Seuls contre tous, les communistes turcs mènent campagne contre le déploiement des missiles Patriot visant la Syrie

lundi 28 janvier 2013

Seul contre le consensus dominant nationalistes-islamistes, le Parti communiste turc (TKP) mobilise ses forces militantes depuis plusieurs mois pour sensibiliser l’opinion turque et construire un mouvement d’opposition de masse aux manœuvres de l’OTAN en Syrie.

C’est dans cette lutte générale que s’intègre la bataille pour le retrait des missiles Patriot. Depuis le 10 janvier, la campagne « Vigilance contre les Patriot » collecte des signatures contre le déploiement des missiles de l’OTAN en territoire turc et rencontre un franc succès.

Une campagne organisée à partir du parc Guvenpark, au centre d’Ankara, où les militants du TKP ont organisé pendant une dizaine de jours une veille symbolique, jour et nuit qui a rencontré un écho certain auprès d’une population rétive à soutenir les manœuvres de guerre de leur gouvernement.

« Vous pouvez bien nous étouffer avec vos gaz lacrymogènes, mais vous n’étoufferez pas la conscience du peuple turc »

Une campagne relayée par des manifestations, comme celle du 13 janvier où plusieurs milliers militants communistes et sympathisants pacifistes ont défilé dans les rues d’Ankara contre les manœuvres impérialistes en Syrie.

Une marche pacifique perturbée par les forces de police craignant la jonction avec le lieu de rassemblement à Guvenpark. La charge contre le cortège à coups de gaz lacrymogènes et de matraques, a soudé les manifestants et leur ont finalement permis d’atteindre le centre-ville.

Les mots du dirigeant du Parti communiste turc (TKP) Aydemir Güler, s’adressant à la foule réunie à Ankara, résument la détermination des communistes turcs :


« La police semble oublier qui sont les communistes et les patriotes de ce pays. On ne nous dit pas ’Arrêtez-vous ici, marchez plutôt là’. »

« Ils nous donnent des leçons de patriotisme sur la base d’une Constitution qu’ils piétinent chaque jour. Le TKP va leur montrer ce qu’est le patriotisme. Si le Parlement reste muet, c’est nous qui parlerons.

Dire que la Syrie est une menace pour la Turquie, ce n’est qu’un énorme mensonge. La vérité, c’est qu’on veut manipuler le peuple turc pour le mettre au service des États-Unis et de l’OTAN.

Vous pouvez bien nous étouffer avec vos gaz lacrymogènes mais comment ferez-vous pour étouffer la conscience du peuple turc ? »

Dénoncer les manœuvres de guerre contre la Syrie et contre l’Iran ?

Le Parti communiste turc avait déjà envoyé, le 7 janvier dernier, une lettre aux parlementaires turcs pour rappeler l’inconstitutionnalité de cette mesure violant l’article 92 de la constitution selon lequel seul le Parlement peut autoriser le déploiement de troupes étrangères en Turquie.

La décision unilatérale du gouvernement de l’AKP de déployer missiles Patriot et soldats de l’OTAN viole donc ce qu’il peut subsister de la prétendue démocratie turque.

Le TKP dénonce ainsi le discours hypocrite du gouvernement turc prétextant une menace syrienne contre la Turquie, là où en réalité le gouvernement prépare avec l’OTAN et Israël une opération de grande envergure contre l’Iran.

Le soutien politique mais aussi militaire apporté par la Turquie à la rébellion armée syrienne révèle manifestement que c’est la Turquie qui représente une menace pour la paix régionale, en s’alignant sur les positions des puissances impérialistes occidentales.

La question posée par le TKP aux parlementaires turcs était simple :


« Députés turcs, qu’allez-vous faire ?

Les missiles Patriot sont en route. Allez-vous arrêter cette machine de guerre ? Allez-vous prendre vos responsabilités et dire : « C’est le Parlement qui décide dans ce pays ». Renvoyez les Patriot et les troupes étrangères dans leur pays. »

Les communistes turcs essaient d’empêcher le débarquement des missiles Patriot

Si la question est laissée lettre morte, les militants du TKP ont bien essayé ce 21 janvier d’empêcher le débarquement des missiles Patriot au port d’Iskenderun, avec une opération coup de poing menée par une centaine de militants du TKP.

Sous les mots d’ordre
« Les tueurs de l’OTAN, hors de notre pays »

« Pas de Yankee en Turquie »
ou encore
« Les envahisseurs perdent à chaque fois »
, les militants du TKP ont opposé une résistance qui a contraint les forces de police à intervenir et charger pour disperser le rassemblement.

Les manifestants sont tout de même parvenus à forcer le barrage policier et à achever leur opération dans le port même.

* sur la base des informations gracieusement communiquées par nos camarades du TKP