Une exigence impérieuse pour les masses populaires : déjouer les plans antipopulaires de la bourgeoisie interne et de ses soutiens impérialistes externes

jeudi 5 mai 2016
par  Alger républicain

Un responsable de l’OTAN a récemment réitéré à partir du Maroc les menaces du bras armé de l’impérialisme à l’endroit des pays qui ont « échappé » selon lui à la première vague du « printemps arabe ». Une seconde va les emporter de façon imminente, avertit-il, s’ils n’appliquent pas comme il se doit les « réformes ». Evidemment on sait ce que le mot « réformes » veut dire dans la bouche des boutefeux des USA, de la France, de l’Angleterre ou de l’Allemagne : l’assujettissement sans murmures aux volontés de leur bourgeoisie impérialiste.

Le rappel à l’ordre signifie clairement l’abolition des lois sociales assurant un minimum de protection des travailleurs, la mise au pas des syndicats, la baisse des impôts au profit du Capital, la suppression des barrières douanières et de tout contrôle étatique sur les mouvements des capitaux et des profits, la remise des zones pétrolières et gazières aux multinationales et, bien entendu, l’installation de bases militaires.

L’état d’esprit anti-impérialiste hérité de la guerre de libération qui imprègne heureusement encore de larges catégories de la population, notamment des masses populaires, le rapport des forces internes, ont empêché jusque-là le régime algérien, régime d’une bourgeoisie elle aussi impatiente d’en finir avec le « populisme », d’accélérer le rythme pour satisfaire les exigences indécentes du capital étranger et local. Bouteflika, le politicien le plus intelligent que la bourgeoisie ait jamais eu depuis l’indépendance, est conscient qu’à chercher à forcer les rythmes suivant les injonctions extérieures le risque est très grand pour les nouveaux et anciens possé-dants de tout perdre d’un seul coup.

De perdre ce qu’ils ont acquis depuis trois ou quatre décennies de « restructurations », de libéralisations, de privatisations et de coups portés aux travailleurs. Apparemment le rythme du régime Bouteflika n’est pas celui de l’OTAN. Et ce bras armé du capital monopoliste de l’Occident est sous la pression de la crise du capitalisme, crise générée par ses difficultés à rehausser le taux de profit en rapport avec les immenses capitaux accumulés. Il est tiraillé par les rivalités qui opposent sans merci les divers pôles impérialistes dans leur course pour le contrôle des zones d’influence et de domination. Mettre la main sur les sources d’énergie, les gisements de pétrole et de gaz, les voies de leur acheminement, sur les marchés et les réserves de force de travail, tel est le moyen privilégié pour tenter de faire repartir les profits du Capital monopoliste à la hausse.

C’est le vrai but des guerres, de l’idéologie mensongère du devoir d’ingérence et « droits-de-l’hommiste » qui ont ravagé des régions entières en Libye, Syrie, Ukraine, Yémen, sans parler des souffrances que le peuple palestinien endure depuis 1948, etc.
Et les planificateurs des conflits sont maintenant convaincus qu’en Algérie il existe assez de forces internes prêtes à marcher avec eux. Les contradictions du régime ont créé des conditions jugées favorables à une impulsion externe pour faire basculer l’Algérie dans leur giron. Comme tout régime au service des intérêts de la bourgeoisie, le régime actuel a porté à son paroxysme les contradictions entre les nantis et les masses populaires.
La bourgeoisie impérialiste est cynique. Elle pousse les régimes économi¬quement faibles et dépendants à aller toujours plus loin dans le capitalisme. Elle exploite ensuite les contradictions internes inhérentes à ce système pour exiger des classes dirigeantes plus de soumission à leurs exigences. On l’a bien vu avec la tactique suivie en Libye et surtout en direction du régime syrien. Les libéralisations ont accentué l’antagonisme entre d’un côté, les travailleurs, les couches intermédiaires, et de l’autre la bourgeoisie.

L’impérialisme a jugé en 2001 que le moment était devenu propice pour obtenir la reddition de la Syrie à ses plans. La suite on la connaît. Les Etats impérialistes, les monarchies du Golfe, la Turquie ont poussé à l’insurrection armée des forces de l’obscurantisme religieux, ont soutenu et financé ces forces ultra-réactionnaires pour morceler la Syrie et obtenir la satisfaction complète de leurs intérêts. Cependant ils n’ont pas réussi à atteindre tous leurs objectifs face à la résistance de larges pans de la société attachés à la défense de la coexistence pacifique entre communautés religieuses et hostiles à l’instauration d’un Etat théocratique.

Concernant notre pays les concepteurs des stratégies du « chaos constructeur » sont persuadés qu’il existe encore un réservoir suffisant d’obscurantistes pour allumer la mèche afin de justifier les ingérences en rééditant ces précédents libyens et syriens. Mais il existe aussi une 5e colonne bien plus dangereuse. C’est tout un ensemble de couches sociales qui, sous l’étalage de professions de foi « démocratiques », masquent plus ou moins habilement leurs intérêts et leur objectif de se constituer en courroie de transmission fiable de l’impérialisme. Leurs proclamations, on peut les lire tous les jours à travers les discours de personnalités dites démocratiques et des articles d’éditorialistes de presse assurément inféodés aux puissances impérialistes.

Une 5e colonne qui trompe énormément de gens par ses diatribes incessantes contre un Bouteflika discrédité pour mieux cacher ses véritables desseins de sauvetage des « acquis » du capitalisme et de la dépendance. Cette 5e colonne tente de se présenter comme la meilleure alternative au régime de Bouteflika. Le fond du problème n’a rien à voir avec on ne sait quel patriotisme abstrait dont se réclament à cor et à cri les divers protagonistes. Le fond du problème est que tous, régime en place ou opposition de droite à ce régime, se disputent le monopole exclusif des relations de soumission et d’arrangements « mutuellement avantageux » avec les puissances monopolistes. Chacun de ces pôles rivaux cherche à serrer seul la « main de l’étranger ».

Les Etats impérialistes font jouer la concurrence entre Benflis, le RND, le FLN, le RCD, le FFS, les partis islamistes, pour obtenir de chacun les engagements qui renforceraient leurs positions économiques et politiques en Algérie. Les cris d’indignation repoussant l’accusation d’accointance avec les puissances étrangères sont pure hypocrisie. On savait grâce à Wikileaks que Saïd Sadi se réunissait avec l’ambassadeur des USA pour discuter du sort de Bouteflika ou des « réformes » à mettre en œuvre.
On a vu, fait sans précédent, que l’ambassadrice des USA a rendu visite à Benflis, lequel avait adressé en avril 2014 un message de salutations appuyé à John Kerry venu rencontrer Bouteflika. Pour un ou deux faits portés à la connaissance de l’opinion, combien de contacts intenses et étroits noués entre de larges cercles de la société parasitaire et les représentants des puissances impérialistes à Alger sont-ils demeurés à l’abri du regard ?
Il faut faire preuve d’une hypocrisie sans borne pour nier les ingérences qui crèvent les yeux. Il faut bien évidemment être lié à ces opérations, en être partie activement prenante, et travailler à la mise sous tutelle de l’Algérie pour affirmer avec aplomb, comme le font ces éditorialistes prétendument neutres, que les puissances impérialistes ne constituent aucun danger, que ce « danger » relève de l’affabulation d’esprits encore imprégnés de l’idéologie de la « guerre froide », que l’impérialisme n’a aucune existence, n’a jamais existé, hors des mentalités « dogmatiques » attardées.

Face à ces dangers réels, la constitution d’un front interne puissant est à l’ordre du jour. Autant pour que les travailleurs et les masses populaires ne payent pas la facture de la politique de prédation des recettes pétrolières poursuivie depuis des décennies, ne subissent pas les conséquences de la chute des recettes pétrolières, que pour imposer une alternative de mise en échec des plans de paupérisation échafaudés par les politiciens de la bourgeoisie ainsi que des menaces d’ingérences et d’intervention étrangères.

Nous reviendrons en détail sur toutes ces questions cruciales dans nos prochaines éditions.

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Z.B.
1er Mai 2016