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Comment l’avion de la Malaysia Airlines a-t-il pu s’écraser dans la zone de guerre ukrainienne ?
dimanche 20 juillet 2014
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Hier, un avion de la compagnie Malaysia Airlines s’est écrasé dans la région de Donetsk. Les passagers et les membres d’équipages sont morts, soit presque 300 personnes. La première question qui vient à l’esprit est comment un avion de ligne qui effectue une liaison régulière entre Amsterdam et Kuala Lumpur a pu survoler une zone en guerre ? Donc pourquoi l’espace aérien n’était-il pas fermé ? Parce que, officiellement, il n’y a pas de guerre, officiellement il y a une petite opération menée par Kiev contre des terroristes. La première raison de la mort de ces personnes est l’hypocrisie. Mais au-delà de cet aspect, plusieurs faits surprennent et les hypothèses s’accumulent.
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La question de l’ouverture de l’espace aérien
L’ouverture de l’espace aérien au-dessus d’une zone de conflit violent est surprenante. D’une part, le 8 juillet, les autorités ukrainiennes déclarent fermer l’espace aérien au-dessus des zones de conflit dans le sud-est pour des raisons de sécurité. Seuls les avions volant à plus de 7900m sont autorisés à survoler la zone. Ensuite, le plancher est passé à 9600m. Autrement dit, les combattants ne disposent pas des moyens techniques d’abattre des avions volant à très haute altitude.
Pour sa part, le service européen du contrôle aérien a tout d’abord déclaré qu’il s’agit d’un accident et ne voit donc aucune raison de fermer l’espace aérien au-dessus de la zone. Il a fallu attendre quelques heures pour que le ministre ukrainien des Infrastructures fasse savoir par Facebook que l’espace aérien au dessus de Lugansk, Donetsk et en partie au-dessus de Kharkov était complètement fermé.
Pourquoi cela n’a-t-il pas été le cas avant ? Parce que officiellement il ne se passe rien, même l’Organisation internationale de l’aviation civile avait certifié que la route était sûre. Il ne se passe donc rien de grave. L’armée ukrainienne s’attaque à un groupe terroriste soutenu par Moscou pour déstabiliser l’Ukraine. Ce refus obstiné et incohérent de rendre compte de ce qui se passe entretient une fausse impression de normalité concernant l’Ukraine. Combien de personnes reprochent aux médias russes d’entretenir cette ambiance de guerre. Pourquoi ? Parce que ce sont les seuls médias à ne pas détourner le regard quand les immeubles, les hôpitaux, les marchés, les écoles, les centres villes sont bombardés. Quand les civils se font tuer par des snippers, simplement parce qu’ils traversent la rue. Donc, l’on parle de propagande russe pour qualifier ce que les médias occidentaux ne veulent pas montrer.
Maintenant, peut être que le traitement de l’information va-t-il changer. Il aura fallu tous ces morts pour que les médias occidentaux reconnaissent l’existence d’une guerre en Europe. Une guerre civile, une guerre sale, une guerre fratricide. Et cette guerre va leur sauter au visage. Ce silence médiatique est la première raison de la chute de l’avion malaisien. Si la situation avait été qualifiée de « guerre », le service européen du contrôle aérien aurait totalement fermé l’espace aérien au-dessus de la région, les compagnies aériennes auraient pu modifier le trajet des avions. Ces gens seraient encore vivants.
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Quelles sont les différentes versions envisageables
1. Une erreur du contrôle aérien ukrainien ?
Une information surprenante montre que le trajet suivi par cet avion, qui assure tous les jours la ligne Amsterdam – Kuala Lumpur, a été étrangement modifié justement le jour dela tragédie. Comme vous pouvez le voir en gros planici :
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Autrement dit, avant la date fatidique, l’avion passait au sud de Donetsk et ne survolait pas la zone de conflit. Comme il n’y a plus aucun service de contrôle aérien à Donetsk, l’aéroport étant fermé, les avions sont pris en charge par un aiguilleur à Kiev. S’agit-il d’une erreur ou est-ce volontaire ? Pourquoi modifier le trajet et faire passer l’avion juste au-dessus des zones de combats et de tirs ?
2. Un tir perdu
Il ne faut pas oublier que c’est la guerre. Tous les jours il y a des bombardements, des tirs, des roquettes, des avions sont descendus. Cet avion aurait pu se trouver au milieu d’un tir croisé. Et dans ce cas ni Kiev ni les combattants ne savent réellement qui a tiré le coup fatal.
C’est peu probable, mais c’est possible. Tout va dépendre de la hauteur réelle à laquelle volait l’avion, car celle-ci varie selon les sources, de 6000 à 10000m. Ce fait est important, les forces de Donetsk ne reconnaissant pas avoir le matériel permettant de tirer à 10000m.
3. Un tir des combattants voire des russes eux-mêmes
C’est évidemment la version privilégiée à Kiev, lancée par Biden, Poroshenko et son équipe. Ils affirment que les combattants sont entrés en possession des armes permettant de tirer un avion à très haute altitude. Information démentie par les combattants qui affirment ne pas avoir de système BUK ou de A300, qui sont les seuls à être efficaces. L’information, selon laquelle ils en possédaient, avait été diffusée alors par Kourguinian, qui s’est totalement discrédité la semaine dernière, par ses nouvelles prises de position radicales anti-Strelkov.
Cette version de la responsabilité russe semble être confirmée par un expert militaire français, dans le journal Le Figaro, qui affirme que ni Kiev ni les combattants n’ont de telles armes. Celles-ci ne sont en possession que de Moscou qui donc a tiré sur l’avion.
On rappellera que Kiev est en possession du système BUK, depuis encore la période soviétique sans oublier ses usines de production d’armements. Et la question se pose pour les combattants, les informations et déclarations étant contradictoires sur cet aspect du problème.
Ce qui, en revanche, pose problème, est la raison d’un tel tir ? Les combattants n’ont aucun intérêt à déstabiliser la situation sur place, puisqu’ils reprennent l’avantage sur le terrain. L’armée ukrainienne recule, a de très grosses pertes en matériel et en hommes. Le crash de cet avion, malgré toute l’horreur de la situation, est du pain béni pour Kiev. C’est un électrochoc mondial qui fait tout oublier. Et le massacre d’Odessa, et les crimes de guerre, et les déplacements de populations et les milliers de morts et de blessés, et la centaine de milliers de réfugiés en Russie et tout le reste. Il ne reste qu’une horreur à l’état pur. Horreur que la presse américaine exploite déjà à merveille. The Washington Post, dès hier soir, commençait à reprendre et diffuser la version ukrainienne, insistant sur la très forte possibilité d’une implication des russes ou des « pro-russes ». Les États-Unis affirment que l’avion est tombé suite à un tir de missile sol-air, point, la discussion est close et l’information se diffuse.
Pourtant, il y a ici un petit problème aussi au niveau de la communication ukrainienne. Si l’on suit les horaires auxquels les informations sont diffusées hier, voilà ce que ça donne :
• 17h12 : Poroshenko préside la réunion du Conseil de sécurité
• 17h26 : Le Conseil de sécurité déclare que les combattants dans l’Est sont en possession des moyens techniques permettant d’abattre un avion à très haute altitude.
• 17h49 : A Donetsk, un avion de ligne s’écrase.
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C’est quand même une étrange coïncidence.
Et pour en finir avec la communication, mais américaine cette fois : tout d’abord, dans un faux souci d’impartialité, il est dit que l’on ne sait pas qui a tiré, puis les citations des autorités ukrainiennes mettant en cause leurs adversaires se propagent et finissent par monopoliser le discours, le tout entrecoupé d’informations jouant sur l’émotion et la sensibilité, pour mieux faire passer le message.
La responsabilité des combattants, voire de la Russie elle-même, n’en déplaise à Biden et donc à Poroshenko, n’a aucune logique si l’on cherche à répondre à la question : à qui profite le crime ? Mais elle n’en constitue pas moins la ligne officielle américaine.
4. Version conspirologie : une attaque organisée par Kiev et les États-Unis
Si l’on cherche à répondre à la question, à qui profite le crime, la réponse est évidente : à l’Ukraine et à leurs sponsors américains.
La situation sur le terrain s’enlise, la guerre est beaucoup trop longue, des images finissent pas passer à travers le blocus médiatique, et si ça continue les gens vont finir par savoir tout ce qu’ils ne veulent pas. Et première surprise, mercredi, l’armée ukrainienne installe le système missile sol-air BUK dans la région de Donetsk. Pourquoi ? Il s’agit d’un système spécialement conçu pour descendre les avions volant à très haute altitude. Or, les combattants ont récupéré un seul avion, qui n’a même pas encore volé. Vraiment étrange, quel est le sens ? Et juste à ce moment-là …
Ensuite, même si les services américains disent et martèlent que la seule version acceptable est ce missile sol-air, un contrôleur aérien espagnol, travaillant à l’aéroport de Kiev, affirme que ce Beoing était accompagné par deux avions de chasse ukrainien avant de disparaître. Et finalement, il n’est plus question d’un missile sol-air, mais d’un tir effectué depuis un avion de chasse.
Si l’on continue dans cette logique, quel serait l’intérêt de commettre un tel crime ? Il faut au minimum mettre un terme à ce conflit et gagner les territoires perdus et au maximum provoquer la Russie pour qu’elle fasse entrer ses troupes en Ukraine. Elle est déjà directement accusée par Melbourne qui reprend la position de Kiev, l’hystérie collective anti-russe joue et produit les effets attendus. Le tout en faisant oublier tout ce qui s’est passé avant, tout ce que l’armée ukrainienne a fait. Et ça peut marcher.
Les conséquences possibles du crash de l’avion de ligne
Après l’électrochoc provoqué par cette tragédie, la zone va se remplir très rapidement d’experts internationaux, d’observateurs et autres personnes qualifiées pour mener cette enquête internationale, que tout le monde, évidemment, demande. Ce qui est très bien. Et ça tombe aussi très bien : on ne poursuit pas les combats sur une zone d’enquête internationale. Et l’armée ukrainienne va ainsi pouvoir occuper le terrain qu’elle a perdu. Le Président Obama a immédiatement proposé son aide et notamment l’envoi de « spécialistes ». Poroshenko s’est empressé d’accepter.
Pour une analyse froide de la situation : l’Ukraine gagne une guerre qu’elle commençait à perdre, gèle le conflit quand elle reculait. Une enquête internationale, c’est long, très long et personne ne pourra reprendre les armes après. C’est très bien, surtout pour Kiev. Et les combattants ont perdu, car ils ne peuvent plus défendre leur territoire, ils sont obligés de l’ouvrir à tout vent et le vent va s’y engouffrer.
Peut-on penser que cet acte soit prémédité ?
C’est difficile à dire. Il y a des antécédents et même une escalade logique en somme. Avec l’Irak, il a suffi d’agiter un petit flacon pour occuper le terrain. Avec la Syrie, ils ont essayé l’emploi direct des armes chimiques, mais la Russie a pu diplomatiquement bloqué la machination. En Ukraine aussi l’arme chimique a été utilisée et plusieurs fois (phosphore blanc, chlore), mais l’accusation est toujours retombée sur l’armée régulière, elle a donc été écartée et niée par les instances américaines et donc internationales et européennes. Alors pourquoi pas un avion ? Ce serait ignoble, il est à espérer que cette hypothèse ne reste qu’au niveau d’une absurdité conspirologique. En tout cas, comme pour l’Irak, la vérité finira par se faire.
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Mondialisation.ca
19 juillet 2014
Publié par Karine Bechet-Golovko
sur russiepolitics.blogspot.ru