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Faqo - Et les martyrs vivants ?

lundi 12 novembre 2012, par Alger républicain

Aujourd’hui, on ne sait plus ce que veut dire l’indépendance. Avant, c’était clair. Quand on clamait l’indépendance, on entendait : libération du joug du colonialisme. Pour plusieurs générations dont la mienne, le 5 juillet était l’anniversaire de l’aboutissement heureux d’une geste de résistance. On était fier de nos parents qui sont arrivés à dégager une puissance comme la France avec quasiment des tire boulettes.

On était encore plus fiers de savoir que cette épopée était citée en exemple par tous les peuples qui se battaient à travers le monde pour leur liberté.

Que s’est-il passé donc pour que ce qui était une gloire devienne presque un opprobre ? Les goulus de la rente, qui tirent de cette épopée des paquets de pétrole et de pouvoir illégitime, t’expliquent vite fait que les jeunes d’aujourd’hui sont ceci et cela et qu’ils sont surtout ingrats. Pas possible d’attendre d’eux qu’ils te remercient pour leur avoir « apporté » l’indépendance. Les jeunes à leur tour t’expliquent que ceux qui leur disent ça, non seulement ils n’ont pas bougé la moindre phalange pour cette indépendance mais qu’en plus, lorsqu’elle a été arrachée au prix de sacrifices qu’on sait, ils l’ont bouffée jusqu’au trognon. Ils te disent : regarde-nous et regarde leurs enfants !

Oui, vu comme ça, ça mérite la nuance.

Au fond, il en est de l’indépendance comme de tout symbole : ce n’est pas au symbole d’être exemplaire mais à celui qui veille sur lui. Or ceux qui sont censés garder sa sacralité à l’indépendance sont les premiers à la dévorer à toutes les sauces.

Je me souviens avoir reproché à un petit écolier de huit ans de se rebiffer devant le devoir de lever des couleurs par lequel le ministère de Benbouzid pensait renflouer en patriotisme l’Algérie incrédule.

C’était au moment de l’affaire Khalifa. Voilà ce que m’a répondu le gamin : « Eux ils mangent l’Algérie et nous, ils nous demandent de saluer le drapeau ». Moralité : c’est par l’exemplarité probe dans l’exercice des responsabilités qu’on redonnera du sens à l’indépendance. Tant qu’une camarilla dirigera le pays, rien n’a de sens.

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Arezki Metref