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Haddad chouchouté et Alfapipe sous la menace de disparaître purement et simplement
jeudi 18 mai 2017, par
L’entreprise publique Alfapipe Annaba et Ghardaïa risque de fermer ses portes. Cette entreprise doit sa renommée à sa spécialisation dans la fabrication de produits de tubes en acier soudés destinés au transport du gaz et du pétrole. Ses tubes sont également très utilisés dans le transfert de l’eau des barrages. Elle devait achever le 15 mai la livraison de 339 km de pipeline. Après quoi, l’entreprise se retrouvera sans commandes publiques. 1800 travailleurs risqueront d’être mis à la porte. Et avec eux c’est un précieux savoir-faire industriel qui se volatilisera. Son marché est représenté par l’Etat et deux grosses entreprises publiques , Sonelgaz et Sonatrach, pour les besoins desquelles Alfapipes avait été créée à la fin des années 1960. Elle joue depuis sa création un rôle important dans l’intégration industrielle du pays.
Alfapipe est « le seul fournisseur algérien de Sonatrach en matière de gazoducs et oléoducs, allant de 16 à 64 pouces. Alfapipe alimente également les projets hydrauliques de transfert d’eau. Elle a prouvé par le passé qu’elle est concurrentielle et respecte rigoureusement les délais de ses contrats ». (Informations recueillies auprès de cadres et de syndicalistes par le correspondant d’El Watan du 15 mai).
Mais lors du long règne de Khelil à la tête du ministère de l’Energie, Sonatrach s’est réorientée vers l’importation des produits que l’industrie nationale lui fournissait, des biens d’équipement de qualité supérieure et certifiés aux normes internationales.
Les travailleurs sont convaincus que l’absence de plans de charge entre dans le cadre d’une opération de sabotage pour favoriser les intérêts des importateurs. Pourtant les équipements de l’entreprise ont bénéficié d’un plan de rénovation avec l’acquisition de deux machines à souder de dernière génération. Un investissement de 8,3 milliards de dinars a été mis en place. Tout cet argent va partir en fumée avec la décision de lui fermer l’accès aux marchés publics.
Les syndicalistes sont scandalisés par la promesse faite par Sellal, le chef du gouvernement, d’accorder le marché de la fourniture de tubes à une filiale de Haddad, le nouvel oligarque surgi du néant dans les années 1990 par la grâce du pouvoir et devenu son préféré depuis les années 2000, Rebrab ayant été relégué à la deuxième place des chouchous de la libéralisation. Haddad est aussi président du FCE, organisation patronale. Comble de tout, l’usine que Haddad a lancée pour produire ces tubes est encore au stade du montage ! Mais elle est dores et déjà assurée d’exercer son pouvoir absolu sur ce secteur juteux, l’Etat se chargeant de liquider ses propres entreprises industrielles pour faire place aux sociétés des petits copains et leur permettre de faire de gros profits. Une partie de ces profits alimente leur comptes offshore grâce au système de la surfacturation des importations. Conséquence : un capital productif public de grande valeur est transformé en ferraille.
Le nom de Haddad vient d’être cité ces jours-ci dans le lot des révélations du Panama Papers (lire "Surfacturations et dissimulation de fonds dans des sociétés étrangères bidon, après Rebrab, Haddad à son tour sous les projecteurs du Panama Papers"). Il a fait importer par une société turque 90 km de tubes d’acier dans le cadre des marchés publics que le gouvernement lui a octroyés. 90 km de tubes d’acier qu’Alfapipes aurait pu produire à Annaba et Ghardaïa !
C’est cela le "nouveau modèle de croissance économique" que vient de pondre le gouvernement pour faire croire qu’il a un programme économique. Rien d’étonnant qu’il ait été accueilli par les vifs encouragements de la Banque mondiale dont la raison d’être est de faire progresser partout la domination des grands capitalistes par la destruction des assises économiques des Etats tentés d’échapper à leur emprise.
Rédaction économique
18.05.17