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Organiser l’abandon de notre potentiel industriel existant est un crime innommable contre la nation et son peuple
lundi 7 novembre 2016, par
Les médias nationaux annoncent à la une et en grands titres des projets de fabrication de voitures par les grandes marques internationales, Peugeot, Volkswagen, Hyundai et peut-être d’autres. Le ministre de l’Industrie en parle comme d’un grand exploit. Il sillonne le monde comme rabatteur d’investisseurs afin qu’ils viennent s’installer en Algérie selon des procédures régies par un code d’investissement qui est loin de garantir un véritable développement industriel.
C’est depuis presque 20 ans que cette approche constitue l’axe privilégié d’une politique nommée pompeusement "stratégie industrielle". Le bilan des opérations réalisées dans ce cadre n’est guère reluisant. Les résultats obtenus au niveau du complexe sidérurgique d’El Hadjar, de la carrosserie industrielle de Tiaret, de l’ENGI (gaz industriels), des cimenteries, de l’ORGM (Office de la recherche géologique et minière) et dans bien d’autre cas, poussent tout au moins à prendre un temps de réflexion. Malheureusement ce n’est pas le cas. D’autre part, les largesses accordées au secteur privé local n’ont donné aucun résultat qui pourrait constituer un quelconque appui à l’économie nationale.
Le secteur public industriel recèle d’énormes potentiels, principalement dans le secteur de la mécanique. Mais il est écarté de tous les projets de développement alors qu’il constitue la seule base capable de relancer l’industrie nationale par ses propres moyens. Est-t-il possible d’ignorer l’existence des usines aussi importantes que celles de l’ENMTP (qui fabrique les engins de travaux publics, pelles mécaniques, grues mobile etc..), POVAL (fabrication de pompes et vannes de toute dimensions),, ENPMA (fabrication du machinisme agricole, tracteurs, moteurs diésel ), ENEL ( moteurs électriques, génératrices, transformateurs), ENCC ( ponts roulants, vannes de barrage, et autre grands ouvrages métalliques), ENIE (fabrication de composants électroniques, de téléviseurs, micro ordinateurs, radioscopie médicale, etc.), SNMETAL ( Industries métallurgiques) et de bien d’autres ? Elles n’ont rien à envier aux usines des pays les plus développés. Leurs équipements permettent à l’Algérie de fabriquer tous les moyens de production essentiels dont elle a besoin et de construire les moyens nouveaux pour élargir l’étendue des gammes de produits industriels et de large consommation.
A titre d’exemple POVAL Berrouaghia avait commencé à fabriquer pour le CVI des fusées. Ce ne fut pas une chose facile parce que le constructeur français qui ne voulait pas perdre un marché avait laissé de faux plans industriels". Par exemple, à l’usine de chaudronnerie de Bousfer à Oran, actuellement à l’arrêt, nous pouvons entre autres fabriquer l’enveloppe complète du haut fourneau d’El Hadjar et beaucoup d’autres équipements importés à des prix faramineux. Parler de stratégie industrielle alternative à la rente provenant de l’exportation des hydrocarbures tout en faisant l’impasse sur cet énorme potentiel et organiser son abandon, c’est un crime innommable contre la nation et son peuple.
De nombreux d’indices montrent aujourd’hui que la construction d’une économie diversifiée n’existe que dans les discours répétés à tout bout de chant pour tromper le peuple. En pratique il ne se passe rien d’autre que le partage de ce qui reste à tirer des hydrocarbures entre les différents clans de la bourgeoisie. C’est justement le cas des projet de montage de voiture. Ce sont tout simplement des cadeaux offerts aux concessionnaires et aux fabricants d’automobiles qui exporteront en Algérie des véhicules à moindre frais et les prix qu’ils vont imposer aux citoyens leur assureront des bénéfices immenses.
En dehors des quelques postes d’emploi qui seront créés, l’Algérie n’y gagnera rien. S’agissant d’une production de quelques milliers ou même de dizaines de milliers de voitures pour le marché national, l’incitation à une dynamique d’intégration sera timorée. De plus l’intégration des automobiles obéit aussi à d’autres critères plus importants difficiles à satisfaire actuellement par les moyens technologiques nationaux. C’est la raison pour laquelle le gouvernement sollicite des firmes turques pour venir s’installer en Algérie. Ceci concerne tous les projets de montage entrepris lancés ces derniers années pour soi-disant relancer l’industrie. Ce sont des réalisations sans grand avenir, vouées à terme à l’extinction.
C’est ce qui arrive actuellement à l’usine de montage de tramway, confrontée au gel des projets suite aux restrictions budgétaires consécutives à la chute des recettes d’exportation des hydrocarbures. Même dans le cas de la reprise des projets de construction des lignes de tramway, une fois qu’elles seront équipées l’usine arrêtera la production. Elle ne pourra même pas fournir les pièces de rechange car elles sont fabriquées chez le propriétaire de la marque.
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T.Gh
07.11.16