Les ouvriers de la raffinerie de sucre privatisée de Aïn Defla protestent*

Les patrons du groupe Berrahal auquel le gouvernement a offert l’usine de Sidi Lakhdar pour une bouchée de pain n’ont pas renouvelé les équipements comme ils l’avaient promis.

120 ouvriers ont manifesté il y a quelque jours pour la deuxième fois depuis le début de l’année contre une forfaiture qui les plonge dans la misère. Face à l’indifférence de l’Etat et aux mensonges des patrons qui ne leur ont fourni depuis janvier aucune information sur leur devenir, ils ont dû recourir au blocage de la RN 4. Après s’être rassemblés devant les portes de leur usine, ils n’avaient plus d’autre moyen pour se faire entendre.

Ils avaient été mis au chômage technique depuis le 8 janvier dernier. "Pour une durée de 4 mois" avaient dit les responsables de l’usine. Ils ne perçoivent que la moitié de leur salaire en attendant la réouverture de leur outil de travail. Berrahal a reçu des crédits de l’Etat pour moderniser l’usine. La vérité est tout autre. En fait il ne semble pas intéressé par la relance des activités de l’usine. Il a utilisé les crédits obtenus pour monter une nouvelle raffinerie de sucre à Tafraoui (Oran), sacrifiant celle de Sidi Lakhdar. Les travailleurs en sont convaincus. Selon les informations qu’ils ont obtenues, le groupe privé se prépare à fermer l’usine. Fort du soutien implicite du chef du gouvernement. ?

Au lieu de les soutenir, les responsables de l’UGTA leur ont conseillé de ne rien faire avant l’expiration du délai de 4 mois. Comme à leur habitude ils ont pris des engagements de régler le problème. Des "engagements" qui ne les engagent en rien, si ce n’est de jouer leur rôle de briseurs professionnels de grèves. Pendant qu’ils dorlotaient les travailleurs, Sellal inaugurera deux jours après cette action collective et en grande pompe la sucrerie montée par le groupe à Tafraoui. La nouvelle usine devrait produire 700 000 tonnes de sucre. Sellal a vanté l’action de son gouvernement qui viserait à casser le monopole sur le sucre -celui exercé par Rebrab - à faire baisser le prix du sucre et à exporter. L’usine de Sidi Lakhdar est donc condamnée.

Le délai de 4 mois expirera le 8 mai prochain. Les travailleurs sont décidés à se manifester de nouveau pour protéger leur gagne-pain.

Khaled Safi
22.04.17

* Information reconstituée à partir d’un article du Soir d’Algérie du 17 avril 2017 et d’autres sources.