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Bouteflika incapable d’assumer ses fonctions ? Puisque tout le monde en parle, parlons-en aussi, un peu
jeudi 28 avril 2016, par
Les séquelles de la maladie dont souffre le président Bouteflika (un AVC, accident vasculaire cérébral) sont l’objet de nombreux commentaires et même de rumeurs parfois alarmantes émises par certains responsables politiques de divers partis, et toujours invérifiables selon le "principe secret d’Etat". Tous ces gens, chacun à leur manière, tentent de récupérer l’entièreté de l’appareil d’Etat à commencer par le haut koursi bien pratique pour les affaires. La presse non gouvernementale, hostile à Boutefika, se fait une joie de commenter à toute occasion la santé du Président le décrivant ou le montrant affaibli comme lors de la visite de Manuel Valls, le premier ministre français. Hormis l’aspect humain, et cela est important, la santé du Président est-elle vraiment problème pour l’économie et les intérêts nationaux du pays ? La vraie question n’est-elle pas ailleurs avant de poser celle de sa santé ?
En quoi les choix de classe de ceux qui aspirent à prendre la place de Bouteflika se distinguent-ils vraiment de la politique que ce dernier poursuit depuis maintenant 17 ans ? Benflis par exemple propose-t-il une alternative autre que de donner un coup de chiffon sur la poussière que laissera Bouteflika ?
L’héritage que lèguera Bouteflika sera bien maigre sinon inexistant pour les travailleurs, les chômeurs, la jeunesse qui n’en garderont pas, disons-le, un souvenir impérissable. Bien évidemment, il n’est pas interdit de penser que la bourgeoisie n’en continuera pas moins d’appliquer la politique menée jusque-là, quelle que soit la fraction - ou le clan - à laquelle elle appartient. L’orientation politique ne dépend pas d’un homme mais de la classe sociale qui possède les grands moyens de production, contrôle les instruments d’échange monétaires et financiers fussent-ils publics, et en conséquence tient dans ses mains les rênes du pouvoir. Et cela malgré les contradictions qui la minent obscurément ou publiquement. Contradictions pour ainsi dire naturelles dans une société capitaliste où la concurrence pour le profit le plus élevé a son reflet dans la vie politique. La lutte pour la satisfaction des ambitions personnelles des politiciens de la bourgeoisie, leurs querelles pour la préséance n’en sont qu’une des facettes. Benflis, l’homme courtisé par l’ambassadrice des USA ou Djilali Soufiane, que le général fantasque Benhadid tient en peu d’estime ? Le démagogue Makri qui s’abrite derrière le Coran ou l’inénarrable Rebaïne ? Sont-ils autre chose que des laquais du système capitaliste cherchant à le sauver en sacrifiant Bouteflika et les personnalités à leur goût périmées ?
Quelle a été jusqu’à présent la politique suivie par les pouvoirs qui se sont succédé dans notre pays depuis 1978 ? Un premier bilan, même provisoire, de la gestion de l’Etat est déjà fait par les masses populaires qui ont pu faire la comparaison. Celui, mis en place par la bourgeoisie, a toujours consacré ses efforts à la servir aveuglément, à son enrichissement ultra rapide au détriment des masses populaires dont la pauvreté est, elle aussi, ultra rapide. Rebrab a fait preuve d’efficacité dit la rumeur fabriquée dans les laboratoires d’intox que l’on devine. En effet mais pour lui-même et pour ceux qui ont mis à sa disposition la manne financière de l’Etat. 98% d’importation et 2% de production, voilà un bilan bien enviable ! Mais de quelle production parlent-ils ? D’une usine de combinaison d’huile pour faire accroire auprès de journalistes béats qu’il mérite la médaille de grand producteur de richesses ? Cette bourgeoisie, malgré ses cris effarouchés peut-elle parler de miracle ? C’est pour elle que le miracle s’est produit et non pour les masses laborieuses qui n’en peuvent plus de leurs misérables conditions de vie. Ni même pour le développement des forces productives du pays.
Crise ou pas crise, en tout cas pas pour tout le monde, bien sûr, nous sommes dans un régime ouvertement capitaliste qui, à l’instar des autres pays au même système, visera toujours à satisfaire les visées d’une bourgeoisie avide, jamais satisfaite de ses profits, de ses énormes richesses accumulées en un temps record.
Seules les luttes des travailleurs et non pas un tel ou un tel individu aussi prestigieux soit-il, pourront apporter un réel changement à leur situation.
N’abordons pas ici les divers aspects de la politique extérieure du pouvoir, sur laquelle, là aussi, il y a tellement à dire …
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Abdelkader Hamidi
21.04.16