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Le 1er mai dans le monde : manifestations monstres et vitalité des organisations de classe sur tous les continents
dimanche 5 mai 2013
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Comme chaque 1er mai, des millions de travailleurs sont descendus dans les rues pour exprimer leur colère face à la remise en cause de leurs droits et de leurs conditions de travail mais aussi leurs espoirs d’une alternative dans les intérêts du monde du travail.
Pour les communistes, ces manifestations sont sources d’espoir – par la vitalité des organisations de classe, une prise de conscience nouvelle dans certains pays – mais aussi de vigilance, face à la division du mouvement syndical face aux réponses à apporter à la crise du capitalisme.
En Europe, division du mouvement syndical entre ligne de concertation sociale et ligne de lutte
C’est en Europe que les défilés du 1er mai ont été les plus massifs, c’est aussi en Europe que l’affrontement entre deux lignes syndicales est la plus rude sur les réponses à apporter à la crise capitaliste.
En Grèce, de 15 à 20 000 manifestants ont défilé à Athènes dans deux cortèges séparés pour converger place SYNTAGMA. D’un côté, les syndicalistes du PAME, liés au Parti communiste, de l’autre les deux centrales du privé et du public, la GSEE et l’ADEDY.
Des rapports officiels même, le cortège du PAME dépassait en taille celui des deux centrales réunies tandis que les syndicats de classe avaient appelé à une grève générale, notamment chez les dockers et dans les transports.
Le discours de clôture du dirigeant syndical du PAME a insisté sur la nécessité de la lutte contre les mesures anti-sociales et le refus de tout dialogue social, conduisant à de nouvelles régressions.
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Au Portugal, ce sont près de 100 000 travailleurs qui ont répondu à l’appel de la CGTP, centrale liée au Parti communiste, dans plus de 50 villes du pays, tandis que l’UGT réformiste (liée au PS) tente désormais de s’accrocher à la remorque de l’ « unité syndicale ».
Toutefois, la ligne de fracture est plus que jamais visible entre d’une part une CGTP qui refuse tout nouveau plan d’austérité et appelle à la « démission du gouvernement » et l’UGT qui, elle, s’est dite toujours disposée à participer au « dialogue social » pour négocier de nouvelles mesures.
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En Espagne, le potentiel de lutte dans un pays qui compte désormais 6 millions de chômeurs s’est exprimé dans des manifestations qui ont accueilli 600 000 manifestants dans les rues : 160 000 à Barcelone, 100 000 dans la région de Valence et en Andalousie, 40 000 à Madrid et Saragosse.
Face à la radicalité des mots d’ordre venant de la foule (« Non aux diktats de la Troika »), les dirigeants des deux centrales syndicales dominantes, l’UGT et les Commissions ouvrières (CC.OO), ont proposé un « pacte social » national entre patronat, syndicats et gouvernement.
Ce pacte social supposerait de la part des « partenaires sociaux » des concessions réciproques – donc de nouvelles mesures d’austérité négociées – pour permettre de créer des emplois et de sortir l’Espagne de la crise.
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En Italie, l’état inquiétant de la désorganisation totale de la résistance aux politiques du capital s’est reflétée dans des cortèges du 1er mai à l’affluence moyenne, mobilisant quelques dizaines de milliers de personnes nationalement.
La CGIL a tenu à saluer, en parallèle du « gouvernement d’union nationale », le retour de l’ « unité syndicale » avec la CISL et l’UIL. Or, ces deux syndicats ont avalisé toutes les mesures d’austérité de Monti et continuent à se déclarer prêts à « réformer » avec le nouveau gouvernement.
De fait, la CGIL adopte une position inquiétant, saluant chez le premier ministre démocrate-chrétien Letta l’annonce de mesures qui remettront au centre le travail, alors qu’elles vont s’insérer dans la ligne de la contre-réforme Fornero du marché du travail, adopté sous le gouvernement Monti.
La disposition au « dialogue social » est même allée en Italie, à Bologne et à Trévise, jusqu’à la présence dans les cortèges du 1er mai de représentants... des organisations patronales venues défendre l’idée que nous sommes « tous dans le même bateau »
La confusion générale était visible, entre les membres du PD osant défiler à Turin dans le cortège, conspué par des militants communistes, et d’autre part Beppe Grillo jetant volontairement le discrédit sur le 1er mai.
Grillo a pesté contre le 1er mai, qu’il a présenté comme le « Caporetto » ou le « 8 septembre » (date de la capitulation du régime fasciste en 1943) des travailleurs, vociférant contre ce qu’il appelle la « Triplice syndicale ».
Après une longue diatribe sur l’état apolycaptique de l’Italie actuelle, Grillo a qualifié le 1er mai d’un « rite fatigué », hier « fête des travailleurs, aujourd’hui marche des chômeurs et du grand concert du Premier Mai ».
Enfin, en Allemagne, le 1er mai a également été massivement suivi, avec près de 500 000 travailleurs dans les rues de Hambourg ou Berlin.
En dépit des tentatives médiatiques pour valoriser les manifestations d’extrême-droite, celles-ci sont restées fort modestes, réunissant quelques centaines de militants dans les rues de Berlin.
Le dirigeant de la centrale syndicale DGB, Michael Sommer, a lancé un appel non pas à la lutte mais au bon sens de Angela Merkel qui doit adopter une ligne permettant d’éviter le démembrement de la zone euro et de l’Union européenne.
En Asie, des manifestations inédites dans l’ « atelier du monde »
Au-delà des frontières de l’Europe, avec ses espoirs et ses périls, ce 1er mai a été marqué également par des manifestations inédites dans le monde entier. En Asie, devenue désormais l’ « atelier du monde », ce 1er mai a été l’occasion d’actes de résistances pionniers.
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<img486|left> Au Bangladesh, siège d’une grande part des usines textiles des multi-nationales, les dernières catastrophes humaines – incendies d’usines, effondrement d’ateliers – qui ont conduit à la mort de plusieurs centaines d’ouvriers et ouvrières, ont mis à jour leurs conditions d’esclavage moderne.
Près de 50 000 ouvriers du textile ont envahi les rues de Dacca ce 1er mai pour demander des conditions de travail décentes et que la justice condamne les patrons responsables de la catastrophe industrielle subie du 24 avril qui a coûté la vie à plus de 400 ouvriers.
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Ce sont également les travailleurs de l’industrie textile qui ont mené la marche au Cambodge, conclue devant le Parlement cambodgien pour exiger le relèvement du salaire minimum à 150 $ par mois.
Aux Philippines et en Indonésie, confrontés à des régimes répressifs, au service des multi-nationales, les manifestations ont également atteint des proportions inégalées : 10 000 à Manille, près de 60 000 à Djakarta pour exiger de meilleurs conditions de travail, la fin des contrats précaires et une hausse des salaires.
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A Hong-Kong, en Corée du sud, à Singapour ou encore à Taiwan, les travailleurs ont également répondu par milliers à l’appel des syndicats.
Ils ont subi à Singapour la répression du gouvernement qui interdit toute grève, tandis qu’à Hong Kong la manifestation des dockers et des salariés des transports a surpris les autorités et les habitants de la cité désormais gérée par la Chine populaire.
En Amérique latine, 1er mai combatif pour les processus révolutionnaires, colère contre les vestiges capitalistes
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C’est à Cuba que l’on a pu assister, ce premier Mai, à la manifestation la plus massive d’Amérique latine et une des plus significatives au monde, avec plus de 700 000 manifestants dans les rues de Santiago, portant haut des pancartes en hommage au Che, à Fidel et au président défunt Chavez.
Le mot d’ordre des manifestations du 1 er mai était non seulement la solidarité internationaliste envers la révolution bolivarienne au Vénézuela mais aussi la défense d’un « socialisme prospère et durable » à Cuba.
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Dans les autres pays qui connaissent des processus révolutionnaires, les manifestations gouvernementales ont été massivement suivies, mais furent émaillées de critiques, tantôt constructives, tantôt destinées à déstabiliser le mouvement révolutionnaire.
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En Équateur et en Bolivie, les syndicats paysans et ouvriers ont demandé un approfondissement des processus révolutionnaires en faveur des travailleurs de ces pays.
La COB (Centrale ouvrière bolivienne) en Bolivie a intégré le 1er mai à son mouvement de grève pour des hausses de salaire tandis qu’en Équateur les mouvements paysans ont demandé une accélération de la Révolution agraire.
Rafael Correa a souligné qu’il ne « fera pas un pas en arrière dans sa révolution socialiste » rappelant que son « socialisme au XXIème siècle met en avant l’être humain contre le capital » et que ce n’est plus la « bourgeoisie, les pays hégémoniques qui dominent en Équateur mais le peuple, les travailleurs ».
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Au Vénézuela, les manœuvres de l’opposition putschiste continuent. Le cortège syndical principal mené par le président Maduro, mobilisant plusieurs centaines de milliers de travailleurs, a été accompagné d’un contre-cortège mené par le leader de l’opposition et les syndicats jaunes.
Nicolas Maduro, dans son discours de clôture a rappelé l’importance de la révolution : « Au Vénézuela, les travailleurs ont une patrie, et nous allons vers le socialisme, ce qui passe par la conquête de droits sociaux pour tous ».
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La veille du premier mai, le gouvernement vénézuélien annonçait la hausse du salaire minimum de 20%.
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Dans les pays dirigés par des gouvernements liés directement au capital, les manifestations ont également été historiques, bravant une répression féroce.
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35 000 manifestants dans les rues de Mexico, ouvriers luttant contre la réforme du travail, mais surtout étudiants et enseignants, des États ruraux du pays (Guerrero, Oaxaca) demandant le retrait du projet de loi sur l’Éducation, qui devrait renforcer les inégalités et préparer la privatisation.
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150 000 manifestants dans les rues de Santiago du Chili,à l’appel de la CUT, dirigée par la communiste Barbara Figuera, qui a appelé à lutter pour une éducation et un système de retraites publics, et contre la précarité au travail, dans un des pays les plus privatisés du continent.
<img493|left> Enfin, en Colombie, selon la centrale syndicale nationale, plus d’un million de travailleurs sont descendus dans les rues, dont 100 000 à Bogota, refusant les bas salaires, la précarité et la privatisation de l’éducation.
Dans ces trois pays, les cortèges ont été émaillés d’affrontements durs avec la police qui ont fait, dans chacun des cas, plusieurs dizaines de blessés.
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En Afrique du nord, la lutte continue dans des processus « révolutionnaires » incertains
Les processus révolutionnaires continuent, dans l’incertitude, en Afrique du nord et au Proche-orient.
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A Tunis, plusieurs milliers de manifestants ont répondu à l’appel de l’UGTT d’un 1 er mai de lutte contre le gouvernement avec comme mots d’ordre, la lutte contre la baisse des conditions salariales, le refus de la terreur islamiste et la défense des libertés syndicales.
Le cortège du Front populaire, mené par les forces du Parti du travail tunisien (ex-Parti communiste des ouvriers de Tunisie), a insisté sur la nécessité d’articuler les luttes revendicatives avec la lutte contre la terreur islamiste et pour une alternative de gouvernement, répondant aux objectifs de la révolution de 2011.
Au Caire, plusieurs milliers de manifestants sont également descendus dans la rue, à l’appel de la Fédération syndicale indépendante égyptienne (EFITU) reprenant le mot d’ordre de la révolution de 2011 : « Pain, liberté et justice sociale ».
Les manifestants exigent des mesures d’urgence pour soulager la misère des masses égyptiennes : en premier lieu l’instauration d’un salaire minimum. Elles ont plus largement exprimer leur opposition à la domination de l’Armée et des islamistes sur le pays.
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Afrique du sud, Inde, Russie : les communistes et syndicats de classe au cœur des mobilisations
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Ce 1er mai est aussi l’occasion de rappeler la vigueur du syndicalisme de classe, souvent lié aux organisations communistes.
La vigueur et la combativité des organisations de classe du PAME et de la CGTP, en Grèce et au Portugal. La persistance du syndicalisme cubain, engagé dans la cause du socialisme et de la solidarité internationaliste.
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Mais aussi la présence des communistes à la tête des centrales syndicales qui retrouvent une nouvelle combativité : c’est le cas de la CUT au Chili et en Uruguay.
Les syndicats liés aux communistes ont également été à la tête des manifestations en Inde, en Afrique du sud, au Japon, avec des lignes de classe adaptées à chaque situation nationale.
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En Afrique du sud, la COSATU – syndicat lié au Parti communiste – a organisé une série de rassemblements dans tout le pays, de Johannesbourg au Cap, insistant sur la nécessité de continuer la lutte pour de meilleures conditions de travail.
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La COSATU est, tout comme le Parti communiste, un allié critique de la coalition tri-partite menée par l’ANC qui gouverne l’Afrique du sud depuis la fin de l’apartheid.
Une ligne de combat plus frontale en Inde où les syndicats de classe comme l’AITUC et la CITU sont en plein essor et mobilisent plusieurs dizaines de millions de travailleurs dans des grèves générales. Ils étaient plusieurs dizaines de milliers dans les rues d’Hyderabad, Calcutta ou Delhi ce 1er mai.
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Enfin, en Russie, en dépit des tentatives du gouvernement de Poutine de dénaturer le 1er mai pour le transformer en manifestation de force pour le pouvoir, les communistes sont tout de même arrivés à grossir les rangs du million de manifestants descendus dans la rue en Russie.
Voir en ligne : Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/