Poussières de Juillet de Kateb Yacine

mercredi 17 février 2010
par  Alger républicain

Le sang

reprend racine

oui

Nous avions tout oublié

Mais notre terre

En enfance tombée

Sa vieille ardeur se rallume

.

Et même fusillés

Les hommes s’arrachent ? la terre

Et même fusillés

Ils tirent la terre ? eux

Comme une couverture

Et bientôt les vivants n’auront plus où dormir

.

Et sous la couverture

Aux grands trous étoilés

Il y a tant de morts

Tenant les arbres par la racine

Le cœur entre les dents

.

Il y a tant de morts crachant la terre par la poitrine

Pour si peu de poussière

Qui nous monte ? la gorge

Avec ce vent de feu

.

Ainsi qu’un boulet rouge aveugle

Aveugle

…..

Et la tête tranchée n’a pas subi d’éclipse

N’a pas cessé de luire ainsi qu’un boulet rouge

Issu d’un autre orage et d’une autre tribu.

Kateb Yacine

in Poussières de juillet