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Hommage au communiste et au moudjahid Abdelhamid Benzine
dimanche 24 mars 2013, par
Le 6 mars 2003, il y a dix ans, Abdelhamid Benzine s’était éteint après avoir mené son ultime combat contre la maladie. De vieux moudjahidine, compagnons de combat et de prison durant la guerre de libération, des camarades qui ont milité longtemps avec lui pour changer la société, extirper les racines de l’exploitation en Algérie et dans le monde, ont tenu à se rassembler autour de sa tombe pour à la fois rendre hommage au communiste valeureux qu’il fut et marquer leur détermination ? poursuivre son combat.
Ahmed Bennaï son compagnon du sinistre camp de Boghar qui a pris l’initiative de cet hommage a souligné que Abdelhamid Benzine était de la trempe d’un personnage historique comme Ben M’hidi, mais il fut victime de l’ostracisme anticommuniste qui fait que les nouvelles générations ne savent rien de lui. Abdelhamid Benzine n’a jamais couru derrière les privilèges ou les postes. Il aurait pu occuper des hautes fonctions dans l’Etat. Mais il était animé de la conviction qu’il devait continuer à mener la lutte aux côtés des masses laborieuses pour réaliser son idéal d’une société socialiste.
Noureddine Abdelmoumène qui avait fait sa rencontre tout juste après l’indépendance lorsqu’il rejoint Alger républicain, fit part quant à lui de l’énorme impression qu’il ressentit lors de son premier contact avec ce personnage devenu légendaire malgré lui. Recherché par la police à partir de 1967, devenu un des dirigeants du PAGS dans la clandestinité, Noureddine Abdelmoumène partagea avec Hamid le même refuge secret pour échapper aux poursuites.
Voici en substance ce qu’il dit de son compagnon de combat disparu :
"Hamid était un monument de la guerre de libération et du combat pour le communisme. Nous étions jeunes et impressionnés de travailler avec cette personnalité hors du commun. Mais Hamid était d’un naturel extraordinaire. Il ne pouvait exister aucune barrière entre lui et nous. Accessible, simple, attentif, il nous initiait à ce métier, nous qui n’avions aucune expérience du journalisme, nous qui étions venus au journal comme lui, c’est-à-dire sans préparation, sans formation au métier, par simple conviction militante pour défendre nos idéaux, contribuer à construire le pays. Il alliait en permanence la rigueur, la plaisanterie et l’humour.
Très vite nous sentions que nous formions une équipe unie par le même idéal. Il était doté d’une vaste culture. Il pouvait aborder aussi bien les problèmes politiques internationaux, que parler de littérature et de musique chaabi. Dans la clandestinité, après le 19 juin 1965, il inspirait l’optimisme malgré l’atmosphère créée par les poursuites policières. Hamid était très proche de l’ouvrier. Il comprenait son état d’esprit et ses aspirations. Il ne pouvait supporter l’exploitation, l’humiliation, l’injustice, la misère. C’est pourquoi il participa à la révolte du 8 mai 1945. il fut arrêté au lycée où il étudiait et dut interrompre ses études. Il avait commencé à travailler très jeune, à gagner durement son pain. C’est cela qui l’a poussé à partir en France. Et c’est là qu’il découvre le communisme et l’internationalisme.
Hamid a été patriote et internationaliste. Pour lui l’indépendance devait donner la terre au paysan, libérer l’ouvrier de l’exploitation, mettre fin aux humiliations. Il pouvait pleurer puis rire dans la même journée dans sa planque clandestine. Il suivait de près la lutte du peuple vietnamien agressé par l’impérialisme américain. Il pleura à l’annonce de la mort de Ho Chi Minh. Mais, quelques heures après la disparition du président de la République Démocratique du Vietnam, l’annonce à la radio du renversement de la monarchie libyenne le plongea dans une joie indescriptible. Tel était l’internationaliste Hamid. Il suivait de près les succès de la construction du socialisme dans le monde. Il savait, nous savions tous que le renforcement de l’indépendance de notre pays en dépendait. La disparition de l’URSS nous donne malheureusement raison. Le colonialisme est de retour. La Libye est maintenant retombée sous la domination coloniale. La Syrie est attaquée et l’Algérie est menacée."
Compte rendu de Zoheir Bessa