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L’USAID, un lourd passé de société écran de la CIA

jeudi 21 mai 2015

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Les récentes informations diffusées par Associated Press selon lesquelles l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID), bien connue pour ses contrats frauduleux passés avec le Département d’État américain, avait obtenu le contrat de développement d’un rival de Twitter destiné à fomenter la rébellion à Cuba, a ramené sous le feu des projecteurs la longue histoire de l’USAID en tant que couverture de certaines activités secrètes de la CIA.

La mise en place du système destiné à concurrencer Twitter à Cuba, dénommé ZunZuneo, avait été attribuée à Creative Associates Inc. (CAI), qui avait conduit la plupart de ses opérations « hors Cuba » au Costa Rica. Le contrat avec CAI avait été alloué par le « Civil Society Support Program » du Département d’Ëtat, le même programme que celui utilisé par la CIA pour fomenter des rébellions en Ukraine, Syrie, Libye, Egypte, Iran et dans d’autres pays.

Quelque 40 000 utilisateurs de ZunZuneo à Cuba on été induit en erreur, croyant en toute bonne foi que leurs messages seraient privés, alors qu’en réalité, ils étaient enregistrés par l’USAID, qui selon toute vraisemblance les faisait suivre à la NSA (National Security Agency) pour analyse et archivage dans leur base de données.

CAI n’était pas la seule entité financée par l’argent du Bureau des Initiatives de transition (OTI, pour Office of Transition Initiatives) de l’USAID pour aider à fomenter les dissensions et la rébellion à CUBA dans le cadre de son « Civil Society Program » (Programme de société civile). D’autres destinataires comprenaient l’International Republican Institute (IRI), une branche du parti républicain ; le National Democratic Institute, une branche du parti démocrate ; la Pan American Development Foundation, qui accueille dans son Conseil d’administration des lobbyistes d’Exxon Mobil, Chevron, Caterpillar, Greenberg Traurig, Royal Caribbean Cruise Lines, Citibank, Unibank of Haïti, Educational Testing Service (ETS), ainsi qu’Occidental Petroleum ; l’université Loyola de Chicago ; le Center for a Free Cuba (qui a été pris en train de détourner 570 000 $ de l’USAID en 2008) ; le groupe néoconservateur à but non lucratif Freedom House ; le groupe évangélique chrétien Echo Cuba ; Cuba On-Line ; le groupe basé à Miami Plantados Until Freedom and Democracy in Cuba ; et Development Alternatives, Inc.(DAI)/Nathan Group.

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ZunZuneo a vu le jour juste après l’arrestation en décembre 2009 à Cuba d’Alan Gross, appartenant à Development Alternatives, Inc. (DAI), le sous-traitant d’USAID, pour avoir apparemment mis en place des équipements satellites et des réseaux informatiques à Cuba en vue de fournir un meilleur accès Internet à la communauté juive de Cuba. Les leaders de la communauté juive de Cuba nièrent avoir eu connaissance de ce projet, ou même de connaitre Gross, qui a été condamné par Cuba à 15 ans d’emprisonnement pour espionnage. La société de Gross, JDBC, avait été sollicitée par DAI pour le projet de « Civil Society » à Cuba.

De plus, les documents de l’USAID pour le financement de ZunZuneo (un mot d’argot cubain pour désigner le chant du colibri) et d’autres projets de « Civil Society » établissent que l’argent d’USAID était destiné à « plusieurs contractants étrangers » et à des contractants américains (liste non divulguée) pour soutenir les initiatives cubaines. ZunZuneo était l’un des projets favoris de la Secrétaire d’État de l’époque, Hillary Clinton, qui d’aprèsAssociated Press (AP), avait demandé à sa responsable des réseaux sociaux, Suzanne Hall, de contacter le fondateur de Twitter, Jack Dorsey, pour reprendre ZunZuneo. Dorsey a refusé de commenter l’article d’AP.

DAI a un lourd passif en ce qui concerne son appui aux opérations de la CIA. La mère du président Obama, Ann Dunham Sutoro, travaillait pour la DAI à Java. La DAI a également été accusée d’avoir soutenu le coup d’État de 2002 au Vénézuéla contre le président Hugo Chavez. En 2005, le très à droite président Alvaro Uribe stupéfia l’auditoire en annonçant que d’anciens militaires vénézuéliens avaient planifié leur coup d’État contre Chavez depuis la Colombie. L’USAID et ses contractants étaient fortement impliqués dans les activités anti-Chavez en Colombie à l’époque du coup d’État de 2002.

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CAI a également utilisé Mobile Accord Inc, ainsi qu’une société écran dans les iles Caiman appelée MovilChat, qui possédait un compte en banque auprès de la Bank of N.T. Butterfield & Son Ldt à Grand Caiman, ainsi qu’une autre société écran basée au Royaume-Uni et possédant une filiale à Barcelone, et permettant de camoufler le fait que l’USAID finançait ZunZuneo. Le site Web de Mobile Accord affiche ceci : « Le coeur du système de Mobile Accord est la plateforme propriétaire mobile EVO2 qui permet de traiter de gros volumes de SMS, PSMS et MMS. Le système de messagerie EVO2 opère actuellement sur quatre continents et peut s’adapter à n’importe quel opérateur de réseau mobile dans le monde. Mobile Accord utilise sa technologie propriétaire pour offrir l’un des plus rapides et plus fiables systèmes de messagerie au monde. »

L’histoire d’USAID est pleine d’exemples de sociétés de sous-traitance et d’autres compagnies écran travaillant pour l’USAID, mais opérant également pour la CIA.

Le Wayne Madsen Report [d’où provient l’original de cet article] a relaté de nombreux cas ces dernières années :

La mère d’Obama, Stanley Ann Dunham, travaillait à un projet de microfinancement pour l’USAID et la Ford Foundation, toutes deux liées à la CIA, qui aidèrent à mettre en place des dictatures en Indonésie et au Pakistan. Après la prise de pouvoir de Suharto en 1965, l’USAID est revenue en Indonésie, avec Stanley Ann Dunham comme l’une de ses responsables, afin d’aider Suharto à créer le New Order (Orde Baru) qui permit la mise en place de lois fascistes et kleptocratiques pendant des décennies. Suharto fonda le Bureau of Logistics (BULOG) qui redirigea le riz et les aides alimentaires d’USAID vers les sociétés d’amis de Suharto. Ce dernier s’appuya également sur un groupe d’économistes américains, dont faisait partie la mère d’Obama, pour réorganiser l’économie socialiste de l’Indonésie. Ce groupe était appelé la « mafia de Berkeley » et s’assurait que l’Indonésie se pliait aux dictats de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international, et des grandes banques commerciales occidentales. C’est une histoire familiale qu’Obama refuse de commenter et dont il n’a pas à être fier.

Pendant que l’USAID s’occupait de l’Indonésie en 1965, certains de ses contractants effectuaient des vols pour la compagnie aérienne de la CIA, Air America, en larguant des armes et en acheminant de la drogue au Laos et en larguant de la contrebande en Thaïlande et au sud Vietnam.

• L’USAID est depuis longtemps impliquée dans les tentatives de renversement du gouvernement castriste à Cuba, en faisant passer des fonds à travers la Cuban-American National Foundation, le Center for a Free Cuba, et même une fondation allemande, la Konrad Adenauer Stiftung, partenaire du parti démocrate chrétien de la chancelière Angela Merkel.

• À Haïti, l’USAID, agissant sur ordre de la CIA, a financé l’opposition politique au président Jean-Bertrand Aristide, poussé dehors par les coups d’État de la CIA de 1991 et 2004. Après le retour au pouvoir d’Aristide en 1994, l’argent d’USAID utilisé pour s’opposer à Aristide passa à travers un « Project Democracy ». Aujourd’hui, l’USAID fournit des petits ou micros prêts financiers douteux à de petites sociétés à Haïti.

Le président bolivien Evo Morales a chassé l’USAID de son pays, l’accusant de travailler avec la CIA pour déstabiliser la Bolivie et organiser un coup d’État. À ce jour, l’USAID finance pour plusieurs centaines de milliers de dollars des groupes dont l’objectif est de miner le président Nicaraguayen Daniel Ortega.

• Pendant son mandat de dix ans, le président péruvien Alberto Fujimori et son chef des renseignements, Vladimiro Montesinos, dont on pense que c’est un agent de la CIA, aurait reçu des financements de l’USAID pour éradiquer les mouvements de guérilla du Shining Path et Tupac Amaru.

• En 2009, la presse pakistanaise a rapporté que l’USAID avait passé outre les ministères de l’Éducation et de l’information au Pakistan pour fournir directement une assistance à l’éducation à des étudiants pakistanais. L’un des programmes de l’USAID dans les Federally-Administered Tribal Areas ou FATA (zones tribales administrées en fédération) du Pakistan ont vu 45 millions de dollars disparaitre comme dans un trou noir.

• Dans les années 1980, lorsque Stanley Ann Dunham et Barack Obama Jr. se trouvaient au Pakistan, l’USAID ouvrit un important bureau à Islamabad, qui distribuait de « l’aide non léthale » à des moudjahidin afghans réfugiés au Pakistan, en particulier à Peshawar. Une partie de l’aide de l’USAID aurait également été utilisée pour acheter des armes pour les moudjahidin afghans, mais certaines d’entre elles finirent entre les mains de musulmans radicaux pakistanais désireux d’en finir avec le dictateur pakistanais Muhammad Zia-ul-Haq. D’autres fonds de l’USAID servirent à payer de couteuses voitures pour amener les chefs moudjahidin afghans au Pakistan.

• Le 18 juin 1998, le Jakarta Post écrivit que les programmes de l’USAID en Indonésie constituaient toujours une couverture des activités de la CIA. En particulier, le journal écrivait que deux organisations non gouvernementales (ONG) indonésiennes, la Indonesian Environmental Forum et la Indonesian Biodiversity Foundation, étaient accusées d’avoir accepté de l’argent d’USAID alors qu’elles auraient dû savoir que cette aide n’était pas « free of charge » (gratuite) et qu’elle était liée à la CIA.

En 2002, L’USAID en Palestine, où la DAI est aussi très active, exigea les informations personnelles détaillées de tous les membres des ONG recevant des financements américains. La presse palestinienne rapporta que les informations, qui incluaient les opinions politiques personnelles des membres des ONG, étaient transmises à la CIA, puis au Mossad, afin qu’on puisse exercer des pressions sur ces ONG et les obliger à se conformer aux politiques des USA et d’Israël.

Pendant des années, l’USAID a opéré à Manille depuis le bâtiment de l’agence de publicité J.Walter Thompson dans le Centre Ramon Magsaysay sur le Boulevard Roxas, situé dans le district Malate de la ville. En 2000, les bureaux furent transférés dans le district Malaki, mais le bâtiment qui abritait l’USAID continua d’être appelé par les habitants, le « bâtiment de la CIA. » L’immeuble, dont la fondation Ramon Magsaysay est la propriétaire – en l’honneur du président philippin qui mourut dans un accident d’avion en 1955 -, fut bâti en 1959 grâce à un prêt de la famille Rockfeller. Les Rockfeller fournirent également des prêts à la Fondation Magsaysay.

• En 2004, l’USAID a été accusée par les partis d’opposition philippins d’utiliser des agents de la CIA pour « surveiller » les élections dans le pays. L’accord autorisant des observateurs de l’USAID avait été signé par la présidente Gloria Macapagal-Arroyo. Le chef du parti Anakpawis, Cristin Beltran, affirma au journalPhilippine Daily Inquirer, « C’en est fini de l’indépendance lorsqu’on voit des agents secrets étrangers signer un accord officiel avec le Comelec (commission élective) leur permettant d’interférer dans les élections. »

L’Asia Foundation, liée à la CIA, qui travaillait en lien étroit avec le Centre Est-Ouest financé par la CIA à l’université d’Hawai de Manoa, où la mère d’Obama rencontra son second mari, le colonel Lolo Soetoro (aux ordres du général Suharto), était en étroite relation avec les programmes secrets d’USAID au Laos, en Indonésie, aux Philippines, au Sud-Vietnam, en Thaïlande, à Palau, en Malaisie, et dans d’autres pays asiatiques du Pacifique. Au Laos et en Thaïlande, des dirigeants d’USAID ont fourni des entrainements militaires de contre-insurrection à des forces spéciales laotiennes et thaïlandaises. En 1970, Dan Mitrione, un dirigeant de l’USAID qui travaillait pour la CIA à l’entrainement de la police spéciale uruguayenne sur les techniques de torture, fut kidnappé et tué par les guérilleros Tupamaro.

• Le programme suspect du nom d’International Criminal Investigative Training Assistance Program (ICITAP), qui porte clairement la marque de la CIA, utilisa des fonds anti-trafic provenant du service de lutte contre la pédophilie du Département d’État et de l’USAID pour mener des formations aussi inutiles que couteuses en Albanie, au Kazakhstan, au Sénégal, au Nigéria, au Gabon en Gambie, à Madagascar, en Ouganda, en Tanzanie, en Malaisie, et dans les iles indonésiennes de Java et Sumatra.

Lorsque Manuel Zelaya, président du Honduras, augmenta le salaire minimum dans son pays, la CIA et leSouthern Command (Commandement militaire pour l’hémisphère sud) organisèrent un coup d’État militaire pour le renverser. Obama décida d’utiliser le Southern Command – dont le siège est situé au coeur du nid de vipères de droite formé par les exilés latino-américains de Miami -, pour coordonner l’aide humanitaire à Haïti, en coordination avec les dirigeants de l’USAID.

• L’un des sous-traitants préférés de l’USAID, Chemonics International, qui avait vu le jour en 1976 avec le républicain Gerald Murphy, « en partie, avait-il déclaré au New York Times en 1993, parce que j’ai toujours cherché le moyen de faire deux choses : l’une, d’avoir ma propre CIA, et l’autre, aider les gens, » reçut 500 000 $ pour aider les missions de terrain de l’USAID au Népal. OTI et l’Open Society Institute (OSI) de Soros sont également dans la boucle, à travers un contrat attribué à Chemonics au Népal et visant à permettre à la propagande financée par les USA d’être diffusée sur les stations radio FM du Népal. La campagne de choc de Soros/USAID/Chemonics dans les médias népalais visait aussi à financer Radio Kailash, qui cible le district de Humla au Népal, et Népal Chautari (une radio live nationale).

• En 1988, l’USAID ouvrit un immense complexe dans la banlieue de San José au Costa-Rica, que beaucoup d’habitants accusèrent d’être le quartier général de la CIA pour l’ « État parallèle », établi par la CIA au Costa-Rica dans le but de soutenir la guerre civile menée par les contras chez le voisin Nicaragueien. L’USAID a également contracté des millions de dollars d’emprunts, certains à 0 %, auprès de banques costaricaines pour saper le système bancaire du pays.

• En 1995, le député démocrate de l’Illinois, Mel Reynolds, condamné pour des relations sexuelles avec une mineure qui travaillait dans son équipe de campagne, s’avéra être un agent du renseignement US depuis les années 1980 à travers son emploi à l’USIA (U.S. Information Agency) et l’USAID en Afrique, en particulier au Soudan. Reynolds, un Afro-Américain, séjourna également en Israël sous la couverture d’USIA. Il a récemment été arrêté au Zimbabwe pour avoir tourné des films pornographiques impliquant des mineurs. Il a été par la suite expulsé du Zimbabwe.

Obama a laissé l’USAID poursuivre ses activités au sein de programmes de la CIA dans les anciens États soviétiques, dont la Géorgie, l’Ukraine, et le Kyrgystan. Ainsi, l’USAID complète les efforts de déstabilisation opérés par George Soros et son réseau d’ONG. Soros fut l’un des principaux soutiens financiers de la campagne présidentielle d’Obama. En 1999, les médias croates ont rapporté que l’USAID opérait à travers différentes ONG, certaines étant liées à Soros, pour chasser le président croate Franjo Tudjman, alors souffrant. Le journal Vjesnik accusa l’USAID, ainsi que l’US Information Service (USIS) d’agir comme des « tampons entre les agences non gouvernementales américaines et les autorités américaines. » Le journal expliquait que le programme d’USAID destiné à soutenir l’opposition à Tudjman était mené par la CIA et coordonné par l’ambassadeur américain à Zagreb, William Montgomery.

• Dans un documentaire russe datant de 2008, intitulé « Technology Modern Coup », Bermet Akayeva, la fille du président kirghize Askar Akayev qui avait été renversé lors de la révolution des Tulipes de 2005, a déclaré :

« l’USAID est activement financée par la Fondation Soros, le National Democratic Institute, et des formations sont menées en permanence. Il est cependant difficile de qualifier l’USAID d’ONG, étant donné qu’elle agit pour le compte du Département d’État américain. Ils sont extremement actifs. »

Akayeva affirma que la rumeur courait au Kyrghistan selon laquelle les comploteurs appuyés par les USA distribuaient des narcotiques aux dissidents qui participaient au coup d’État.

• Dans le nord Caucase, les ONG soutenues par l’USAID ont été accusées par les autorités russes d’être en lien avec les terroristes tchétchènes.

• En 2002, l’Érythrée expulsa l’USAID du pays, l’accusant de travailler avec la CIA pour renverser le gouvernement, et de soutenir l’Éthiopie qui s’était engagée dans une guerre de frontière avec l’Érythrée.

• En 2009, Susan Tsvangirai, la femme du premier ministre Zimbabueén Morgan Tsvangirai, fut tuée dans un accident de voiture au cours duquel le premier ministre fut lui-même blessé. Le camion qui percuta leur véhicule avait été acheté avec des fonds de l’USAID et portait la plaque d’immatriculation de l’ambassade US. L’USAID nia tout lien avec le camion. Le ministre des Travaux publics, Theresa Mokone, une amie de Mme Tsvangirai, compara ce crash au mystérieux accident de voiture qui tua le très populaire et incorruptible premier ministre tanzanien, Edward Sokoine en 1984. Sokoine était le successeur désigné du Président Julius Nyerere, qui s’était mis à dos la CIA à cause des liens qu’il tissait avec l’Union Soviétique et la Chine. Sokoine se fit un certain nombre d’ennemis parmi les classes aisées de son pays lorsqu’il ordonna la saisie des biens des trafiquants et des escrocs. L’USAID, au moment de ce possible assassinat de Sokoine, était lourdement impliquée en Tanzanie.

Au Zaïre, des millions de dollars provenant de l’USAID furent détournés par le dictateur Mobutu Sese Seko, soutenu par la CIA ; Mobutu amassa ainsi une fortune personnelle au point de devenir l’un des leaders les plus riches du monde.

D’autres fonds de l’USAID pour le Zaïre furent détournés pour aider les forces rebelles angolaises d’UNITA, menée par Jonas Savimbi, en violation directe des lois américaines interdisant toute aide aux groupes rebelles angolais. Le programme secret d’aide à l’UNITA avait été lancé en 1976 par Donald Rumsfeld, alors Secrétaire à la Défense du président Gerald Ford. De même, pendant la présidence Reagan, l’argent de l’USAID fut acheminé à travers la National Endowment for Democracy aux contras du Nicaragua, là encore en violation des lois spécifiques interdisant ce genre de soutien.

• À la fin des années 1970 et 1980, des « chercheurs » financés par l’USAID établirent des liens avec les mouvements de libération africains, en particulier avec le Congrès national africain d’Afrique du Sud, et le Front d’Union patriotique nationale du Zimbabué (ZANU-PF). Ces programmes couvraient en réalité des activités de la CIA qui utilisait des universitaires « gauchistes » pour espionner les mouvements nationalistes. Ces opérations se concentraient à Harare, au Zimbabwe, au Cap en Afrique du Sud, et dans les villes où se trouvait une large communauté d’étudiants africains expatriés, y compris à Londres et à Melbourne et Perth en Australie.

En 1998, l’USAID participa à un meeting à huis clos avec les principales compagnies pétrolières, la CIA, le Conseil de Sécurité national, et trois hauts dirigeants du Département d’État, Stuart Eisenstat, Thomas Pickering, et Susan Rice (actuellement Conseillère à la Sécurité nationale d’Obama). Le sujet de la réunion était l’exploitation des ressources pétrolières en Afrique, et les directeurs d’Exxon, Mobil, Chevron (dont Condoleezza Rice figurait au Conseil d’administration) et Texaco étaient présents, tout comme certains responsables du Département de l’Énergie et de certaines grandes sociétés de financement de l’industrie pétrolière.

En 2000, la CIA et l’USAID travaillèrent conjointement à travers une société militaire privée, la Military Professional Resources, Inc. (MPRI) pour entrainer l’armée nigérienne aux techniques de combat, afin de contrer les groupes sécessionnistes nigérians dans le delta du Niger si riche en pétrole. La CIA s’attacha aussi les services de la société privée spécialisée en « Business Intelligence » et en évaluation des risques,Evidence-Based Research (EBR), basée à Vienne en Virginie, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à la couverture de la CIA, la Business International Corporation, pour laquelle Obama avait travaillé en 1984, pour établir un état des lieux de la révolte tribale dans la région du delta du Niger, opération appelée par la CIA la « semi-riot zone » (zone semi-dissidente). EBR a été créée en 1987, un an après la vente de Business international à l’Economist Intelligence Unit de Londres.

• En 1990, Roger Winter, l’administrateur d’USAID qui ne fit qu’un mandat, sous l’administration Bush Cheney, rencontra le vendeur international d’armes Viktor Bout, aujourd’hui emprisonné aux États-Unis après avoir été arrêté lors d’une opération éclair de la DEO (Drug Enforcement Administration) en février 2008 en Thaïlande. La réunion avait pour but de coordonner les activités de trafic d’armes qui devaient donner naissance au véritable empire occulte de trafic d’armes de Bout après la chute de l’Union Soviétique, fin 1991.

• Le 24 mars 2008, le porte-container portant bannière américaine « MV Global Patriot » tira sur une barge égyptienne dans le canal de Suez, près de l’entrée de la Mer méditerranée. Un des matelots égyptiens, Mohammed Fouad, fut tué et trois autres blessés sur la barge égyptienne qui s’était approchée du Global Patriot pour vendre des produits égyptiens et des cigarettes, une pratique courante dans le Canal. Le bâtiment US faisait route vers Dubai avec « des équipements militaires usagers » et était immobile au moment où la barge s’était approchée de lui.

Au début, l’ambassadeur américain au Caire démentit qu’il y ait eu des morts dans l’incident. Le Global Patriot était affrété par le Military Sealift Command, appartenant à Global Container Lines de Garden City, à New York. La société opère dans la Mer rouge, y compris au Soudan, en Afrique de l’Est, dans l’océan indien (y compris aux Comorres – où une véritable invasion de sécessionnistes Anjouan de l’Union africaine (African Union) vient juste de se produire -, aux Seychelles, dans le golfe Persique, et en Asie du Sud. Global Container Lines est l’un des principaux sous-traitants d’USAID. La compagnie maritime est impliquée dans l’envoi d’équipement et d’ « aide humanitaire » vers l’Irak et l’Afghanistan. Le 3 avril 2003, l’expédition de « nourriture » d’USAID vers l’Irak depuis Galveston au Texas, à hauteur de 500 000 $ n’avait pas fait l’objet d’un contrat valide de l’USAID. La marchandise a été confiée à MV Free Atlas.

• Obama a nommé comme directeur de l’USAID, Rajiv Shah, le coordinateur général pour les opérations d’aide humanitaire en Haïti. Shah a pris son poste le 8 janvier. Obama ne pouvait pas choisir plus mal. L’USAID, qui n’est qu’une couverture de la CIA, est largement responsable du fait qu’Haïti reste la nation la plus pauvre de l’hémisphère nord. Le précédent poste de Shah dans la douteuse fondation de Bill et Melinda Gates et dans l’Organisation mondiale de la santé, aussi bien que son passé politique de bidouilleur pour le compte du Gouverneur de la Pennsylvanie Ed Rendell, lui-même baignant dans la corruption à Harrisburg, ne devrait pas susciter le moindre espoir au peuple haïtien assiégé.

La société Custer Battels Inc., un sous-traitant de l’USAID, a été mise sur pied par l’ex « ranger » de l’armée US, Mike Battlers et par Scott Custer, travaillant pour une compagnie du nom de Blue Sky. La société fut rapidement empêtrée dans des contrats impliquant des fraudes massives en Irak. Custer enrôla l’ancien dirigeant libanais de Shia Amal, Mohammed Darwish, le propriétaire de Laru Ltd basée à Chypre, dans l’organisation Custer Battles et dans ses processus de décision.

• En janvier 2004, Darwish et Michel Mukatadd, beau-fils de l’ancien président libanais Amin Gemayel et propriétaire d’une société libanaise de change, et Richard Jreisati, ex-officier militaire libanais, furent arrêtés par les autorités libanaises pour avoir tenté de faire passer en contrebande au Liban un sac de 164 millions de dollars en billets de 25 000 dinars irakiens depuis l’aéroport de Bagdad. Custer Battels détenait le contrat d’Iraqi Currency Exchange (ICE) avec les autorités provisoires de la Coalition [en Irak] ainsi qu’un gros contrat de sécurité pour l’aéroport de Bagdad.

• L’ancien chef d’Eli Lilly, Randall (Randy) Tobias, qui était administrateur de l’USAID pendant l’administration de George W. Bush, s’avéra être un client de la société d’ « escortes » de Washington, Pamela Martin & Associates, dirigée par Deborah Jeane Palfrey, celle qu’on appelle la « DC Madam. »

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Wayne Madsen (*) – repris par IntrepidReport

avril 2014

Traduction : IlFattoQuotidiano.fr
 

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Notes : (*) Wayne Madsen est un journaliste d’investigation et éditorialiste américain de plusieurs grands journaux nationaux, basé à Washington D.C. Il fut consultant pour la NSA (National Security Agency) et s’est spécialisé dans les affaires de renseignements et de Services secrets. Il tient le site Web d’information Wayne Madsen Report (souscription requise