Les syndicalistes africains de l’OUSA se démarquent de la CSI : l’enjeu de l’action syndicale mondiale en débat à Alger

mercredi 12 mars 2014

La tenue à Alger depuis hier des travaux de la conférence internationale traitant de l’analyse et de perspectives du mouvement syndical international sous l’égide du Conseil général de l’Organisation de l’unité syndicale africaine (OUSA) dénote l’enjeu syndical tant sur les plans régional qu’international.

Les travaux de la conférence internationale traitant de l’analyse et des perspectives du mouvement syndical international ont débuté hier à Alger avec la participation d’une centaine de représentants syndicalistes des cinq continents.
Cette conférence qui traite de la situation régionale et internationale, se tient à l’occasion des assises du 37e Conseil général de l’Organisation de l’unité syndicale africaine, organisées en partenariat avec l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA).

Le Conseil qui se tient à Alger du 9 au 12 mars, vise à participer à une transformation d’une Afrique « émancipée économiquement et socialement sur des valeurs démocratiques », a-t-on appris auprès des organisateurs.
Toutefois, au-delà de cet important ordre du jour, la rencontre d’Alger se distingue d’une manière particulière dans la mesure où la rivalité entre les différentes confédérations internationales constitue le véritable enjeu.

En effet, la nouvelle confédération syndicale, en l’occurrence la Confédération syndicale internationale (CSI) créée en 2006 à Genève, en Suisse, et composée notamment des syndicats de pays européens dont la toute-puissante française la CGT (Confédération générale du travail) proche de la gauche française, a entamé depuis quelque temps en perspective de sa prochaine rencontre un forcing pour ramener les organisations africaines dont l’OUSA à se mettre sous sa coupe. Une approche que les organisations syndicales africaines rejettent à travers l’OUSA en se référant notamment aux résolutions du 10e congrès qui s’est tenu à Alger en décembre 2013.

Lors de cette rencontre où étaient représentés 44 pays (sur 53) et 76 organisations syndicales du continent, l’OUSA avait réaffirmé sa position constante depuis sa création : le refus de toute affiliation internationale à l’échelle d’un continent.
Autrement dit, chaque syndicat africain peut, s’il le souhaite, outre son affiliation à l’OUSA, s’affilier ou non à l’une des deux centrales internationales (la CSI ou la FSM), l’OUSA, elle, privilégiant l’unité syndicale continentale. Selon les observateurs, il s’agit « d’une nouvelle claque donnée à la CSI (après celle donnée lors du congrès de la Cosatu en septembre dernier) qui tente d’imposer depuis sa création la double affiliation à la CSI et à son organisation continentale ».

Or, aujourd’hui, seule l’Europe avec la CES a accepté cette condition pour l’instant. « La CSI est la partie ancienne conservatrice et inefficace du mouvement syndical. La CSI monopolise l’OIT, une OIT qui est devenue un médiateur faible. Un outil dans les mains des gouvernements et des employeurs. (…) Les attaques orchestrées par la CSI contre l’OUSA et la CISA reflètent sa véritable vision d’un mouvement syndical non libre, non démocratique et collaborateur monolithique de classe. (…)

Que l’alliance historique créée par l’OUSA-CISA-FSM peut jouer un rôle important dans le renforcement de la coordination au niveau régional et international. Elle peut avoir un impact important au sein de l’Organisation internationale du travail (OIT) et ses pratiques », a souligné avec force le secrétariat de la Fédération syndicale mondiale, un des plus grands soutiens de l’OUSA.

Enfin, il était attendu hier dans la soirée qu’une charte, celle d’Alger, soit rendue publique.

.

Abder Bettache

Repris du quotidien Le Soir d’Algérie du 12 mars 2014