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En Tunisie et chez nous des chômeurs se mutilent pour se faire entendre
jeudi 25 février 2016, par
Comme le nôtre le pouvoir tunisien reste sourd à la misère des jeunes de son pays. On peut ne pas comprendre les nouvelles formes de lutte engagées par les chômeurs tunisiens et certains des sans-emplois de notre pays qui consistent à se mutiler. Cette nouvelle forme de lutte peut paraître inconcevable aux yeux de beaucoup, sans évoquer les dramatiques tentatives suicidaires, trop souvent réussies. Mais comment interpréter l’attitude de l’UGTT et surtout de l’UGTA, deux syndicats qui ont renié depuis longtemps, s’ils ne les ont jamais eus, les principes de la lutte de classes et dont même les sentiments de solidarité semblent être restés aux vestiaires. Ce n’est pas avec quelques paroles lancées ça et là, au gré des événements que le sort des chômeurs connaitra des améliorations.
Chez nous, à Ouargla, mais en Tunisie aussi certains de ces chômeurs se sont cousu les lèvres pour exprimer leur désespoir. A Kasserine, en Tunisie des jeunes se sont tailladé les bras pour se faire entendre. Mais la surdité, comme une épidémie, atteint les directions des syndicats de compromis et les pouvoirs, tunisiens et algériens. Que veulent-ils, ces pouvoirs et organisations soi disant syndicales, attentistes qu’elles sont au plus haut point, que le sang coule à flots, attendre que par lassitude la jeunesse se taise et mette en sommeil ses revendications ?
La bourgeoisie qui a remplacé la dictature de Ben Ali par une autre aussi pernicieuse, ne laissait espérer, même par tromperie, aucune amélioration des conditions de vie des chômeurs et des masses laborieuses. Le mouvement insurrectionnel du peuple tunisien que d’aucuns avaient abusivement er pompeusement baptisé "Révolution du jasmin" ne pouvait réellement se traduire par un changement de régime sans une direction véritablement révolutionnaire orienté vers un changement radical.
Et chez nous, peut-on se demander, que sont devenus les principes prétendus révolutionnaires lancés par l’UGTA dès après l’indépendance quand le mot "socialisme", aujourd’hui totalement disparu était sur toutes les lèvres ? Sans doute y a-t-il eu des syndicalistes et des responsables honnêtes proches des travailleurs, mais cela n’a pas suffi pour changer la ligne politique de compromission des dirigeants de cette organisation. Compromission devenue depuis des décennies une seconde nature, constante et systématique chez eux. Ce n’est certainement pas Abdelmadjid Sidi Saïd qui nous contredira.
Cette conduite de l’UGTA n’apporte, quelque soit le secteur, public ou privé, aucune réelle attention aux dramatiques problèmes des travailleurs. La nécessité d’être plus solidaires avec les chômeurs et les masses laborieuses de Tunisie mais aussi de chez nous est aujourd’hui impérative. En définitive, seul le combat pour un syndicat de classe capable de mobiliser tous les exploités et les sans-emplois pourra véritablement faire avancer leurs revendications.
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Malik Antar
25.02.16