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Les travailleurs de l’ENGOA sont de nouveau en grève
jeudi 23 octobre 2014, par
Depuis deux semaines, ils viennent chaque jour se regrouper sous le pont et aux alentours en face de leur entreprise. Le directeur de l’entreprise refuse de recevoir les responsables syndicaux pour étudier avec eux les solutions à apporter aux multiples revendications listées dans une plate-forme qui lui a été déjà remise. Cette grève est suivie par les quatre mille travailleurs de l’entreprise.
« Nous ne sommes pas ici de gaieté de cœur. Nous sommes ici dehors par ce que la direction n’a pas tenu ses promesses de répondre positivement aux revendications que nous avons formulées lors de la dernière grève. Nous ne demandons pas la lune. Nous n’avons pas de toilettes dans l’entreprise, c’est juste en face vous pouvez aller vérifier. Trouvez-vous ça normal ? Au niveau des chantiers les conditions de vie et de travail sont catastrophiques. Nous mangeons par terre dans la poussière, la bouffe est infecte, il n’y a pas de médecin de travail ni d’ambulance, nous pourrons vous citer un nombre important d’anomalies qui rendent de plus en plus difficiles les conditions de travail. A cela s’ajoutent des irrégularités incompréhensibles dans la cotation des postes de travail, l’attribution des primes, la répartition des bénéfices ainsi que la situation de précarité que nous subissons par l’application des CDD pour beaucoup d’entre nous depuis de vingt années ».
Voilà ce que nous avons pu retenir des discussions que nous avons eues avec plusieurs travailleurs. Ils ne voulaient pas en dire plus. Ils ont préféré que nous en discutions avec leurs représentants qui étaient en réunion.
Tout en faisant preuve de sentiment de responsabilité, les travailleurs qui ont fait part de leurs problèmes montrent des signes de lassitude et d’agacement vis à vis de la situation qu’ils vivent. Ils sont inquiets pour leur avenir et celui de leur entreprise. Ils ne comprennent pas pourquoi tous les chantiers, dont certains sont d’importance nationale, sont à l’arrêt depuis quinze jours sans que la direction de l’entreprise ne soit interpellée par les autorités du moins par celles qui ont la charge des projets auxquels sont destinés ces chantiers. D’ailleurs, même les médias ne parlent pratiquement plus de leur grève comme si on voulait les étouffer. Un silence interprété comme une façon de participer au climat "d’entente nationale "prônée par les différentes couches de la bourgeoisie.
Ce n’est effectivement pas compréhensible que le chef du gouvernement, qui tient des discours sur l’engagement de l’équipe qu’il dirige pour la réalisation du programme du président de la République, n’ait pas dépêché son ministre des travaux publics pour s’enquérir de la situation. Il y a de quoi se poser des questions sur une telle attitude et de celle de la centrale syndicale UGTA devenue insensible aux revendications des travailleurs. Un tel événement aurait dû déclencher un plan d’action mobilisant toutes les structures impliquées par la prise en charge des taches qui en découlent.
La vigilance est de mise estiment des travailleurs de l’ENGOA qui cherchent à développer leurs méthodes de luttes. Ils espèrent que les travailleurs d’autres entreprises manifesteront leur solidarité avec eux et leurs représentants pour faire aboutir des revendications qui concernent en réalité les travailleurs de toutes les entreprises.
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Correspondance particulière
23.10.14