-ci concernent la vie de l’ensemble de la population. A partir du fuel et du gaz naturel, les produits pétrochimiques sont indispensables pour un grand ensemble de produits, de l’appareil électrique de la maison jusqu’aux médicaments, la technologie, la construction de bâtiments, l’habillement, l’élastique, le caoutchouc.

En tant que FSM, nous voulons souligner trois problèmes principaux concernant ce sujet complexe de l’économie du pétrole, du gaz naturel et des produits pétrochimiques. Sur ces problèmes, nous attendons avec un grand intérêt, d’écouter les positions, l’expérience, les questionnements de toutes les délégations. Nous voulons donc nous concentrer sur :

Premièrement, le sujet de la concurrence entre les centres impérialistes pour le plus grand contrôle des ressources naturelles pour le compte des grands groupes de monopoles de chaque pays. Cette concurrence est cruelle et barbare et elle ne s’arrête pas alors que leur domination entraîne des massacres de peuples, des guerres civiles, sous le prétexte de différences raciales, religieuses et nationalistes. Dans ce contexte, on voit l’incitation, le financement et l’entraînement de groupes terroristes, la dégradation et la dépendance des économies des pays qui ont des ressources importantes. C’est le cas de l’ouverture ensanglantée des routes d’énergie en Ukraine, en Libye, au Mali, en Syrie. C’est aussi le cas des concurrences pour les conducteurs d’énergie et de l’invention des nouveaux gisements.
Les guerres civiles, locales et régionales deviennent plus fortes et constituent un grand danger pour les peuples.

Le mouvement syndical de classe et la FSM, en poursuivant sa solidarité internationaliste, se donne toujours la tâche de révéler les véritables raisons des guerres et des conflits, d’avoir des positions anti-impérialistes claires et d’exprimer pratiquement sa solidarité internationaliste avec l’objectif de mettre fin à tout cela.

En même temps, la FSM pense que les ressources naturelles doivent être propriété des peuples et non pas de multinationales.

Deuxièmement, il y a un jeu compliqué sur le prix des produits pétrochimiques. Il s’agit d’un échiquier qui concerne, à un degré élevé, la qualité de vie des travailleurs partout dans le monde. Les prix ne sont pas du tout déterminés, avec le critère de la satisfaction des besoins de la population et de l’amélioration des conditions de vie. Ils ne sont pas au bout du compte déterminés en fonction seulement du jeu de l’offre et de la demande mais d’un ensemble de facteurs relatifs aux concurrences, l’embargo et les exclusions qui imposent les mécanismes impérialistes. L’Iran, la réduction contrôlée de la production imposée pour manipuler les prix contre le Venezuela et la Russie sont des exemples caractéristiques.

La position de la FSM, telle que nous l’avons exprimée récemment à une réunion internationale de la FSM, au sein des bureaux centraux de l’UE et aux Nations-Unies et dans le cadre de la 104e réunion internationale de l’ILO, c’est que l’embargo, les sanctions et les exclusions, comme ceux contre le Cuba, le Venezuela, la Russie, l’Iran et la Syrie, sont d’emblée dirigés contre la vie des travailleurs et des couches populaires et doivent être supprimés.

Nous sommes contre l’embargo, les discriminations et les exclusions.

Troisièmement, la FSM s’intéresse notamment comment ces évolutions ont un impact sur les travailleurs dans les secteurs de l’énergie et de la pétrochimie. Dans cette réunion, hébergée dans les meilleures conditions par la FNIC-CGT, des représentants de travailleurs de … différents pays de tous les continents, nous allons discuter tous ensemble, nous allons échanger notre expérience, et nous allons organiser la coordination et notre action commune.

Des évolutions, telles que déterminées par les résultats de la crise capitaliste mondiale, l’augmentation de la pauvreté et la dégradation des conditions de vie des travailleurs, à cause des mesures réactionnaires des gouvernements, de l’UE et du FMI ne peuvent pas rester en dehors de notre discussion. Cette situation a, par exemple, diminué la demande de produits et d’énergie à cause de réductions drastiques au budget familial. L’exploitation des gisements d’ardoise aux États-Unis a produit la fermeture de raffineries en France, un évènement qui a envoyé au chômage des milliers de travailleurs.

Des milliers de travailleurs sont chaque année des victimes d’accidents de travail, qui sont très souvent fatals, dans le secteur de l’industrie pétrolière et de raffinerie. Ceci fait de ce travail, l’un des plus dangereux. Dans mon pays, la Grèce, nous avons eu très récemment à l’entreprise Pétroles grecs (ELPE) un des plus terribles accidents, en raison de l’absence de mesures de sécurité. 4 travailleurs ont perdu leur vie. Presque en même temps, au Sud du Mexique, à Bay de Campeche, il y a eu un accident dans une industrie pétrolière, qui a coûté la vie à 2 travailleurs. Les politiques des entreprises pétrolières, l’absence de mesures protectrices frappent les travailleurs partout dans le monde.

En même temps, les industries chimiques sont connues parce que les travailleurs, même les travailleurs précaires, souffrent de maladies au travail, comme l’asthme, des différents types de cancer, ou d’autres maladies, à cause des conditions de travail dans ces industries-là. La plupart de ces maladies et de ces problèmes de santé auraient pu être prévenus, si les mesures nécessaires à la protection de la santé avaient été prises.

S’agissant des industries du caoutchouc, nous devons souligner, à part les maladies au travail, qui sont bien connues, les politiques barbares et inhumaines des grandes entreprises multinationales. Vu que le caoutchouc vient de plantations en Afrique, en Asie, en Amérique latine, les multinationales ont un passé très chargé sur l’esclavage, l’exploitation, la provocation de guerres civiles et sur d’autres crimes incroyables contre les peuples de ces régions. Jusqu’à nos jours, les multinationales du caoutchouc essaient de contrôler les gouvernements de pays, elles essaient d’être un vrai État au sein de l’État, jusqu’à ce que même le travail enfantin leur soit permis.

Le rapport du magasin américain FirstWordPharma est caractéristique, puisqu’il mentionne que, entre 2008 et 2013, les 11 plus grandes entreprises pharmaceutiques ont réalisé 143.000 licenciements. Parmi celles-ci, on peut retrouver Astra, avec 27.733 licenciements, Merck, avec 46.140 licenciements, Pfizer, avec 16.517 licenciements et Glaxo avec 9.000 licenciements.

Autrement dit, au 21e siècle, les profits du capital sont énormes et les ouvriers n’ont pas de travail. Au 21e siècle, les matières premières sont abondantes et les ouvriers vivent dans le froid et la famine. Au 21e siècle, les peuples n’ont rien l’un contre l’autre, mais des nouvelles guerres éclatent. La FSM et le mouvement syndical de classe sont contre ce paroxysme, qui s’explique néanmoins très naturellement par les lois de l’économie capitaliste. La FSM et le mouvement syndical de classe adressent à toutes les forces syndicales un très grand appel de combat anti-impérialiste et internationaliste commun, indépendamment de différences idéologiques, religieuses et raciales, pour la protection et la revendication de droits pour les travailleurs.

DE QUEL SYNDICAT ET DE QUELS LEADERS SYNDICALES LE MOUVEMENT SYNDICAL A-T-IL BESOIN AUJOURDHUI ?

Dans ce cadre et ces conditions très compliquées la question de syndicats et de quels leaders syndicaux la classe ouvrière a besoin aujourd’hui, demeure une question fondamentale d’actualité.

On voit des syndicats sur les niveaux national, sectoriel et international, qui sont compromis et bureaucratiques, qui sont des collaborateurs des gouvernements et des multinationales, du FMI et des impérialistes.

On voit par exemple que l’ITUC soutient les guerres impérialistes en Irak, en Libye, en Syrie, au Liban. Elle soutient la politique des gouvernements d’Israël contre le peuple héroïque de Palestine et les diffamations impérialistes contre le Venezuela. Quel genre de syndicat peut être un syndicat, lorsqu’il collabore avec l’OTAN et lorsqu’il soutient les interventions impérialistes ?
On voit que des syndicats sectoriels sont loin de la base, loin des gens simples et qu’ils ne respectent pas la collectivité et les procédures démocratiques.

On voit des syndicalistes bureaucrates, carriéristes et corrompus, qui vivent comme des capitalistes, au détriment des travailleurs.

Tous ces phénomènes négatifs poussent les travailleurs simples et honnêtes loin des syndicats. Tous ces phénomènes négatifs n’aident pas les syndicats à avoir des contacts avec la nouvelle génération, les chômeurs, les réfugiés politiques, les immigrés.
Nous avons la tâche très importante de résister contre ces phénomènes. Nous devons nous battre contre la corruption, la collaboration de classe, le réformisme et le désarmement des syndicats.

En tant que FSM, nous vous appelons à faire ensemble la guerre contre le réformisme, à unir les travailleurs sur la base de leurs intérêts de classe, à réorganiser le mouvement syndical de lutte. Nous devons unir les travailleurs, les jeunes, les femmes travailleuses, les immigrés et les réfugiés dans le combat commun pour l’amélioration de nos droits de travail, de nos droits salariaux et de nos droits à la Sécurité sociale. Nous devons unir les gens simples contre la barbarie capitaliste.

En tant que FSM nous nous battons contre la privatisation des secteurs stratégiques de l’économie de chaque pays, pour un système et un réseau public de production et de distribution d’énergie, pour des services pas chers et accessibles pour toute la population, pour des règles réduisant l’utilisation de substances chimiques dangereuses et carcinogènes. En même temps, nous nous battons pour le respect des négociations collectives et des droits sociaux et de travail des travailleurs du secteur. Nous luttons contre la désorganisation des conditions de travail, le travail en intérim, l’augmentation de l’âge limite pour la retraite, l’intensification des rythmes de travail. Nous nous battons pour avoir des mesures modernes d’hygiène et de sécurité sur les lieux de travail.

Il faut renforcer la solidarité internationaliste, la coordination, la pression que le mouvement syndical peut exercer aux monopoles sur des questions concernant les besoins modernes des travailleurs. il faut renforcer la coalition avec les autres couches populaires qui sont victimes de la même politique, avec les pauvres paysans, avec les travailleurs indépendants, en vue d’ouvrir le chemin pour l’accumulation de forces qui vont imposer un monde sans exploitation capitaliste et sans barbarie impérialiste, qui vont mettre en place une société qui pourra donner des solutions substantielles et de long terme à tous ces problèmes complexes et cruciaux.

Nous continuons donc notre combat à partir de meilleurs positions, grâce à notre expérience accumulée après 70 ans d’histoire. Avec plus d’internationalisme, plus de grands combats, plus de détermination.

Chers camarades, nous rendons hommage aux luttes du passé en organisant des luttes plus fortes pour l’avenir, en vue de donner aux générations à venir un mouvement syndical moderne, démocratique, internationaliste et de classe.

Je vous remercie

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25 juin 2015