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Vers le monopole des oligarques sur les aliments de base
dimanche 18 avril 2021, par
On assiste à la mise en place depuis plus de 20 ans d’un « ONAB » parallèle mais tout puissant, celui de 4 ou 5 personnes au maximum qui tiendraient dans leur main les substances alimentaires les plus vitales de la population.
L’ONAB n’a pas été seulement marginalisé. Mieux encore, c’est une politique conçue dans ses moindres détails qui a été mise en application. Au début des années 2000 interdiction avait été signifiée aux entreprises publiques du groupe ENCG, encore épargnées par les privatisations, de produire les huiles alimentaires par le procédé technologique de la trituration des graines oléagineuses. Pourquoi ? Ce procédé produisait des résidus qui devaient être cédés à l’ONAB pour approvisionner les éleveurs en aliment du bétail à bon marché. Ordre leur avait été donné de se convertir dans le traitement d’huiles brutes importées sous peine de fermeture définitive. Ainsi plus de résidus oléagineux à la sortie des entreprises publiques. Ils seront désormais importés par des sociétés privées auxquelles des licences ont été prestement délivrées.
Quand on le veut la « bureaucratie » disparaît comme par enchantement. De la sorte, les aliments du bétail tombent du jour au lendemain dans leur totalité dans les mains d’une poignée d’heureux personnages. Le monopole leur échoit. Les besoins grandissant d’année en année, la voie est en outre ouverte à la création d’un monopole absolu en faveur de deux magnats pour l’installation d’usines d’aliments du bétail à partir de la trituration des graines oléagineuses : Kouninef - « malheureux » bouc émissaire croupissant depuis deux ans en prison pour calmer la colère du peuple contre la malfaisance des « gangs » - et Rebrab qui compte régenter, en compagnie d’autre larrons, les produits alimentaires de base : huile, sucre, etc. et, par ce biais, « réguler » le mécontentement populaire selon les nécessités politiques à venir d’une bourgeoisie aux dents longues qui attend de cueillir les fruits d’un Hirak auquel il est interdit de débattre de l’antagonisme irréductible des intérêts des classes en présence. Intérêts dont le caractère inconciliable éclate, en ce ramadhan, envers et contre les « interdiseurs » du hirak, à travers la hausse des prix et la désorganisation de la distribution des produits de base, source d’extase pour une minorité de possédants et de frustration pour la majorité qui n’a que sa force de travail pour vivre, à travers les discours de certains imams appelant à ne pas regarder avec jalousie les riches que, selon eux, la volonté divine a enrichis.
Khaled Safi