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PANAMA : LE RETOUR DES BASES AMÉRICAINES FACE A LA MOBILISATION POPULAIRE

mercredi 24 septembre 2025, par Alger republicain

Les mouvements populaires dénoncent un accord militaire jugé illégal et colonial.

Dans une atmosphère de tensions croissantes, un vent de colère souffle sur le Panama. Le 15 septembre, à l’appel de SUNTRACS, FRENADESO, Alba Movimientos et l’Assemblée populaire internationale, une conférence de presse s’est tenue dans la capitale pour dénoncer un accord que les organisations qualifient de « trahison nationale ».
Au cœur de la polémique : un protocole d’accord signé entre le gouvernement de José Raúl Mulino et les États-Unis, qui entérine le retour des troupes américaines dans le pays et la réactivation de trois bases militaires. Présenté par l’exécutif panaméen comme un dispositif de coopération pour la lutte contre le trafic de drogue, cet accord est perçu par de nombreux acteurs sociaux comme une tentative à peine voilée de restaurer la présence militaire nord-américaine dans un pays qui s’en était pourtant libéré il y a plus de deux décennies.
« Cet accord bafoue le Traité de neutralité permanente du canal de Panama, signé en 1977, qui interdisait formellement toute présence militaire étrangère sur notre territoire », a rappelé un représentant d’Alba Movimientos. « C’est une rupture brutale avec notre souveraineté, avec notre histoire, avec nos luttes. »
Pour beaucoup, ce retour des troupes américaines n’est rien d’autre qu’un acte de recolonisation, orchestré sous couvert de sécurité régionale. Dans les faits, il s’inscrit dans un contexte plus large de repositionnement stratégique des États-Unis en Amérique latine, à un moment où la montée en puissance de la Chine redéfinit les équilibres géopolitiques du continent.
Alors que l’opposition sociale monte en puissance, le gouvernement de Mulino a choisi la répression. Depuis plusieurs semaines, manifestations et mobilisations s’enchaînent dans les rues du pays. La réponse des autorités a été brutale : plus de 100 arrestations recensées parmi les dirigeants syndicaux, étudiants, enseignants et militants des droits humains. Des témoignages font état de violences ainsi que d’un usage excessif de la force policière. Les ONG locales parlent d’un glissement dangereux vers un autoritarisme militarisé.
« Nous sommes en train de revivre ce que nos grands-parents ont combattu : l’humiliation, l’ingérence, la violence politique », dénonce une militante de FRENADESO. « Mais nous ne resterons pas silencieux. »
Face à cette escalade, les mouvements sociaux appellent à la désobéissance civile et à la solidarité internationale. Ils alertent sur le danger d’un retour à une Amérique latine sous tutelle, dominée par des gouvernements complices de l’agenda impérial américain.
« Ce n’est pas qu’une affaire panaméenne », déclarait un représentant de l’Assemblée populaire internationale. « C’est une question continentale. Le même scénario se répète ailleurs : militarisation, pillage des ressources, criminalisation de la dissidence. Il est temps d’unir nos luttes. »
Au-delà de la conjoncture politique, cette crise ravive une mémoire profonde : celle du combat historique pour la souveraineté du canal. C’est toute une génération qui se lève, héritière de celles qui, hier encore, ont arraché au prix du sang la fin de la tutelle américaine.
Aujourd’hui, ce combat reprend. Et face aux bases militaires, c’est la base populaire qui s’organise.
MEHDI RAH