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Le 1er Mai et d’innombrables déclarations trompeuses, ampoulées et inutiles

mercredi 4 mai 2016, par Alger républicain

Comme dans la nature, il semble qu’il y ait en ce début de mai naissance d’une saison nouvelle, "la saison des déclarations" tant celles-ci, peu assourdissantes en vérité, sont nombreuses, un peu comme l’invasion massive d’un insecte, prétendu jusqu-là inconnu. Chacun y va de sa multitude de mots à l’occasion du 1er Mai. Cela n’est pas nouveau, ça ne vient pas de sortir, comme l’affirment, à les entendre, les chefs de différents partis, le patron de l’UGTA et même président de notre Etat. Peut-être la forme change-t-elle, pas toujours ! mais le contenu reste inchangé. C’est parfois dit autrement tout simplement. La plus haute autorité du pays donc vient de s’exprimer à son tour dans un message, rédigé par lui ou un autre, peu importe, et lu par Zerhouni son conseiller. Il dit en substance : « La Fête du travail, cette année, est synonyme, pour les forces vives du pays, d’un départ pour faire face à l’impact néfaste de la crise économique mondiale ».

Quelles sont ces forces vives de la nation, les bourgeois qui s’en mettent plein les poches sans se retrousser leurs manches ou les travailleurs ? Nos lecteurs ne seront pas étonnés de cette déclaration, ils en ont entendu bien d’autres. Selon les bourgeois et leurs représentants la crise que traverse l’Algérie serait totalement imputable à la crise économique mondiale (du capitalisme). Cette interprétation exclue toutes les responsabilités du pouvoir capitaliste puisqu’il ne serait pour rien dans les conséquences qu’il entraîne pour les masses laborieuses.

Peut-on être plus cynique ?

Ce genre de pirouette est devenu commun dans notre pays, se libérer de toute implication dans la faillite de l’économie nationale. Faillite, oui mais pas pour les immensément riches qui continuent de s’enrichir. Leurs arguments permettent de mettre la crise sur le compte des autres et au bout du compte d’en faire payer les travailleurs

N’était-il pas possible de d’anticiper cette crise, de faire une autre politique, une politique qui aurait permis d’investir dans des usines de production de caractère national ? Ce n’est pas la voie qu’a choisi la bourgeoisie algérienne au pouvoir qui a autorisé par sa politique l’investissement dans l’import d’énormes sommes de devises qui ont favorisé le développement d’une économie compradore qui profite à une poignée d’individus sans scrupules aucun. De fait, leur patrie est leurs poches !

Dans sa déclaration le Président évoque le développement des infrastructures du pays, notamment les efforts déployés dans la construction de logements. Ceux-ci sont-ils suffisants ? Tous les jours dans toutes les wilayas éclatent la colère des sans logements ou des mal logés. Dans tous les régimes capitalistes des "efforts" ont été consacrés dans ce secteur d’abord parce que ces constructions rapportent gros aux grandes entreprises du bâtiment, à leurs sous-traitants et aux promoteurs. On ne peut le nier, d’autres infrastructures ont été exécutées. Mais y avait-il toujours urgence, par exemple en matière d’autoroutes, souvent inachevées et sur lesquelles sont relevés de nombreux vices de construction. Ou encore le gaspillage de devises consacrées à l’importation de véhicules de luxe que les travailleurs ne rêvent même pas de posséder ?

Nous ne pouvons, au risque de nous répéter dans ces lignes, nous étendre plus longuement sur ces questions que les masses laborieuses connaissent bien déjà. Ajoutons cependant encore un mot : après d’autres thèmes abordés, tous discutables, évidemment, le Président ose en appeler aux "forces ouvrières" pour l’aider dans sa politique qui n’a fait jusque-là que profiter aux gros bourgeois du pays sans rien rapporter à ces forces ouvrières ?

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Abdelkader Hamidi
03.05.16