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Les patriotes rendent hommage à Sellami à Haouch Gros (Boufarik) « Nous, on ne pleure pas ! »
vendredi 21 décembre 2012
Il a fallu moins d’une décade pour qu’ils tombent dans l’oubli ! Eux qui étaient aux avant-postes de la lutte antiterroriste, volontiers, pour que la République reste debout. Ils deviennent de plus en plus sensibles aux signes ostentatoires de richesse des repentis et des anciens cadres du FIS dissous.
Les Patriotes composaient un corps paramilitaire créé par l’armée qui a combattu le terrorisme dans des zones difficiles ou plutôt inaccessibles pour les militaires. La décennie noire, ils l’ont vécue dans leur chair. Ils en connaissent un bon bout. Les sanguinaires qu’ils combattaient notamment. Tout comme leurs maîtres à penser du FIS. Mohammed Sellami, cadre à la Sempac à l’époque et ancien militant du PAGS, était avec Toufik Hamri, Moundji Harzeli, Réda Abdallah, pour ne citer que ceux-là, le fondateur du premier groupe de Patriotes dans la Mitidja dont il était le chef.
Il est mort les armes à la main, moins d’une année après son engagement, le 17 décembre 1995, alors qu’il essayait de repousser une incursion d’El Katiba El Khadra » du tristement célèbre Antar Zouabri à Boufarik. Il avait laissé une petite fille âgée de 5 ans et un fils adoptif de 18 ans qui fut lui aussi membre de son groupe patriote, son neveu Fethi Henni ou Sellami puisqu’il est plus connu sous le patronyme de son oncle maternel.
Cela fait 17 ans.
Ses camarades ont commémoré ce 17e anniversaire hier dans une salle des fêtes à Haouch Gros, son douar natal, un verger situé à quelques encablures au sud de Boufarik. Etaient présents, le chef de daïra de Boufarik, le P/APC fraîchement installé, l’ancien DEC de Boufarik, des membres de la Société civile et une bonne centaine de Patriotes et Gardes communaux venus de plusieurs wilayas.
C’était, disent-ils, l’« amour de la patrie » qui les a rassemblés au milieu des années 1990, mais c’est le ressentiment qui les rassemble aujourd’hui. Ils se sentent « exclus » du partage des fruits de leur combat. « Une fois que le pays a retrouvé sa stabilité, ils nous ont jetés comme une vieille peau. Au moment où des repentis blanchissent leur butin de guerre et commercent au su et au vu de tout le monde, nos invalides touchent 4 000 DA par mois », regrette Hocine, ancien Patriote de la zone ouest de Boufarik, chômeur de son état.
D’autres, plus forts de caractère, restent dignes même s’ils éprouvent la même amertume. « Nous avons sauvé l’État. C’est une vérité que nul ne peut contester. Maintenant qu’il nous a tourné le dos, je vous dis, frères, ne laissez personne utiliser votre détresse comme fonds de commerce ! Je vous rappelle aussi, que nous, on ne pleure pas ! C’était le nif (littéralement le nez, ndlr) qui nous a poussés à prendre les armes contre les terroristes. Alors, restons dignes ! », prêche ammi Messaoud, la soixantaine, Patriote de Soumaâ.
Article de Lyas Hallas
20.12.12
in Le Soir d’Algérie
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