Yahia El Ouahrani, celui qui signait d’un soleil…..il a combattu pour l’indépendance de l’Algérie

jeudi 22 octobre 2009
par  Alger républicain

Cet hommage à Jean Sénac a été accompagné par des œuvres de deux artistes : Hamid Tibouchi et Mohamed Aksouh dont le travail d’une grande finesse laisse toujours la voie ouverte pour aller vers ces chemins qu’ils explorent avec leur esprit qui bat le rythme et pulse avec ce qu’ils portent de racines, de cheminement, d’art et de beauté.

La biographie de Jean Sénac a été présentée par la directrice des Editions Marsa.

Dominique Le Boucher, poète, qui a publié l’ouvrage : « Les lettre de Jean Sénac à Jean Pélégri », a fait une lecture de textes du poète.

Jean Sénac est né le 29 novembre 1926, à Béni Saf.

A vingt ans, il fait la connaissance d’Emmanuel Roblès et de l’artiste peintre Sauveur Galliéro dont il devient l’ami et il est secrétaire de la Revue Afrique.

En 1945, il fait la connaissance, d’Albert Camus qui devient un ami puis un père spirituel et, en 49 celle de René Char.

En 1950, il édite la revue Soleil qui s’’interrompt en 1952.

En 1953, c’est la création de la revue Terrasses qui n’aura qu’un seul numéro, prestigieux, auquel ont participé Mohamed Dib, Albert Camus, Mouloud Feraoun, Kateb Yacine, Francis Ponge, Albert Cossery…

Nous savons que Jean Sénac fut complètement engagé pour l’indépendance de l’Algérie à laquelle il appartenait totalement et sans réserve.

En 1954, il prend officiellement position pour l’indépendance de l’Algérie. Il démissionne de Radio Alger et publie son texte grandiose en faveur de l’indépendance de l’Algérie : « Matinale de mon peuple ».

Son niveau d’engagement et ses prises de positions pour l’Algérie ont pour résultat sa rupture avec Albert Camus.

En 1962, il rejoint l’Algérie, opte pour la nationalité algérienne et il est nommé conseiller du ministre de l’éducation nationale.

Madame le Professeur Christiane Achour a fait une présentation de la vie, l’œuvre, la démarche et les préoccupations de ce poète d’une Algérie hors du commun et tout ce qu’il a réalisé dans l’Algérie d’après l’indépendance.

« Et parce qu’il y avait des choses tragiques et heureuses, il avait la capacité de fédérer autour de lui. Il était un homme social. Il savait parler aux jeunes et les toucher. C’était une caractéristique remarquable de Jean Sénac »

Jean Sénac fut d’abord un grand militant de la liberté d’écrire et de dire. Mme Achour ajoutera :

« Lorsqu’il ne pouvait pas créer des tirages, il faisait des émissions radio. Il encourageait les jeunes poètes. Il éditait la poésie sur stencils »

Christiane Achour a fait remarquer que beaucoup d’auteurs ont travaillé sur Sénac mais ils ont surtout exprimé leur rancœur ou leur attachement à l’Algérie elle-même à travers Sénac.

Madame Achour a terminé son exposé en nous offrant le plaisir d’écouter l’un des derniers poèmes de Yahia El Ouahrani dont elle a fait la lecture.

Jean Sénac a été assassiné le 30 août 1973 à Alger.

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Pour finir, il est navrant de constater que 36 ans après sa mort, aucun lieu en Algérie ne porte son nom. Cela aurait peut-être permis à une jeunesse ballotée entre les problèmes, le t’bezniss et la harga, de savoir qu’elle possède dans son patrimoine un poète, Yahia El Ouahrani, qui s’était planté le soleil d’Algérie dans le cœur pour vivre.

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Ouahiba Abli


Matinale de mon peuple (extrait)

...
Parle ô tranquille fleur tisseuse de promesses
prélude au sûr éveil de l’orge
dis que bientôt l’acier refusera la gorge
...

Je chante l’homme de transition
cœur abîmé, plaies
voyantes.
Je récuse l’horreur qui nous a frappés ? la source,
la parole envenimée dont notre bouche a pris le charme.

Jean Sénac