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"Mémoires de scènes" de Abderrahim Laloui : un beau film sur le dramaturge Azzedine Medjoubi assassiné par les tenants de l’idéologie obscurantiste

samedi 12 mars 2016

Projection de Mémoires de scènes de Abderrahim Laloui à Chlef

Deux séances ont eu lieu, la première au centre scientifique Mohamed-Nasri et la seconde au musée du patrimoine immatériel de la cité Aroudj. Le spectacle s’est déroulé en présence des cadres de la DJS, du directeur du musée, M. Hasnaoui, du réalisateur Abderahim Laloui, de Hassand Kechach, Aziz Boukeroumi, Adar, le producteur Harhoura, propriétaire de la boîte Ramel-films, et des membres de l’association Hiwar qui sont l’origine de l’organisation de l’événement.
M. Oumaâmar a montré un grand dynamisme lors du passage de ses invités.

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Le film a pour trame l’assassinat de Azzedine Medjoubi, alors qu’il était directeur du TNA. Les faits rappellent des événements similaires qui ont lieu à Bordj Bou-Arréridj à l’époque des mairies FIS. Le président d’APC avait décidé de fermer le théâtre et tous les lieux de culture comme le Conservatoire par exemple.

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Ce long documentaire a le mérite de braquer les projecteurs sur des artistes qui ont fait de la résistance en conformité avec les principes de Novembre. On peut les considérer comme des héros chacun à son époque, même si le film n’aborde pas de façon exhaustive les destins tragiques de Tahar Djaout et Abdelkader Alloula. Il témoigne d’une époque et l’auteur a écrit une page de l’histoire de notre pays et peut-être va-t-il inciter les écrivains et les cinéastes à se pencher sur cette décennie douloureuse pour laisser une trace aux générations futures qui n’ont pas connu cette période.

Un hommage appuyé est dédié à la femme à travers la fille de Azzedine qui conduit un avion de ligne. Cette scène est inspirée par la présence de deux femmes pilotes de la compagnie Air Algérie, dans les années 1970. Les Européens étaient agréablement surpris de voir ces dames descendre de leur avion. La magifique scène de l’appareil qui décolle, c’est un clin d’œil à l’Algérie qui avance malgré la force d’inertie imposée par les événements des années 90.

Le film est servi par un panel d’artistes connus et expérimentés comme Fouzi Saïchi, Saboundji, Chafia Boudraâ (révélée dans L’incendie de Mustapha Badie), Aziz Boukerouni, Krikeche, Rahim, comme les acteurs principaux Aggoune et Amel Wahbi qui sont bien rentrés dans leur personnage malgré leur premier rôle.
De jolis morceaux de musique andalouse ont agrémenté les scènes des élèves au conservatoire. L’art est omniprésent, avec des tableaux de peinture, des tours de prestidigitation, une fille jouant au piano … Le décor des vestiges de Djemila sert de cadre aux clowns. Le théâtre est aussi présent avec la pièce Tartuffe. Ce dernier utilise la religion pour berner son entourage. Il arrive même à accaparer la demeure de son hôte qui l’engraisse. Le réalisation a voulu montrer les faux dévots qui sont légion dans notre pays. La bigoterie n’est pas propre à notre pays mais elle a été exacerbée par la décennie noire.

Ainsi l’auteur veut montrer que la pratique de la religion n’est pas incompatible avec les activités artistiques. Cela est exprimé par les scènes où une actrice a un livre sacré posé à côté d’elle sur une table. Azzedine lève le doigt vers le ciel avant de mourir.

Subrepticement, la violence est montrée dans la première partie du film. Elle est juste suggérée par des menaces verbales et la nervosité du réalisateur de la pièce qui a failli provoquer un accident. L’anxiété sur le visage de Aziz Boukeroumi est bien mise en évidence par l’acteur. Les affiches collées et arrachées expriment une certaine tension des personnages. A partir de la démission de Chadli, la violence devient physique. Coup sur coup, deux grandes figures de la culture sont assassinées : Tahar Djaout et Abdelkader Alloula.

Côté technique, Rahim nous apprend que le Fila été interrompu pendant une année et demie. C’est un coup et un coût après le décès tragique du directeur photos. Entre-temps, les acteurs peuvent changer de corpulence et les rapports avec le producteur changent.

Le film a été porté par des acteurs de talent épaulés par une belle photo et une musique bien synchronisée. La scène du décollage de l’avion est un moment d’anthologie et un régal pour les yeux.

Le film a beaucoup plu au public à telle enseigne que des personnes l’ont vu lors de ses deux projections. M._Fodhil, membre de l’association Hiwar et opérateur projeteur, aurait souhaité la présence d’un stick pour éviter les échos. M. Moussaoui de la même association pense que la copie en DVD se détériore plus vite que celle en 35 mm.

Pour l’acteur Adar, Rahim est très méticuleux. Il a l’avantage d’avoir été un acteur. M. Harhoura Tahar, producteur et propriétaire de la boîte Rahim-films, a déclaré que le tournage a connu des perturbations mais reste d’une bonne facture et très intéressant. Il a travaillé avec Merzak Allouache, Belloufa, Slim Riadh.

Notons le grand succès de Hassan Kechach auprès des Chelfis. Tout le monde voulait se photographier avec lui. Une star est née et à n’en point douter, nous la reverrons dans beaucoup de grands films.

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par Medjdoub Ali

in Le Soir d’Algérie

12.03.16