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Journée internationale de la femme La lutte ne s’arrête pas le 8 mars

mardi 14 avril 2015, par Alger républicain

Origine de la Journée internationale des femmes

La légende veut que l’origine du 8 mars remonte à une manifestation d’ouvrières américaines du textile en 1857, événement qui n’a, en réalité, jamais eu lieu.

En effet, la création d’une “Journée internationale” est proposée pour la première fois en 1910, lors de la conférence internationale des femmes socialistes, par Clara Zetkin, et s’inscrit dans une perspective révolutionnaire. La date n’est tout d’abord pas fixée, et ce n’est qu’à partir de 1917, avec la grève des ouvrières de Saint-Pétersbourg en février-mars 1917, quelques jours avant le renversement du tsar russe que la tradition du 8 mars se met en place.

La Journée internationale des femmes est un acquis révolutionnaire.
Après 1945, la Journée internationale de la Femme devient une tradition dans le monde entier. La date est réinvestie avec le regain féministe des années 70. La “Journée internationale de la Femme” est reconnue officiellement par les Nations unies en 1977. Aujourd’hui, c’est une journée de manifestations à travers le monde et l’occasion de faire un bilan.

Histoire et évolution

Depuis la disparition de la communauté primitive et l’apparition de la propriété privée des outils de production et de l’exploitation, il y a plus de 5000 ans, les femmes se sont retrouvées en position d’infériorité. De la société esclavagiste à la société capitaliste, en passant par la société féodale, les femmes ont subi une double domination sans pouvoir réellement se défendre. Ce fut, d’abord l’exploitation exercée par la classe exploiteuse - maîtres d’esclaves, seigneurs féodaux, capitalistes - et celle de l’homme. Elles se sont battues pour s’affranchir des pires formes d’infamies et d’humiliations et pour arracher un peu de liberté.

La naissance du capitalisme a bouleversé en profondeur les relations femmes-hommes. Les révolutions antiféodales ont vu la participation des femmes aux côtés des hommes pour abolir le servage et les privilèges de la classe des seigneurs. L’industrialisation capitaliste va de plus en plus introduire des machines-outils dans la fabrication de produits. La dépossession des producteurs directs dans les campagnes par la noblesse va jeter sur les routes une grande masse d’hommes, de femmes et d’enfants qui se retrouvent sans moyens de subsistance.

La liquidation du mode de production féodal entre le 17ème et le 19ème siècle en Europe puis au Japon a eu pour résultat de libérer les paysans asservis, de toute servitude féodale et d’offrir du même coup à la production capitaliste une main d’œuvre abondante. Des milliers de paysans et travailleurs furent jetés à la rue, une armée de réserve des pauvres s’est constituée en provoquant une diminution des salaires. Les patrons avaient vite compris qu’en utilisant les machines apparues avec la révolution industrielle, elle-même rendue possible par la dissolution des rapports féodaux, ils pouvaient embaucher une main d’œuvre sans qualification, payée à des salaires qui leur permettaient à peine de survivre. Ils voyaient dans l’utilisation des femmes, l’accès à une main d’œuvre malléable et bon marché.

Lutte des femmes

Progressivement, surtout dans l’industrie du textile qui avait supplanté la production domestique et celle des artisans, les femmes ont remplacé les hommes. Souvent sous l’influence des hommes d’église, les ouvriers voyaient dans les femmes la cause de leur malheur. Ils retournaient alors contre elles leur colère en provoquant même de violents conflits. Pour les femmes ce fut le début d’un changement important dans leur lutte et leur condition d’existence. La lutte contre leurs exploiteurs capitalistes s’accompagne de la lutte contre la domination masculine. Pour la première fois de leur vie, elles n’étaient plus confinées dans le cercle étroit des tâches ménagères. Elles entraient dans la vie active hors de la famille tout en continuant à supporter le fardeau des tâches ménagères dont elles n’ont pu s’affranchir jusqu’à présent, en raison en particulier des préjugés que le système capitaliste continue à alimenter pour entretenir les divisions de sexe au sein de la classe ouvrière et des travailleurs. Cependant, en touchant un salaire, elles purent entrevoir la fin de leur dépendance vis-à-vis de l’homme.

En tant que travailleuses, elles allaient connaître l’exploitation éhontée des patrons et prendre conscience de leur condition d’exploitées. De ce fait, elles rejoignaient le combat de la classe ouvrière et allaient ainsi prendre parti, à part entière, dans le combat contre toutes les injustices et la fin de l’exploitation de l’homme par l’homme. Dans les sociétés capitalistes, les femmes vont ressentir le besoin de s’organiser pour résister à l’exploitation patronale. Sous l’influence des idées socialistes et notamment du marxisme, les femmes les plus conscientes adhèrent aux partis ouvriers et prennent de plus en plus la direction des organisations politique révolutionnaires qui lient en un combat unique, la lutte pour l’émancipation féminine et celle de la classe ouvrière.

La révolutionnaire communiste Clara Zetkin

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C’est la journaliste marxiste allemande Clara Zetkin qui lança l’idée d’une Journée internationale des femmes. C’était surtout une militante communiste extraordinaire qui luttait pour l’émancipation des femmes et pour l’égalité femmes-hommes. Elle était une révolutionnaire qui luttait contre le système capitaliste. Elle disait « Il n’existe donc pas d’opposition réelle entre les intérêts des travailleurs et ceux des travailleuses mais bien une opposition irréductible entre les intérêts du capital et ceux du travail ». Ce qu’il faut avoir en mémoire sur Clara Zetkin c’est son parcours de militante infatigable. Elle a mené sans relâche un combat contre tous les préjugés concernant les femmes y compris contre certains éléments de son propre camp. Elle était convaincue que l’émancipation des femmes ne pourrait jamais se faire dans le système capitalisme mais seulement dans une société socialiste.

Directrice de la célèbre revue Die Gleichheit (L’égalité), qu’elle a fondée en 1890, Clara Zetkin s’inscrit dans une perspective révolutionnaire. C’est elle qui convoqua les conférences internationales des femmes socialistes de Stuttgart (1907) et de Copenhague (1910) où le point de vue qu’elle défendait finit par prévaloir. Les participantes à la Conférence, l’élirent comme Secrétaire et firent de son journal Die Gleichheit leur organe officiel. C’est à Copenhague en 1910, lors de la 2ème conférence internationale des femmes socialistes que Clara Zetkin propose pour la première fois, d’organiser une “Journée internationale des femmes” en vue de servir à la mobilisation pour le droit de vote des femmes. La conférence qui avait réuni une centaine de femmes venues de 17 pays, adopta aussitôt cette proposition.

En mars 1914, les femmes réclamèrent le droit de vote. Clara Zetkin fut emprisonnée en 1915 pour son opposition à la guerre impérialiste. En 1916, elle joua avec Rosa Luxemburg, un rôle essentiel dans la création du parti communiste allemand. Elle combattit aussi la montée du nazisme. Elue au Reichstag en 1932, Clara Zetkin fut chargée en sa qualité de doyenne du Reichstag, de prononcer le discours d’inauguration dans un parlement où dominaient les chemises brunes des nazis. Elle lança un vibrant appel à lutter contre le nazisme. Ce sera sa dernière manifestation publique. En exil à Moscou, elle meurt le 20 juin 1933.

Ses convictions lui ont survécu. Elle a défendu une conception du couple au sein duquel les partenaires doivent être égaux en droits. Elle était favorable au divorce par consentement mutuel et pensait que les garçons, comme les filles, doivent prendre part aux soins du ménage. Mère de deux garçons, elle a vécu elle-même en union libre et s’est toujours montrée une ardente partisane du travail des femmes, seul moyen pour elles d’accéder à l’autonomie.

La journée du 8 mars

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"Durant la période de février, mars 1917 eurent lieu à Saint-Pétersbourg, des manifestations d’ouvrières que les militants bolcheviks désignèrent comme le début de la révolution russe. Une nouvelle tradition est instaurée : la journée du 8 Mars sera choisie pour célébrer la Journée Internationale des Femmes et sera dès lors l’occasion pour les partis communistes de mobiliser les femmes. Après 1945, la Journée des femmes est officiellement célébrée dans tous les pays socialistes." [1]

La journée internationale de la femme n’a été reconnue officiellement par les Nations-Unies qu’en 1977.

Il convient de rappeler que c’est la révolution d’octobre en 1917 en Russie, dirigée par le parti bolchevik qui a aboli de façon radicale l’inégalité et les discriminations que subissaient les femmes.

Les droits des femmes instaurés par le pouvoir soviétique

Rappelons-nous ce 25 octobre 1917 ou le pouvoir des soviets avait décrété le droit de vote de la femme, le droit d’élire et d’être élue, le droit de choisir librement son compagnon, le droit au divorce, le droit à l’avortement, le droit au travail, le droit au logement et l’égalité des salaires selon le principe à travail égal, salaire égal.
A l’époque aucun autre pays, (même parmi les pays dits « démocratiques ») n’avait accompli en plusieurs siècles ce que le pouvoir soviétique a proclamé en quelques jours.

Tous les partis communistes marxistes-léninistes ont dans leur programme les mêmes dispositions sur l’égalité de l’homme et de la femme.

Qu’en est-il en Algérie ?

Les Algériennes n’ont pas attendu les bras croisés que leur émancipation tombe du ciel.

Elles se sont battues pour obtenir l’égalité homme-femme. Pendant l’occupation française du pays, vivant dans des conditions terribles de pauvreté, subissant les pires humiliations et malgré une répression féroce, elles ont résisté avec dignité et abnégation. Mais leur lutte pour la libération du pays ne pouvait pas ne pas stimuler la lutte pour leur émancipation. Et elles l’ont prouvé par le sang qu’elles ont versé dans les villes et les maquis. Rappelons-nous leur rôle éminemment important pendant la guerre de libération de notre pays. Elles étaient présentes dans les maquis les armes à la main, elles étaient présentes dans les villes et bien souvent à la tête des manifestations pour l’indépendance.

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Rappelons-nous ces importantes manifestations populaires du 11 décembre 1960. On ne peut pas oublier les images de ces femmes bien souvent en tête du cortège, le drapeau de l’Algérie libre en étendard, affrontant les mains nues l’armée coloniale. Ces monstres n’ont pas hésité en tirant des rafales de mitraillettes sur des femmes sans armes et sur des enfants. Elles tombaient le drapeau imbibé de leur sang qui s’écoulait sur cette terre généreuse qu’elles ont toujours défendue. L’ennemi ne faisait pas de différence entre les combattants femmes ou hommes. Elles ont subi le viol collectif, la torture et l’arbitraire.

Et pendant la décennie noire, malgré les assassinats et les viols, elles ont résisté aux hordes barbares obscurantistes. Malgré le mot d’ordre des égorgeurs de boycotter l’école, elles n’ont pas hésité une seule seconde à braver cet interdit scélérat. Celles qui étaient enseignantes et professeurs dans les écoles, les lycées ou les universités sont allées enseigner et celles qui avaient des enfants, ont pris leurs enfants par la main pour les accompagner jusqu’à la porte de l’école.

Aujourd’hui encore, sous prétexte de concepts pseudo religieux, les femmes algériennes subissent des lois scélérates et discriminatoires. Mais au nom de quoi a-t-ont pu manigancer, sans les consulter, un code de la famille infâme, contraire aux articles de la Constitution sur l’égalité des hommes et des femmes, transformant en mineures à vie ces femmes merveilleuses qui ont lutté jusqu’au sacrifice suprême.

Les Algériennes n’ont pas encore à subir, plus de 50 ans après l’indépendance, les agressions de la politique rentière, islamiste et retardataire qui utilise l’ignorance et la régression pour maintenir les femmes et les jeunes générations dans un moule de formatage qui leur interdit toute progression, tout développement et toute démarche de liberté, de science et de progrès en les clôturant dans des fonctionnements de consommation et de fermeture aux progrès.

Et elles n’ont besoin d’aucun de ces nouveaux penseurs pour savoir ce qu’il faut faire pour leur progéniture.

Elles sont prêtes à tous les sacrifices pour élever leurs enfants dans la dignité et pour leur assurer un avenir. Le peuple algérien est très pieux mais cela n’autorise pas à lui faire accepter n’importe quoi.

OUI Messieurs les Savonarole, nouveaux penseurs des empires et royaumes dont la religion est devenue une arme de guerre utilisée par ceux qui destinent notre société à l’obscurantisme. Oui. Les mères algériennes vont enfanter des petits musulmans et aussi des petites musulmanes, mais elles feront tout pour qu’ils ne deviennent pas des citoyens aliénés. Au contraire, elles lutteront contre les idées moyenâgeuses et néfastes qui sont prolongées par vos troupes dans le pays et nos écoles. Elles feront tout pour qu’ils deviennent des ingénieurs, des architectes, des cadres supérieurs, des ouvriers hautement qualifiées, des médecins et même des ministres de la future république socialiste.

Monsieur le Président de la république algérienne, démocratique et populaire, vous avez été élu pour faire respecter les droits constitutionnels des femmes. Vous ne seriez pas là sans la participation de ces merveilleuses femmes qui ont lutté pour libérer la patrie. Il faut leur rendre justice, impérativement. L’Algérie en sortira plus forte. Tout ce tintamarre médiatique sur l’égalité homme-femme est un leurre. Vous êtes le garant de l’application des lois de la République algérienne et populaire. Il ne s’agit pas de modifier ce code infâme mais la majorité des Algériennes et un très grand nombre d’Algériens vous demandent de l’abroger et de faire que soient assurées et respectées, les lois citoyennes égalitaires concernant l’homme et la femme.

La lutte pour l’égalité de la femme et de l’homme est étroitement liée au développement économique et social. Mais cela dépend de la nature du système économique en vigueur dans le pays. L’Algérie est totalement gérée aujourd’hui par le système capitaliste. C’est un système inégalitaire où les femmes sont plus durement frappées par le chômage, occupant le plus souvent des emplois précaires et sous-payés. Ce système est obsolète, il faut le détruire pour que l‘égalité entre l’homme et la femme puisse se réaliser.

Alger républicain soutient fermement, en particulier, les luttes des travailleuses pour la concrétisation du principe "A travail égal, salaire égal", pour leur droit à se syndiquer et à créer, de concert avec leurs camarades de travail et de lutte hommes, un syndicat de classe, démocratique et de masse, orienté vers l’abolition de l’exploitation de classe. Notre journal soutient leur combat pour l’amélioration de leurs conditions sociales d’existence, droit aux crèches, au repos et aux loisirs, aux soins et à la santé, droit au logement, à la levée des restrictions illégales à l’accès des femmes célibataires aux logements construits par l’Etat et les collectivités locales.

Toute l’équipe d’Alger Républicain et ses collaborateurs, rendent hommage à toutes les femmes dans le monde, victimes des agressions de l’impérialisme, notamment les Libyennes, les Syriennes, les Irakiennes, les Africaines objet des violences et des atteintes à leur dignité par les groupes armés obscurantistes soutenus par l’impérialisme, la Turquie et les monarchies rétrogrades du Golfe, du Qatar, des Emirats et de l’Arabie saoudite.

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Liès Sahoura

Article rédigé en mars 2015


[1Françoise Pick du CNRS.