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4eme sommet Union européenne - Afrique 2014
vendredi 25 avril 2014, par
Les rapaces de Bruxelles et de la France-à-fric, inquiets pour leurs multinationales de la concurrence chinoise et des pays émergents, ont convoqué leurs supplétifs africains pour un rappel à l’ordre
A l’ordre du jour : la lutte contre l’immigration illégale. En fait, rien d’autre qu’un prétexte fallacieux pour tromper l’opinion publique africaine. Le sommet n’a été qu’une vulgaire mise en scène des puissances impérialistes expertes en mensonge et en manipulation.
Plus de 60 chefs d’Etat et de gouvernement européens et africains, réunis à Bruxelles les 2 et 3 avril 2014, ont convenu de lutter contre l’immigration illégale en adoptant un plan d’action pour la période 2014-2017 qui comprend le retour et la réadmission des personnes en séjour illégal en Europe.
Même Ban-Ki Moon secrétaire des États-Unis … pardon de l’ONU, était présent. C’est dire l’importance de ce sommet pour l’impérialisme. Les représentants des pays européens sont connus par leurs exploits humanitaires contre les peuples colonisés, en particulier la France, chef de file des « interventions humanitaires ». Etaient également présentes à ce sommet, quelques semi-colonies européennes telles la Lituanie, la Pologne, la Roumanie, la Croatie, le Kosovo. Et l’on peut se demander pourquoi elles étaient là. Ceci, sans oublier les maîtres de l’Union européenne, de la manipulation et du mensonge : les Merckel, Hollande, Rajoy, Barroso et d’autres. Mais pour les représentants des pays africains, c’est autre chose, ils sont venus nombreux. Près de 48 pays ont répondu à l’appel des rapaces occidentaux.
Première question : Qui sont-ils, ces dirigeants africains qui prétendent parler au nom de leurs peuples ? Voici quelques dirigeants de la Françafrique parmi tant d’autres, leurs parcours sont éloquents.
Idriss Deby fleuron de la Françafrique, membre de la CEDEAO, représentant le Tchad, a pris le pouvoir par la force avec l ‘appui des troupes françaises et dirige ce pays en véritable dictateur, évidemment sous la haute protection de ses maîtres. Il envoie son armée pour mater des révoltes populaires. Cette armée est actuellement à l’œuvre en République Centrafricaine et au Mali. Il faut rappeler que la France avait soutenu pendant 8 ans l’ancien dictateur Hissène Habré.
Alassane Ouattara, grand ami de la France, membre de la CEDEAO, « président » de la Côte d’Ivoire. Après un massacre sans nom de la population (selon l’ONU plus de 3000 morts) et l’arrestation du véritables chef d’État, il a pris le pouvoir avec l’appui des troupes françaises, (un coup d’État dont les Africains ont l’habitude). Il dirige ce pays en dictateur et pour ne pas être inquiété par les partisans de l’ex-président, il monte un complot avec la complicité de la France en accusant Laurent Gbagbo de crime contre l’humanité pour l’envoyer devant la cour pénale internationale. Devant pareille évidence, cette CPI, quel rôle joue-t-elle et pour qui ?
Il devient clair que cette juridiction a été conçue pour juger les dirigeants africains anti-impérialistes qui résistent de plus aux injonctions des puissances occidentales.
En effet, des puissances impérialistes comme les États-Unis par exemple, refusent toujours de lui donner leur adhésion de crainte de devoir répondre des crimes qu’ils ont commis lors de leur agression contre l’Irak.
La CPI a été créée le 1er juillet 2002 à l’issue de la conférence diplomatique plénipotentiaire des Nations Unies. Le statut de la CPI fut signé à Rome le 17 juillet 1998 par 120 États. Au 1er mai 2013, 122 États sur les 193 États membre de l’ONU, ont ratifié cette juridiction. C’est une juridiction chargée en particulier de juger les personnes accusées de génocide, de crimes contre l’humanité, de crimes d’agression et de crimes de guerre.
Aujourd’hui, rares sont ceux qui ne reconnaissent pas qu’il y a bien eu un véritable coup d’État et une agression délibérée de la France en Cote d’Ivoire. C’est l’armée française qui a encerclé la résidence de Laurent Gbagbo et qui l’a arrêté. Les instigateurs de ce coup d’État sont Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire et le président de la France de l’époque. Par conséquent, si ces principes sont appliqués, ce sont ces deux responsables qui doivent être à la place de Laurent Gbagbo pour être jugés pour crime de guerre et crime d’agression. A noter qu’Alassane Ouattara s’est fait représenter à ce 4ème sommet par l’un de ses sbires.
Blaise Compaoré, grand ami de la France, membre de la CEDEAO, représentant le Burkina Faso, prend le pouvoir à la suite d’un coup d’Etat réalisé avec la complicité de l’impérialisme français. Il est soupçonné d’être le principal responsable de l’assassinat du président Thomas Sankara.
Gnassingbé Eyadéma, grand ami de la France, membre de la CEDEAO, président de la république Togolaise, homme lige de la Françafrique, a pris le pouvoir grâce à un coup d’État. Il est le principal complice de l’assassinat de Sylvanus Olympio, premier président du pays. Sylvanus Olympio voulait sortir du franc CFA et renégocier les contrats avec la société minière qui exploite le phosphate. A la veille de la signature de la mise en pratique de la nouvelle monnaie, il est assassiné.
Eyadéma décède après 40 ans de règne sans partage et suite à une élection bidon, ses sbires font élire son fils à sa place. C’est une affaire de famille et de la Françafrique.
Denis Sassou Nguesso, président de la république du Congo Brazzaville, personnage emblématique de la Françafrique, corrompu jusqu’à la lie, soupçonné d’avoir détourné plusieurs milliards de dollars de fonds publics. Il est l’homme à tout faire de la France.
Joseph Kabila, président du Congo Kinshasa a refusé l’invitation des rapaces de Bruxelles. C’est le seul pays africain qui a refusé de participer à cette mascarade. Il est l’homme à abattre.
Paul Biya, président du Cameroun, pays colonisé par le colonialisme allemand puis occupé par la France et l’Angleterre qui se sont conjointement partagé le territoire du Cameroun, gérant chacun sa parcelle à sa manière. Paul Biya au pouvoir depuis 1982 et soutenu sans faille par la France. On prétend que c’est le pays le plus corrompu du monde. Ce qu’il ne faut pas oublier est que la France y a mené une guerre féroce dans les années 1950 et 1960. Rappelons que cette guerre qui a fait selon les rapports militaires français eux-mêmes, plusieurs dizaines de milliers de morts, a eu pour rôle d’écraser le mouvement nationaliste camerounais porté par l’Union des Populations du Cameroun (UPC).
Les populations furent soumises à des bombardements intensifs et à une vaste politique de regroupement forcé de villageois dans des villages militarisés. Il y eut la mise en place d’une guerre psychologique de grande ampleur et d’un système de torture généralisé, de multiples exécutions extra judiciaires recensées auxquels se sont ajoutés les forfaits des sanguinaires milices profrançaises. Bref, un arsenal analogue à celui fut déployé au même moment en Algérie.
Une citation de Pierre Messmer, Haut Commissaire de la France à Yaoundé de 1956 à 1958 rappelle : « La France accordera l’indépendance à ceux qui la réclamaient le moins après avoir éliminé politiquement et militairement ceux qui la réclamaient avec le plus d’intransigeance »
Un véritable massacre passé sous silence par les médias français si habitués au règne de l’omerta coloniale puis néocoloniale et au discours négrophobe relativisant ces crimes "pas trop importants dans ces pays là".
Ismaïl Omar Guilleh, président fictif de la république de Djibouti. Ce pays est sous occupation de fait, de l’armée française. Il le dirige en véritable dictateur avec la protection bienveillante française.
Djibouti = dictature, fraude corruption, répression à l’ombre des bases militaires française et USA.
Ibrahim Boubacar Keita est devenu président du Mali à partir d’une élection organisée sous occupation française, et qui n’a aucune valeur juridique ni légale. Il a été nommé président sous contrôle. L’intervention de l’armée française était prévue de longue date, il fallait tout simplement monter un scénario de manipulation et de mensonge et le donner en pâture à l’opinion publique. Dans un premier temps, avec des complicités internes, il fallait diminuer les capacités de l’armée malienne à combattre les rebelles dans le Nord Mali. Ainsi, le matériel militaire commandé par l’armée malienne bloqué dans un port au Sénégal, sur ordre de la CEDEAO.
Qui étaient ces rebelles ? Peu importe leur nom, ils venaient de la Libye avec un armement impressionnant et des 4x4 flambants neufs fournis par l’OTAN et la France impérialiste. Suite à des défaites successives contre les rebelles et au mécontentement des militaires et des officiers, un coup d’État du capitaine général Amadou Haya Sanogo a eu lieu, un de plus, au prétexte de réorganiser l’armée.
Qui était ce Sanogo ? Un militaire formé par des marines américains et des agents de la CIA américaine pour la lutte antiterroriste. Toujours est-il, que ce coup d’État fut le déclencheur pour liquider ce qui restait de pouvoir à Bamako et fournir le prétexte à l’ingérence de la CEDEAO, agissant en gendarme de l’Afrique aux ordres de l’impérialisme français. La suite est tellement limpide, toutes les conditions étaient réunies pour l’opération "Serval" qui n’est rien d’autre qu’une opération de type colonial pour promouvoir et défendre les multinationales françaises.
Catherine Samba-Panza présidente de transition de la république de Centrafrique nommée par la ratatouille de la Françafrique sous contrôle et occupation de l’armée française. La Centrafrique détient le triste record des coups d’Etat. Entre 1976 et 2014, 5 coups d’Etat ont eu lieu, réalisés avec la complicité de la France. Les Jean Bédel Bokassa, Ange Félix Patassé, François Bozizé, Michel Djotodia le dernier en date, sont tous des hommes interchangeables de la Françafrique. Par exemple pour François Bozizé, la France l’a remplacé parce qu’il voulait passer un important contrat avec la Chine …
Même scénario que pour le Mali et d’autres interventions militaires des puissances impérialistes. Depuis la contre-révolution en URSS, on ne se gène plus. Tous les pays qui résistent sont dans le collimateur des impérialistes.
Youcef Yousfi, Premier ministre de l’Algérie, venu prêter allégeance aux rapaces de Bruxelles et chercher à obtenir un appui à l’équipe qui dirige le pays. Pour se maintenir au pouvoir, cette petite minorité se soumet aux injonctions des puissances impérialistes sans complexe. Alors que notre peuple à souffert pendant les 132 années de colonisation et à réussi à arracher de haute lutte notre indépendance au prix d’énormes sacrifices, cette petite minorité bafoue la souveraineté nationale en permettant aux dirigeants des puissances impérialistes de se balader dans notre pays sans contrainte et de s’ingérer grossièrement dans nos affaires intérieures sans aucune protestation de la faune politique de nos institutions.
A l’exception d’Alger Républicain et à de très rares et épisodiques exceptions pour certains titres, notre presse nationale vante les excellentes relations avec la France. De qui se moque-t-on ? Et de quelle France s’agit-il ? De la France des bourgeois, des impérialistes ou bien de celle des exploités ? Faire croire que les impérialistes français veulent nous aider, c’est une affirmation très dangereuse dans la situation actuelle. Notre peuple ne doit jamais oublier que l’impérialisme français n’a jamais accepté de perdre l’Algérie et en particulier le Sahara. Il attend simplement et espère toujours que les conditions de déstabilisation de notre pays soient un jour réunies pour mettre en place dans notre pays, une équipe de dirigeants totalement soumis à ses conditions.
Il faut se poser cette question : pourquoi ceux qui dirigent notre pays ont-ils autorisé le survol de notre territoire aux avions militaires français pour agresser un pays frère, en l’occurrence le Mali ? C’est d’abord un geste inamical envers ce pays et ensuite, qui constitue une participation à l’agression.
Autre question : quelle est la contrepartie que la France a donnée ou a promise ? A moins que la décision n’ait été prise sous une menace directe, lors du voyage de Hollande en Algérie. Connaissant ce président va-en-guerre, on peut se poser la question. Il reste que cette décision est gravissime pour notre pays.
Il n’est pas nécessaire de citer tous les pays qui ont participé à ce simulacre de réunion, mais on ne peut pas oublier certains dirigeants qui ont honteusement souillé l’Afrique plus que d’autres.
Voici ces quelques chefs d’États africains qui se sont vautrés sans retenue dans la compromission avec l’impérialisme. C’étaient les très grands amis de la France, la France des impérialistes, faut-il préciser.
Albert Bernard Bongo, président du Gabon, il se converti à l’Islam et se fait appeler Hadj Omar Bongo. C’est un personnage représentatif de la valetaille aux bottes de ses maîtres. Il a régné pendant 42 ans avec la complaisance et sous la protection française. Son règne a symbolisé la compromission avec la France impérialiste. Voici, parmi d’autres, une de ses déclarations qui résume bien la servilité de cette engeance : « L’Afrique sans la France, c’est la voiture sans chauffeur. La France sans l’Afrique, c’est une voiture sans carburant »
Il se considérait comme propriétaire du pays. Toute sa famille était à des postes clés de responsabilité. Il a été reçu en grande pompe et avec tout les honneurs par tous les présidents français : De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, etc. Pour s’attirer les bonnes grâces de nombreux politiciens français haut placés, il les soudoyait largement. La corruption était son leitmotiv. Il faudrait tout un roman pour décrire ce personnage sordide. La risée et la honte de toute l’Afrique.
Aujourd’hui rien n’a vraiment changé au Gabon.
Jean-Bedel Bokassa : un véritable bouffon. Le 4 décembre 1977 en Centrafrique, Jean-Bedel Bokassa s’autoproclame Empereur sous le nom de Bokassa 1er. Il se ceint de la couronne avant de couronner son épouse qui prend le titre d’Impératrice. Une cérémonie directement inspirée du sacre de Napoléon 1er. Décors et costumes n’ont pas grand-chose à voir avec les traditions africaines et qui même les renient : de longs manteaux d’hermine, des cavaliers en tenue de hussards et même des carrosses pour une traversée de la capitale. Jamais l’Afrique n’a connu un tel spectacle. Tout cette mascarade a été réalisée sans honte avec la complaisance des dirigeants de la France impérialiste, sans compter les cadeaux somptueux qui furent offerts à son chef d’État et à ceux d’autres pays présents à cette monumentale mascarade. L’affaire des diamants est encore dans les mémoires.
Amin Dada, personnage analphabète et burlesque. Il prend le pouvoir suite à un coup d’État soutenu par les puissances occidentales. Dans un comportement paranoïaque et soupçonneux, Il pourchasse tout ceux qui selon lui, peuvent le menacer. Une ONG, dans un rapport remis au Nations Unies, estime entre 25.000 et 250.000, les personnes assassinées depuis le coup d’État de 1971. Les pays civilisés se clamant démocratiques, n’ont rien trouvé à redire durant son règne.
Mobutu Sese Seko, président du Congo belge, un autre personnage putride. Premier maréchal en Afrique avec l’appui de la Belgique, ancien pays colonisateur et des États-Unis, il prend le pouvoir après un coup d’État contre Patrice Lumumba qu’il fait arrêter et transférer au Katanga chez son ami Moïse Tshombé où il est assassiné. Le corps de Lumumba est dissous dans l’acide pour effacer tout symbole pouvant être utilisé par le peuple.
Avec l’appui sans faille et la complaisance des puissances occidentales et des Etats-Unis, Il régnera sur le Congo belge pendant 32 ans. Il a massacré ses opposants (plusieurs milliers) et ruiné le pays. Il a eu le temps de se remplir les poches. Sa fortune personnelle fut estimée à sa mort entre 5 et 6 milliards de dollars. Il a laissé une dette publique de 13 milliards de dollars.
Voilà en résumé ce que l’on peut constater sur la validité des représentations de l’Afrique à ce sommet EU-Afrique du 2 avril 2014 à Bruxelles.
L’Afrique tout entière est sous domination des puissances impérialistes. De ce fait, depuis la traite monstrueuse jusqu’à nos jours, le continent africain subit toujours l’humiliation et la barbarie occidentale. L’homme africain est toujours considéré comme un sous homme. Un racisme qui dépasse et de loin, l’antisémitisme. Aujourd’hui encore, entre 70 à 80% des populations sont, sur tout le continent, en état de délabrement et de misère endémique insoutenables. Et cela ne peut-être autrement du fait que depuis la disparition de l’URSS, toutes les économies des pays africains se sont engagées sur la voie capitaliste.
Les lois du système capitaliste sont partout les mêmes : exploitation des travailleurs et des masses populaires et répression contre toute atteinte au système. Une petite minorité constituée en classe dominante qui profite du système et impose son pouvoir sur toute la population.
Ces dirigeants, qui ont participé à cette mascarade, ne sont pas les représentants des peuples. Ils représentent ces bourgeoisie corrompues, mafieuses, parasitaires et inféodées aux puissances impérialistes. Ils n’ont aucune légitimité pour représenter leurs peuples.
Les peuples africains doivent être convaincus que le capitalisme ne peut résoudre en aucun cas les problèmes économiques et du développement du continent et produire le bien être des populations.
Les masses populaires doivent s’organiser pour démanteler cette bourgeoisie compradore et corrompue jusqu’à la lie. Les nouveaux dirigeant doivent être de la trempe des Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Modibo Keita, Jomo Kenyata et bien d’autres qui se sont battus pour extraire le continent des mâchoires infectes des puissances impérialistes.
Liès Sahoura
19.04.14