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Mohcine Belabbas, président du RCD : délitement de l’Etat en ce début 2016 De nouvelles propositions pour en sortir ? Rien !
dimanche 31 janvier 2016, par
Non, il n’y a rien d’étrange aux déclarations de Mohcine Belabbas, puisqu’elles ne sont pas étranges. Pour sa campagne de séduction, il dénonce le délitement de l’Etat, il y a une part de vérité dans ce qu’il dit. Une part seulement, car il oublie de préciser que les structures mêmes de l’Etat capitaliste algérien, sont en délitement en raison de leur nature systémique et qu’il ne peut en être autrement sans la mobilisation des masses laborieuses. Mais, ça c’est autre chose. Bien que de nombreuses couches de notre peuple poursuivent la lutte sous diverses formes, de fait, les structures de cet Etat bourgeois restent, en tout cas pour l’instant, en place pour l’application de la politique intérieure, particulièrement au plan économique et social. Cependant que le pouvoir faisant la sourde oreille et continuant sa ligne de soumission à la bourgeoisie nationale, et aux multinationales de l’étranger, de tous bords, aucun progrès sensible n’est à signaler. L’appauvrissement des couches laborieuses ne cesse de s’aggraver alors que les bourgeois, eux, malgré la crise des hydrocarbures et des rentées de devises, pour leur plus grand contentement voient leurs profits augmenter de façon exponentielle. Profits jamais dénoncés par le président du RCD, et pour cause !
A l’ouverture des travaux de la réunion du Conseil national de son parti qui s’est tenue ce dernier week-end, Monsieur Mohcine Belabbas a précisé : « A l’aube de cette année 2016, l’Algérie est brusquement précipitée dans une crise grave et complexe où se cumulent les échecs économiques, les contraintes sociales, la crise de liquidités, la perte de confiance, la crise de légitimité et l’instabilité institutionnelle. Le tout débouchant sur une régression morale qui brouille les repères et le sens du devoir. »
Quand nous disons au début de ces lignes, part de vérité seulement, c’est bien vrai. Il suffit de rappeler que l’aggravation de cette crise était prévisible depuis longtemps et que la dégradation de la situation politique, économique et surtout sociale ne commence pas "brusquement" en ce début de l’année 2016. Elle s’est manifestée depuis bien plus longtemps pour les petites bourses. Les travailleurs et, encore pire, les chômeurs sans ressources, peuvent en témoigner, leur pouvoir d’achat, pour ceux qui ont un emploi, n’ont cessé de se détériorer.
Il dénonce "les luttes des clans" et "la guerre de quolibets" en faisant allusion aux anciens généraux, luttes de clans "aux conséquences imprévisibles" et la "recherche effrénée d’appuis extérieurs". Une parenthèse à ce propos, une simple question pour nous éclairer : quel était le but du voyage aux Etats-Unis de l’ex-leader de ce mouvement, Saïd Sadi ? Pourtant, là encore, silence, la transparence attendra ! Par ailleurs, Mohcine Belabbas se garde bien de parler de rivalités, des contradictions de classes qui s’aiguisent entre les différentes fractions de la bourgeoisie et, de nous expliquer leurs relations avec les Etats impérialistes. Il a certainement horreur de ce vocabulaire !
Il dénonce aussi le statut quo que veulent perpétuer certains clans du pouvoir … ou d’à côté. C’est parfait. Mais que propose-t-il de nouveau, l’actuel président du RCD, pour sortir de cette crise ? Eh, bien, pas grand-chose ! A vrai dire aucun projet n’est mis en avant pour sortir de cet état de choses provoqué par le capitalisme de notre pays. Il est évident que sans changement des structures présentes, il ne peut avoir de bouleversements économique et social. Quand il parle de sortir du statut quo que maintiennent les "clans" du pouvoir, c’est simplement pour le remplacer par un autre statut quo, le sien, un frère jumeau en quelque sorte, mais toujours dans la droite ligne du capitalisme ! "Ce climat délétère est, soutient-il, aggravé par « une situation économique et sociale porteuse de légitimes colères" En quoi les "légitimes colères et donc de terribles dangers », comme il l’affirme, ne seraient-ils, au contraire, porteurs de promesses et d’émancipation ? Ce n’est pas en tournant la tête et en pratiquant une politique de l’autruche que changera le cours des événements.
Apparemment, les luttes des travailleurs lui font peur. Il appréhende leurs combats. Ses conclusions ? Les masses laborieuses ne doivent pas se battre pour leurs revendications, il ne le dit pas comme ça, bien sûr. Et dans les conditions actuelles, il est préférable de n’en souffler mot, de leurs luttes. La situation est assez compliquée, comme ça, n’est-ce pas ?
Autre aspect de son intervention ou plutôt absence d’aspect, le silence gardé sur la politique fondamentale de notre économie, en particulier sur la politique étrangère. Pour lui, il semble qu’il n’y a pas d’impérialisme puisqu’il n’en parle pas. Or, on sait combien ces politiques sont liées à nos problèmes nationaux.
En vérité, les tergiversations avec les mots libertés et démocratie deviennent lassitude, il n’y a pas trente-six mille solutions. Les masses laborieuses ne se laisseront pas piégées par un vocabulaire pseudo d’avant-garde et prétendu moderniste. La seule issue pour sortir de cette crise, commune à tous régimes du capital, c’est le renversement de cette bourgeoisie et son remplacement par un pouvoir réellement populaire et démocratique, celui du socialisme !
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Malik Antar
30.01.16