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Augmentation injustifiée des prix des aliments de volaille Les éleveurs dénoncent le diktat des importateurs
lundi 4 octobre 2010, par
[rouge]Quelque 1,4 million de personnes risquent de perdre leur gagne-pain. L’Algérie importe chaque année 3 millions de tonnes de maïs.[/rouge]
Le secteur avicole est au bord de la crise. Les aviculteurs disent souffrir énormément de l’augmentation des prix de l’aliment au cours de ces dernières semaines. Une augmentation « injustifiée » qui fait réagir l’Association nationale de la filière avicole (ANFA). « Dès que les importateurs des céréales ont eu vent d’une prochaine augmentation des prix des céréales, dont le maïs et le soja, sur le marché international, ils n’ont pas hésité à répercuter dès maintenant ces augmentations sur les quantités importées il y a quelques mois à des prix bas », dénonce Mokrane Mezouane, président de l’ANFA, qui accuse certains importateurs de s’être constitués en un véritable cartel imposant des prix spéculatifs aux producteurs sans aucune logique commerciale.
Bulle spéculative
« Le quintal de maïs est passé de 2000 à 2500 DA en trois jours. Le prix du soja a également augmenté », précise-t-il tout en interpelant les pouvoirs publics afin qu’ils prennent des dispositions « urgentes » pour protéger la filière avicole de cette bulle spéculative qui risque d’emporter plusieurs milliers d’emplois et de réduire considérablement les investisseurs futurs dans la filière. « L’aliment est le facteur de production le plus essentiel. Il représente 70% du prix de revient du produit », souligne Salim Messani, éleveur vétérinaire. « Si les prix du maïs et du soja augmentent sur le marché international dans les mois prochains en raison notamment des inondations en Chine, au Pakistan et des incendies en Russie, la hausse des prix de ces deux produits actuellement en Algérie est purement spéculative, induite par des importateurs qui cherchent à s’enrichir rapidement », regrette M. Mezouane qui espère une action d’envergure de la part des autorités en charge du secteur pour remettre les choses à leur place.
Pour lui, la situation est à la fois « explosive et inquiétante à plus d’un titre ». L’une des raisons est que les éleveurs dépendent entièrement des importations. Cette augmentation frénétique et injustifiée des prix du maïs et du soja, imposée par quelques opérateurs, met en difficulté des milliers d’éleveurs. « Situation qui risque, au cas où elle perdurerait, d’entraîner toute la filière dans un processus de démantèlement dont les conséquences seront catastrophiques tant sur le plan économique que social », prévient l’ANFA dans une lettre adressée au gouvernement.
Mise au pas
Pour cette association, il s’agit là d’une « ultime manœuvre » pour tenter de mettre « au pas » les aviculteurs. « Nous appelons les pouvoirs publics à réagir rapidement pour mettre un terme à cette situation d’anoxie que vit la filière. A l’heure où le monde enregistre une envolée spectaculaire des prix des différentes céréales, pour des raisons tout aussi évidentes que curieuses, il devient impératif pour tous les acteurs de la filière de faire montre de solidarité pour affronter les difficultés et surmonter les embûches qui menacent l’activité », ajoute-t-on dans la même lettre.
« On pensait avoir affaire à des partenaires (les importateurs, ndlr), mais voilà que la réalité est tout autre. Nous sommes plutôt devenus prisonniers de leur appétit incontrôlé et de leur soif du gain rapide. Il faut que l’État intervienne, car il y a péril en la demeure », lance M. Mezouane comme un cri d’alarme, s’inquiétant pour l’avenir des 1,4 million personnes vivant grâce à cette filière qui, actuellement, bat de l’aile. Le président de l’ANFA estime que plusieurs éleveurs risquent de mettre la clé sous le paillasson.
Cela signifierait moins d’investissements dans la filière, ce qui ne sera pas sans conséquence sur la production et donc sur le prix du produit déjà élevé. Il espère ainsi que l’Etat rappelle à l’ordre ces importateurs qui refusent de vendre leurs produits au prix réel du marché en fermant leurs dépôts bloquant toute la filière. « Où va-t-on ? », se demande-t-il. L’Algérie importe annuellement 3 millions de tonnes de maïs.
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Mokrane Ait Ouarabi
in El Watan du 28 septembre 2010