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Plan "anti-crise" de la bourgeoisie sur le dos des travailleurs : lier luttes économiques et luttes politiques pour le mettre en échec
lundi 1er mai 2017, par
Ce 1er mai 2017, journée internationale de lutte de la classe ouvrière contre l’exploitation capitaliste et son corollaire la domination impérialiste, les inquiétudes montent au sein du mouvement ouvrier. En même temps s’affirme en de nombreux lieux la volonté des prolétaires et des opprimés de résister à l’offensive de la bourgeoisie. Dans le monde et en Algérie aussi.
La vive opposition dans notre pays à la suppression de la retraite proportionnelle et du départ à la retraite sans condition d’âge a surtout montré que les travailleurs ont compris que derrière cette décision du pouvoir se cache son projet inavoué d’allonger la durée d’activité donnant droit à une pension complète.
Un lien étroit relie les attaques coordonnées de la bourgeoisie à l’échelle mondiale contre les droits sociaux conquis par les travailleurs de haute lutte au bombardement sur ordre de Trump de la base aérienne syrienne de Shayrat. Ce lien caché réside dans les tentatives de surmonter la crise qui mine le système capitaliste par le renforcement de l’exploitation des travailleurs et la violence. Il se manifeste à travers des guerres et des ingérences.
La crise du capitalisme est pour l’essentiel une crise d’excédents de capitaux. C’est une crise plus profonde que les précédentes crises de surproduction des marchandises. Le Capital est confronté à la difficulté de maintenir le taux de profit, moteur du capitalisme, à des niveaux élevés.
Elle attise de façon inouïe l’agressivité des puissances impérialistes qui, pour s’emparer des richesses des peuples, mettent à feu et à sang de nombreuses régions du monde sous couvert de défense des droits de l’homme. D’où en même temps l’extrême exacerbation des rivalités entre ces puissances pour un repartage du monde qui assurerait aux plus forts d’entre eux le contrôle en particulier des sources d’énergie, une arme décisive pour l’hégémonie des uns aux dépens des autres. C’est une compétition sans merci qui dévaste la vie de millions de femmes et d’hommes poussés à fuir leur pays, en Syrie, en Irak, en Afghanistan, dans les régions est de l’Ukraine, au Mali, etc. Et la liste risque de s’allonger.
Les contradictions inter-impérialistes sont si aigües que les chefs des grandes puissances ne tolèrent pas que les dirigeants de petits Etats viennent à contre-carrer leurs plans de domination. L’obsession anti-Assad s’explique à la lumière de ces contradictions. Tout partisan du capitalisme qu’il a été en menant au pas de charge des "réformes" qui ont durement appauvri les ouvriers et les paysans en même temps qu’elles ont enrichi les plus riches, Bachar Al Assad est devenu l’homme à abattre. Non parce qu’il a gouverné de façon despotique ou "massacré" son peuple comme le martèle la propagande occidentale. Un argument risible quand on voit avec quelle délicatesse les chefs d’Etat occidentaux entretiennent leurs mamours avec les monarques du Golfe que l’on ne peut qualifier de despotes, le mot étant trop doux pour décrire leur cruauté, leur pouvoir illimité et barbare. La faute "impardonnable" du régime d’Al Assad fut d’avoir voulu que la bourgeoisie syrienne se réserve la part du lion de la plus-value extorquée à une classe ouvrière brutalement touchée par les libéralisations et les privatisations. Il n’en a laissé que des miettes aux multinationales et aux émirs du Golf dont l’appétit est devenu féroce à mesure que des pans entiers du secteur public tombaient dans leurs mains. Sans compter qu’il a opposé un "niet" catégorique à la traversée de la Syrie par le gazoduc qatari. La position nationaliste d’Al Assad, dont le contenu répond aux intérêts de la bourgeoisie, faut-il le souligner, ne pouvait que provoquer la colère des USA, de la France, des monarchies de la région et de la Turquie. Celle-ci a d’ailleurs profité de la situation pour voler les machines de l’industrie des zones d’Alep tombées sous le contrôle des groupes islamistes.
Trump tente de reconstituer la suprématie économique des USA, fortement diminuée par l’émergence de nouveaux centres capitalistes. Autrement dit, il ne peut restaurer l’hégémonie la plus absolue de l’oligarchie US qu’en soumettant la classe ouvrière à une exploitation encore plus féroce sous le slogan "les USA d’abord !". L’hypocrisie la plus crue de ce slogan est révélée par sa décision de réduire les impôts des plus riches. Il lance un plan de renforcement de l’armement US dirigé contre la Russie et la Chine. Il oublie seulement que ces puissances rivales sont dominées elles aussi par des oligarchies qui ne se laisseront pas faire. L’URSS cherchait la paix. Le pouvoir soviétique n’étant pas celui des capitalistes, il n’avait aucun intérêt à la guerre. Son potentiel militaire était purement défensif. Par contre, la Russie bourgeoise d’aujourd’hui n’hésitera pas à aller à la guerre pour défendre et étendre sa sphère d’influence. Il en est de même de la Chine dont le qualificatif de "communiste" ne sert encore pour un temps qu’à camoufler le nouvel ordre capitaliste à l’ombre duquel prospèrent des milliardaires.
Un danger de guerre nucléaire plane sur l’humanité. Pour l’éloigner il ne suffit pas de le dénoncer ou de compter sur le réflexe de survie qui pousserait le "Docteur Folamour" à retirer au dernier moment le doigt du bouton d’allumage des missiles. Le mouvement ouvrier et populaire, s’il veut conjurer la disparition de l’espèce humaine, n’a d’autre choix que d’enlever le pouvoir des mains de la bourgeoisie et d’abolir l’exploitation capitaliste source de guerres inévitables.
Le sort des travailleurs algériens ne peut être isolé de ce contexte. La défense de leurs conquêtes sociales, l’amélioration de leur condition, le rejet de l’austérité imposée par le gouvernement et dont ils sont seuls à payer le prix, la préservation de l’unité territoriale de leur pays et, par là même, de leur propre unité de classe face à celle sans faille de leurs exploiteurs, sont inséparables des luttes économiques et politiques à l’échelle mondiale, de la coordination de leurs luttes avec celles de leurs camarades du reste du monde. La lutte pour la défense du pouvoir d’achat et de l’emploi est importante. Mais elle ne suffit pas. Les buts des luttes des travailleurs ne peuvent être circonscrits au seul terrain de la revendication économique. Leur succès requiert une action politique consciente. Une action centrée sur la création des instruments politico-organiques de l’affirmation des aspirations de classe des travailleurs en vue de l’avènement d’un pouvoir dirigé par la classe ouvrière et les masses laborieuses.
Un combat de longue haleine, c’est à ce prix qu’ils façonneront par eux-mêmes la clé de leur émancipation.
Zoheir BESSA
Version mise à jour.