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Mustapha Saadoun. Des convictions jusqu’au bout.
samedi 8 août 2009, par
Il y a deux ans, nous avions avec Hamid Kechad pensé à la réalisation d’un documentaire sur le parcours de Mustapha Saadoun. Pour tenter de lui faire accepter cette idée, nous sommes allés, par une belle journée ensoleillée, à sa rencontre chez lui, à Cherchell. De cette rencontre restera gravé dans ma mémoire, la peur de Hamid devant le chien qui n’arrêtait pas de le renifler, les belles senteurs du jasmin cueillis du jardin par Mme Saadoun et cette réponse de Mustapha à notre sollicitation : « si cela peut aider le mouvement, je suis partant ».
Le mouvement pour Saadoun est celui des communistes qu’il a rejoint en 1945, à la faveur du comité local de lutte pour l’amnistie, créé par Omar Heraoua, membre du PCA.
Saadoun a adhéré au Parti communiste algérien (PCA) attiré par ses idées humanistes et son programme social et économique en faveur des masses laborieuses. Il goûtera à la prison dans les années 50 pour diverses raisons. Sa plus longue incarcération a eu lieu à la prison de Blida.
Il y est emprisonné après ses nombreuses visites dans les souks dans lesquels il se rendait pour dissuader les Algériens, crevant de faim, de s’incorporer pour la guerre d’Indochine à raison de 1000 francs le kilo. Des sous qui devaient permettre à leur famille de manger.
Mustapha participe activement à l’organisation de grèves des ouvriers agricoles dans la Mitidja, ces damnés de la terre, qui vivaient dans des conditions de pauvreté et d’exploitation indescriptibles. Il est aux côtés des marins, des paysans et de tous les travailleurs brimés.
Avec la création en 1955 des Combattants de la Libération par le PCA, Mustapha Saadoun est désigné responsable politique d’un groupe dans la région de l’Orléansvillois. Il échappe à la mort alors que 5 de ses camarades, Henri Maillot, Maurice Laban, Hanoun Belkacem, Djillali Moussaoui et Zelmat Abdelkader tombent dans une embuscade tendue par l’armée coloniale à Djebel Derraga.
Après les accords PCA-FLN, en juillet 1956, Mustapha rejoint l’ALN dans la wilaya IV. Il sera arrêté … à l’indépendance sur ordre de responsables anticommunistes du FLN. Motif invoqué : diffusion d’une déclaration du PCA qui salue la victoire du peuple algérien sur le colonialisme français ! Il sera ainsi empêché de voter le jour du referendum, lui qui avait lutté sans relâche pour arracher cette liberté tant espérée. Devant être expulsé sur ordre de Ben Bella vers … la France ( !) il est relâché grâce à l’action de ses compagnons de maquis révoltés par tant d’étroitesse et qui ne tinrent pas compte de cet ordre absurde.
Son engagement politique et syndical est un exemple. A 90 ans, il s’informait toujours de ce qui se passait dans son pays et à travers le monde et croyait encore qu’un monde juste était possible. Un des derniers livres qu’il tenait entre ses mains traitait de la mondialisation.
Sa femme et fidèle compagne de lutte l’a rejoint dans sa mort quelques semaines seulement après sa disparition.
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Safia Ouared