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Bangladesh Les travailleurs du textile en grève sont victimes d’une sauvage répression Appel aux syndicats, aux travailleurs et à toutes les organisations humanitaires du monde à soutenir leur lutte

samedi 11 septembre 2010

Plus de 3 millions de travailleurs du textile du Bangladesh se sont mis en grève pour soutenir leur revendication pour un salaire de base mensuel de 5 000 taka (70 dollars), des avantages sociaux ainsi que le respect des droits syndicaux, en respect de la loi et des conventions de l’OIT, des droits et avantages garantis par le droit du travail, des régulations assurant la sécurité sur le lieu de travail. Face aux mouvements sporadiques de travailleurs dans plusieurs régions du Bangladesh pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail, le gouvernement a formé une commission sur le salaire minimum le 28 juillet qui a fixé ? 2 000 taka, le salaire minimum mensuel de base + 800 taka pour le loyer et 200 taka pour les soins médicaux. Le salaire minimum étant donc de 3 000 taka.
Les travailleurs du textile sont les moins payés en comparaison avec la majorité des autres travailleurs employés au Bangladesh. Ils sont aussi les moins bien payés par rapport aux travailleurs du textile d’autres pays, y compris le Népal.

Main d’oeuvre bon marché et extrême exploitation : source des surprofits dans le secteur textile

Face aux soulèvements spontanés de millions de travailleurs du textile le 2 mai 2006, la Commission sur le salaire minimum a déclaré que 1 662,5 (25 dollars) comme le salaire minimum brut. Un salaire aussi bas a obligé les travailleurs du textile à vivre dans des conditions inhumaines. En dépit du droit du travail en vigueur, presque tous les travailleurs dans le secteur textile sont privés de leurs droits syndicaux. Les tentatives pour former des syndicats se sont heurtées à une forte répression, des licenciements et des raids par des hooligans embauchés par les patrons. Des milliers de travailleurs ont perdu la vie à cause du non-respect de la régulation sur la sécurité au travail, causant accident, feux et panique. Une telle situation était la raison de cette ébullition chronique dans le secteur.

La déclaration d’un nouveau salaire minimum le 25 juillet ne pouvait pas satisfaire la plupart des travailleurs. En outre, les salaires des travailleurs qualifiés n’ont pas été augmentés en proportion. L’accord de la Commission sur le salaire n’évoque ni les salaires minimum des travailleurs confectionnant les pulls, les tricots, ni les travailleurs à la pièce. De plus, il a été annoncé que la nouvelle structure ne serait effective que le 1er novembre, ce qui est inhabituel

La déclaration a provoqué le mécontentement des travailleurs du textile. De nombreux leaders syndicaux ont rejeté la proposition.
Les travailleurs du textile prêt-à-porter (RMG en anglais) de la région industrielle de Tejgaon dans la capitale Dhaka ont lancé une grève spontanée le 30 juillet. La police a attaqué la manifestation pacifique et de nombreux travailleurs ont été blessés et arrêtés. Plus tard dans la nuit, les maisons de plusieurs dirigeants syndicaux ont été prises d’assaut par la police et les conseillers de l’avocat de la Centrale des Syndicats du textile, le plus important des syndicats du secteur du prêt-à-porter, Montu Ghosh, ont été arrêtés. Répressions de grande échelle, arrestations, agressions par la police et les hooligans embauchés par les patrons ont excité les travailleurs. Le 31 juillet, des grèves et manifestations massives se sont développées dans toutes les régions industrielles dans et autour de la capitale Dhaka.

Une conférence de presse organisée par 12 syndicats des travailleurs du textile a appelé le gouvernement à cesser la répression, à libérer les leaders syndicaux, à abandonner les mandats d’arrêt et les dossiers falsifiés montés contre des militants et des travailleurs. La conférence de presse présidée par le leader syndical historique Manzurul Ashan Khan, également conseiller de la Centrale syndicale des Travailleurs du textile (CWTC) a appelé le gouvernement et le patronat à entamer des négociations bi-partite et tri-partite afin de trouver une solution à la lutte des travailleurs. Hélas, le gouvernement a continué les arrestations et la répression.
Le gouvernement a organisé une rencontre tri-partite bidon au bureau de l’Association du patronat du textile qui n’a pas examiné les revendications des travailleurs. Les prétendues rencontres tri-partites ont annoncé que les usines rouvriraient leurs portes à partir du lundi 2 août.

Le fait que le gouvernement et le patronat n’aient pas réexaminé les revendications des travailleurs et la répression brutale ont enragé encore plus les travailleurs, et la lutte, avec grèves et manifestations, s’est répandue à tout le pays. La police a tiré sur des manifestations pacifiques de travailleurs, blessant des centaines de manifestants. Des centaines de travailleurs ont été arrêtés. Des hooligans à la solde du patronat et des hommes de main vont dans les bidonvilles et les quartiers-dortoirs pour trouver les militants et les passer à tabac.

Malgré les tueries et le règne de la terreur, les travailleurs continuent à se battre

La police n’autorise pas les travailleurs à manifester dans les rues. Les organisations politiques et d’autres organisations de masse ne sont pas autorisées à organiser tout type d’action de solidarité avec les travailleurs du textile prêt-à-porter.
Les médias imprimés et électroniques sont censurés en secret pour ne publier aucune nouvelle sur la lutte des travailleurs et la répression brutale des droits démocratiques, syndicaux et humains. Mantu Ghosh est resté en garde-à-vue pendant neuf jours. Tout le monde sait qu’au Bangladesh, ceux qui sont placés en garde-à-vue sont interrogés et torturés.

Assez souvent, en ces moments-là, des prisonniers sont tués et des histoires sont concoctées selon quoi ils auraient été tués après des échanges de tirs ou après des affrontements. De nombreuses personnes ont été tuées de cette manière, sous les mandats des derniers gouvernements. Le gouvernement actuel a été élu il y a 17 mois.

Malgré l’engagement électoral selon lequel il n’y aurait plus de meurtres extrajudiciaires, plus de 100 personnes ont été tuées lors de prétendus échanges de tirs.

Les travailleurs continuent à se battre en dépit des répressions impitoyables.

La Centrale syndicale des travailleurs du textile et 11 autres syndicats des travailleurs du textile ont appelé les syndicats internationaux, les syndicats de différents pays, les travailleurs du monde entier, toutes les organisations humanitaires à soutenir les revendications des travailleurs du textile du Bangladesh, à exprimer leur solidarité et à demander la libération de Montu Ghosh et des autres leaders syndicaux détenus.

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21 août 2010

Traduction JC http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/