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Gaston Revel, un instituteur communiste en Algérie

mercredi 5 juin 2013

Diplômé en histoire de Toulouse-Le Mirail, Alexis Sempé soutint, en 2002, un mémoire de maîtrise, rédigé en hommage à Gaston Revel, né dans l’Aude en 1915. Grace à La Louve, maison d’édition installée à Cahors, le recueil de ses travaux arrive, aujourd’hui, à publication, sous le titre Un militant communiste en Algérie (préfacé par Jacques Cantier). Ouvrage-source , par lequel nous suivons un instituteur de sa jeunesse audoise, passée au sein de la moyenne paysannerie, à son retour définitif à Carcassonne ; et qui rassemble les carnets, la correspondance (privée et officielle), les discours et les photographies (certaines sont des documents exceptionnels) Revel entré en 36 à l’Ecole Normale d’Alger – établissement d’enseignement supérieur censé lui apprendre à « éduquer l’indigène ». Année où il commence à s’intéresser à la politique, intéressé par le Front Populaire et l’anarchisme espagnol.

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C’est lors de sa première affectation dans un village du Nord constantinois qu’il découvre une Algérie misérable. Découverte qui fera de lui « un témoin pour l’histoire », un observateur solitaire mais attentif à la pauvreté, malgré son sentiment d’impuissance face à l’oppression coloniale.
Nommé en 1942 à Bougie, ville portuaire située à moins de 200 km à l’est d’Alger, Revel note que la misère y est moindre. Mais il devra attendre quelques années de plus avant de pouvoir continuer à enseigner car il est mobilisé.

La guerre terminée, il entre au PCA (Parti Communiste Algérien) qui va s’intégrer, de plus en plus, dans le mouvement national et prendre en compte les problèmes des musulmans, et sur la carte duquel figurent deux langues : l’arabe et le français. Adhère de même à la CGT – pendant les réunions de laquelle, les autochtones apprennent à défendre leurs droits. Et reprend bien entendu, son poste à l’école primaire de Bougie.

Comme le note Alexis Sempé, « l’instituteur joue un rôle ambivalent. De par son enseignement, il participe à l’assimilation culturelle des Algériens à la République française et donc à la dépersonnalisation nationale, mais il est aussi, en même temps, un éveilleur d’esprit à la révolte, à la conviction qu’un jour les choses pourraient changer. »

Revel, d’ailleurs, donnera à ses élèves, en marge des instructions officielles, des repères culturels sur l’Algérie. Dans les années cinquante, il devient correspondant pour le journal Alger républicain, apparenté à la gauche anticolonialiste française, et dont les articles sont souvent lus en groupe et traduits par une personne « ayant fréquenté l’école ». Articles pouvant traiter « de problèmes particuliers (tracasseries politiques contre les petits vendeurs de légumes) mais aussi de problèmes essentiels comme le chômage, l’habitat (bidonvilles), la scolarisation ou le trucage des élections. »

Les derniers chapitres concernent le début de la Guerre d’Algérie (1954 -1955), la Guerre d’Algérie en France 1955-1962), le retour de Revel en Algérie après l’indépendance (1962-1965), le souvenir de l’Algérie de 1965 à 2001, l’année de sa mort.

Un livre à mettre entre les mains de tous les passionnés de l’Histoire et de tous les lecteurs impatients de découvrir un instituteur hors du commun.

par A-M M

in La Marseillaise

4 juin 2013