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1er mai : Petites ruses du régime pour occulter la journée internationale de lutte des travailleurs contre le capitalisme et et les agressions impérialistes

samedi 30 avril 2016, par Alger republicain

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Editorial du numéro de mai 2016 d’Alger républicain

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On ne cessera jamais de dire combien ce régime est diabolique dans son entreprise d’effacement méthodique des repères politiques et sociaux des travailleurs. Pour quelle étrange raison a-t-il décidé depuis quelques années que la finale de la Coupe de football se déroule le 1er mai ? Jadis elle se jouait au cours du mois de juin. Comment ne pas voir dans cette mesquine diversion l’expression d’une volonté de couper les classes laborieuses à la fois de leurs racines sociales historiques et de leurs liens de solidarité avec leurs camarades du reste du monde ? Ajouter à cela l’interdiction bien installée depuis un quart de siècle de toute manifestation, y compris le 1er mai, au nom des lois dévoyées de la lutte contre le risque terroriste. On savait que pour le mouvement réactionnaire drapé sous le voile de l’Islam rien n’est plus insupportable que l’idée de la lutte de classes. Son "syndicat islamique du travail" avait indirectement inscrit son interdiction dans ses statuts en proclamant qu’entre croyants il ne pouvait exister de conflits sociaux, qu’entre patrons et employés unis face à la même qibla ne pouvait prévaloir que l’entente sacrée dans l’édification de la communauté des frères en religion. Ce que ce mouvement anti-ouvrier n’avait pu mener à son terme, son ascension vers les cimes du pouvoir ayant été brisée en 1992, le régime a réussi à le faire par ses grossiers tours de passe-passe qui suintent la peur autant que la haine des prolétaires.

Sous les discours officiels à la gloire du "caractère social" de la république algérienne, on décèle sans peine l’hostilité pour le monde ouvrier. Mais on vantera ce caractère tous les 24 février, lors de la commémoration de l’anniversaire de la création de l’UGTA. Il y a beaucoup de choses à dire sur le sens caché de cette création par les chefs du mouvement de libération. Le recul historique de 60 ans, l’expérience sociale accumulée par plusieurs générations de travailleurs, permettent de discerner derrière leur décision la volonté alors informulée de la petite-bourgeoisie de placer le mouvement ouvrier sous son hégémonie au nom de prétendues nécessités de la lutte de libération.
Ne s’arrêtant pas là, le régime a poussé son audace cynique jusqu’à "délocaliser" le meeting central du 1er mai de l’UGTA, son syndicat maison pourtant, loin, très loin de la capitale, hors de toute concentration ouvrière, parfois dans des villes sans usines. Dans des salles fermées, en compagnie des représentants du régime, on voit de plus en plus fréquemment se congratuler le SG de l’UGTA et le président de l’organisation patronale du FCE, le premier jurant au second qu’il n’y aura plus jamais de grèves en vertu de leur "pacte social". Sous les hypocrites sourires de circonstance accompagnant la remise de cadeaux à deux sous à de vieux retraités convoqués pour donner le change, se dissimule le mépris viscéral des nouveaux possédants pour les classes laborieuses. On sent combien tout ce monde aimerait se passer de ce genre de cérémonies que le poids du rôle du peuple dans la libération nationale leur impose encore tous les ans.

Comment ne pas partager le sentiment de profonde indignation qui saisit les syndicalistes de tous bords, y compris de l’UGTA, devant tant de hargne contre l’identité même du mouvement ouvrier ? Une identité par essence internationaliste face à un adversaire de classe se réclamant désormais d’un ordre "mondialisé". Cet ordre est celui des oligarques arrogants qui proclament, sans le croire au fond d’eux-mêmes, que la page de l’ "utopie communiste" est tournée, après la victoire de leur contre-révolution en URSS. L’ordre vermoulu des manitous de la finance, au nom des intérêts desquels la classe ouvrière est sommée de se plier en acceptant les contrats à durée éphémère, le statut de salarié jetable.

[*L’histoire du 1er mai est celle des combats menés par la classe ouvrière pour améliorer sa condition morale et matérielle, conquérir le droit de s’organiser, abolir le système électoral censitaire réservant le droit de vote aux seuls nantis, élire ses représentants. Ces combats se terminaient souvent dans le sang ou sous la potence. Il a fallu que les avant-gardes ouvrières de plus en plus rassemblées dans l’Internationale créée par Marx, arrivent vers le dernier quart du 19 ème siècle à coordonner sur tous les continents les mêmes revendications, limitation de la journée de travail à 8 heures, salaire minimum, repos hebdomadaire obligatoire, congé payé annuel, pour que la classe ouvrière prenant conscience de sa force fasse plier ses exploiteurs en les contraignant à des concessions.*]

Avec le recul du mouvement ouvrier dans le monde, un recul relatif au vu de la résistance que les travailleurs continuent à opposer à l’acharnement de leurs exploiteurs, les capitalistes de tous les pays en sont arrivés à caresser le rêve insensé de supprimer purement et simplement tout Code du Travail et pourquoi pas, au nom des exigences de l’accumulation du Capital, d’édicter une loi qui plafonnerait le salaire à l’instar des lois du salaire maximum en vigueur il y a six siècles en France et en Angleterre. Ou au nom de l’"efficience" économique, pour reprendre les termes affectionnés par les zélés néophytes algériens de l’ "économie de marché" expression honteuse qui leur évite d’avoir à prononcer le mot "capitalisme".

Pendant que les supporters du MCA ou du NAHD pousseront ce premier mai, au stade du 5 juillet, leur cri de joie à chaque but marqué contre le camp adverse, nos dirigeants riront sous cape pour le mauvais tour qu’ils croient avoir réussi à jouer contre la classe ouvrière algérienne en organisant un divertissement populaire d’une telle ampleur. Mais, comme le dit si bien l’adage populaire, "gare à celui qui compte tout seul". La colère s’accumule. On ne peut pas berner tout le monde tout le temps ! Ceux qui pensent que la chute du prix du pétrole leur permettra de faire passer leurs plans de régression vers le moyen-âge social en seront pour leurs frais. Il se pourrait bien que la réaction des travailleurs face à l’austérité à sens unique, aux dépens de ceux qui ne vivent que du fruit de leur travail, et au bénéfice de l’enrichissement de la bourgeoisie, soit à l’opposé de leurs petits calculs.

Quoi que fassent nos gouvernants, la finale de la Coupe ne pourra pas reléguer à l’arrière-plan la journée internationale de lutte de la classe ouvrière contre l’exploitation capitaliste, les injustices, l’arbitraire et les plans de l’impérialisme et de ses complices internes.

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Zoheir BESSA <doc1463|right>

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