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La plus grande bataille en Afrique depuis 1939-1945 et l’ébranlement du régime d’apartheid : la bataille de Cuito Cuanavale en Angola
vendredi 14 février 2014
La plus grande bataille en Afrique depuis 1939-1945 et l’ébranlement du régime d’apartheid : la bataille de Cuito Cuanavale en Angola
Nous reproduisons in extenso ci-dessous une description de cette bataille inconnue, méconnue, occultée qui ébranla durablement le système suprématiste blanc de l’Apartheid avec la symbolique d’une défaite face une armée composée pour l’essentiel de Noirs, même au niveau des Cubains. Rappelons que plus 35 % de la population cubaine est Noire. La bataille fut le summum de l’engagement, des sacrifices et la solidarité des pays de la ligne de front envers le peuple azanien dans sa lutte contre régime d’apartheid.
Ce n’est pas un hasard si l’un des premiers pays visités par Mandela ne fut pas « un pays du monde libre, démocratique et civilisé », c’est-à-dire « une dictature : cause toujours, le capital tient les rênes, la NSA et ses petits clones veillent », mais « une démocratie : ferme ta gueule » comme Cuba en 1991. Il y reconnut devant Fidel Castro que sans la défaite de la soldatesque sud-africaine en Angola, le régime d’apartheid sud-africain n’aurait pas accepté la concession de la démocratie multiraciale.
Quoi de plus objectif que de restituer les paroles de Mandela lui-même en personne ? :
"La défaite de l’armée raciste à Cuito Cuanavale fut une victoire pour toute l’Afrique !
L’écrasante défaite de l’armée raciste à Cuito Cuanavale a offert la possibilité pour l’Angola de connaître la paix et de consolider sa souveraineté !
La défaite de l’armée raciste a permis au peuple en lutte de Namibie de finalement gagner son indépendance !
La défaite décisive des agresseurs de l’apartheid brisa le mythe de l’invincibilité des oppresseurs blancs !
La défaite de l’armée de l’apartheid fut une inspiration pour tous ceux qui luttaient à l’intérieur de l’Afrique du Sud !
Sans la défaite de Cuito Cuanavale nos organisations n’auraient jamais été légalisées ! ".
Tiéky et Loï.
in http://www.afrique-express.com/afrique/angola/histoire/cuito-cuanavale.html
La bataille de Cuito Cuanavale
Chaque nation a ses batailles historiques : Verdun, Trafalgar, Stalingrad … L’Angola a aussi la sienne : Cuito Cuanavale.
D’un côté 7 000 soldats de l’armée d’Afrique du Sud et 10 000 combattants de l’UNITA, le mouvement rebelle angolais de Jonas Savimbi.
De l’autre, 20 000 soldats gouvernementaux angolais des FAPLA (Forces armées populaires de libération de l’Angola) et 5 000 soldats d’élites cubains.
On est le 12 janvier 1988.
L’Afrique du Sud veut porter un coup fatal à l’Angola qui menace ses positions en soutenant la SWAPO, le mouvement indépendantiste de Namibie, encore sous domination sud-africaine à l’époque. Pour sa part, l’Angola veut porter le fer dans le bastion et le quartier général du rebelle Savimbi, situé à Jamba, tout au sud du pays. Les Sud-africains y voient une occasion rêvée de laminer l’armée angolaise et pourquoi pas, de pousser le front jusqu’à Luanda, la capitale.
Mais laissons parler Fidel Castro lui-même :
"C’est fin 1987, on le sait, que l’Afrique du Sud lança sa dernière grande invasion de l’Angola dans des circonstances qui en mettaient en danger la stabilité même.
À cette date, donc, l’Afrique du Sud et les États-Unis assenèrent leur dernier coup, le plus menaçant, contre un fort groupement de troupes angolaises qui progressaient à travers les sables en direction de Jamba, à la limite sud-est de la frontière angolaise, où était censé se trouver le poste de commandement de Savimbi, une offensive à laquelle nous nous étions toujours opposés si on n’interdisait auparavant à l’Afrique du Sud d’intervenir au dernier moment en faisant intervenir son aviation, sa puissante artillerie et ses forces blindées.L’histoire classique se répéta une fois de plus. Extrêmement enhardi, l’ennemi avança en profondeur vers Cuito Cuanavale, une ancienne base aérienne de l’OTAN, et se prépara à porter un coup mortel à l’Angola.
Le gouvernement angolais adressa alors des appels au secours désespérés au Groupement de troupes cubaines : le désastre était en effet imminent, sans doute le pire de tous dans le cadre d’une opération militaire dans laquelle, comme d’autres fois, nous n’avions aucune responsabilité."
Et Castro de poursuivre : "Un flot d’unités et de moyens de combat traversa en vitesse l’Atlantique et débarqua sur la côte sud de l’Angola pour attaquer par le sud-ouest en direction de la Namibie, tandis que, huit cents kilomètres plus à l’est, des unités choisies avancèrent sur Cuito Cuanavale et là, en union des forces angolaises qui se repliaient, préparèrent un piège mortel aux puissantes forces sud-africaines qui avançaient vers cette grande base aérienne. Cette fois-ci, cinquante-cinq mille soldats cubains étaient réunis en Angola."
La bataille de Cuito Cuanavale dure huit jours : du 12 au 20 janvier. Les FAPLA et les Cubains en sortent vainqueurs au prix de 4 600 morts. Les troupes sud-africaines sont stoppées, mais plus important encore, dans le même temps, Cubains et Angolais ont avancé sur la Namibie.
Écoutons encore Castro : "Ainsi, tandis que les troupes sud-africaines étaient clouées devant Cuito Cuanavale, quarante mille soldats cubains et trente mille soldats angolais, soutenus par environ six cents chars, des centaines de pièces d’artillerie, mille pièces antiaériennes, et par des escadrilles audacieuses de Mig-23 qui s’assuraient de la maîtrise du ciel, avançaient par le sud-ouest en direction de la frontière namibienne, prêts à balayer littéralement les forces sud-africaines qui s’étaient retranchées dans cette direction principale.
Les victoires retentissantes de Cuito Cuanavale et, surtout, l’avancée foudroyante du puissant groupement de forces cubaines dans le Sud-est angolais, mirent un terme définitif à l’agression militaire étrangère.
L’ennemi dut rabattre de sa morgue accoutumée et s’asseoir à la table de négociations."
Le 20 juillet 1988, un accord en 14 points est signé par l’Afrique du Sud, l’Angola et Cuba. Il stipule la mise en œuvre de la résolution 435 des Nations Unies prévoyant des élections en Namibie sous le contrôle des Nations unies en contrepartie du repli du contingent cubain.
Les 12 août, l’Afrique du Sud et la SWAPO signent un cessez-le-feu et le 22 août, l’Angola et l’Afrique du Sud signent un accord de paix à Ruacana.
Si Cuito Cuanavale était tombée aux mains des Sud-africains, le cours de l’histoire, dans toute l’Afrique australe, n’aurait sûrement pas été celui que l’on connaît. Qui sait si une Afrique du Sud puissante et dominatrice dans la région n’en serait pas encore à l’âge de l’apartheid ?
R-J Lique