Un « observateur perspicace » qui ignore que Gilberte Chemouilli, dont le premier mari était un chahid de la guerre de libération, a été torturée et a fait la prison après l’indépendance

dimanche 28 janvier 2018
par  Alger republicain

Dans le même article cité précédemment, le journaliste d’El Watan* fait parler « un observateur perspicace de la scène politique nationale » : « Avec Louisa Haoune après l’indépendance c’est la seule femme qui a fait de la prison pour des raisons politiques ».

Rappelons en passant à cet « observateur perspicace » que notre camarade Gilberte Chemouilli, compagne de William Sportisse avait été arrêtée après le coup d’Etat du 19 juin 1965 et sauvagement torturée dans les locaux de la sécurité militaire. Avant de goûter aux prisons de l’Algérie indépendante, elle avait séjourné dans les geôles du colonialisme. En 1940, âgée à peine de 23 ans, elle avait partagé la prison avec le secrétaire-général du PCA, Kaddour Belkaïm qui périra en détention. Elle était veuve de chahid avant de connaître William. Son premier mari,Taleb Bouali, dirigeant communiste est tombé les armes à la main au maquis dans les rangs de l’ALN en wilaya 4.

Voici ce qu’écrivait Henri Alleg au sujet de Gilberte dans la présentation du petit livre « Les torturés d’ El Harrach », livre composé par les témoignages des militants arrêtés après le 19 juin :

« Je n’ai pu lire ces textes sans qu’à chaque ligne réapparaissent pour moi les visages bouleversés par la souffrance de mes frères de lutte, de mes camarades. Gilberte Taleb, si frêle, si claire, si simple dans sa bonté et son dévouement absolus qu’elle trouvait « normal » que sa vie, comme celle de son mari Bouali Taleb, tué au maquis durant la guerre de libération nationale, ait été, tout entière, faite de peines et de sacrifices. Si modeste, qu’elle n’a même pas conscience de son héroïsme lorsqu’elle explique à son défenseur pourquoi elle avait tenté de fuir au moment de son arrestation : « J’avais peur de ne pas tenir le coup sous les tortures. J’espérais qu’ils me tireraient dessus quand j’essaierais de fuir.  »

Notre camarade a célébré ses 100 ans le 17 septembre dernier, toujours fidèle à ses convictions communistes et toujours intellectuellement combative. Exprimons notre espoir que notre « observateur » saura avec fair-play et perspicacité accepter de mettre à jour ses connaissances « de la scène politique nationale » en intégrant ces données.

Z.B
28.01.18
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