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Pour un syndicalisme de combat Rencontre à Alger
jeudi 23 décembre 2010, par
Des syndicalistes se sont rencontrés le samedi 11 décembre pour débattre de la défense des libertés syndicales. La rencontre a été organisée à l’initiative de Ahmed BADAOUI, président de l’association de défense des libertés syndicales, association non agréée par les autorités à l’occasion du 62ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme.
Ce fut aussi l’occasion de célébrer les héroïques manifestations populaires du 11 décembre 1960 annonciatrices de la libération du peuple algérien du joug colonial.
C’est à Alger- centre, dans les anciens locaux de « saout echaab », organe central du PAGS liquidé en janvier 1993 par des dirigeants qui s’étaient honteusement ralliés au capitalisme que la rencontre s’est déroulée. L’ancien siège abrite aujourd’hui l’association féminine « therwa fatma nsoumer » qui a exprimé sa solidarité militante avec les syndicalistes en leur accordant son hospitalité.
Les participants ont dénoncé la violation des droits des travailleurs en butte à la répression, au déni de leurs droits sociaux, aux licenciements arbitraires dans le secteur privé comme dans les administrations et le secteur publics, au refus du pouvoir de reconnaître les syndicats échappant à son contrôle.
Les représentants des syndicats du CNAPEST, du CLA, du SNPSP, ceux
des associations A.D.A.S, A.S.L, A.A.A.R, FATMA N’SOUMER, de militants de droits de l’homme et des syndicalistes du secteur privé affiliés à l’U.G.T.A. ont tour à tour pris la parole pour appeler à la solidarité entre les travailleurs.
Ahmed BADAOUI a mis l’accent sur la nécessité de l’union des travailleurs dans les luttes présentes et futures pour faire face aux multiples agressions qu’ils subissent quotidiennement.
L’avocat Laïd ZOUAOUI (defenseur des travailleurs d’ALUNOR licenciés abusivement) s’est interrogé :
"Pouvons nous être moins éparpillés et rassembler nos forces à la situation va être plus rude et notre outillage rudimentaire !
Comment communiquer efficacement ?
Comment nous former au rude combat syndical ?
Nous ne sortons pas du néant, comment faire connaître et transmettre le fabuleux héritage des luttes des travailleurs algériens depuis la naissance du mouvement national de libération à ce jour ?"
Messaoud BOUDIBA du CNAPEST enchaîna en relatant les conditions très difficiles de la création de son syndicat, les intimidations et autres agressions dont ont fait l’objet les militants du CNAPSET dans l’exercice de leur droit syndical et lors des grèves, les licenciements abusifs et les suspensions des enseignants :
« La solidarité des travailleurs a toujours eu le dernier mot, là ou nous étions divisés, nous avons perdu ! Nous avons réussi à être reconnus ! Mais ce n’est qu’un récépissé, nous continuons avec les enseignants a subir l’arbitraire. Le combat continue. Nous sommes condamnés à le mener ensemble pour les questions communes ! Ensemble nous serons plus forts ! »
Mme Zineb BELHAMEL du CLA entama sa prise de parole en rendant un vibrant hommage au regretté OSMANE REDOUANE, martyr du combat de classe rassembleur unitaire et militant sans concessions pour la dignité et les intérêts des travailleurs :
« A ce jour notre syndicat n’est pas reconnu par les pouvoirs publics, mais dieu merci il est vivant chez les enseignants, pour nous contacter ils agissent par personnes interposées ! Nous célébrons aujourd’hui le 62 me anniversaire de la déclaration des droits de l’homme frappés d’interdits.
Certains syndicats autonomes sont devenus des annexes de l’UGTA s’accommodant du pacte social signé unilatéralement par cette dernière.
Qu’attendons-nous pour riposter ? Comment nous retrouver ? Beaucoup d’acquis des travailleurs arrachés de haute lutte par nos prédécesseurs sont en train de disparaître
Beaucoup de travailleurs des corps communs dans l’enseignement ne touchent même pas le SMIG, des centaines d’enseignants travaillent sans contrat de travail au mépris de la réglementations et sont licenciées sans indemnités ni préavis des qu’on n’a plus besoin de leurs services.
Pour le recrutement des enseignants le concours est formel, le passe droit devient la règle.
Beaucoup de nos problèmes sont identiques, je propose ce que cet espace soit doté d’un bulletin carrefour de nos luttes et de nos espoirs ».
Le docteur Lies MERABET, secrétaire général du SNPSP (syndicat national des praticiens de la santé publique) souligna la double symbolique de cette journée.
« Se rencontrer est un devoir, plus que jamais il faut nous organiser ! Camarades, des médecins employés dans les hôpitaux et centres de soins avec un contrat pré-emploi (C.P.E) avec les mêmes responsabilités que les nôtres touchent la moitié du SMIG (8000 DA) avec promesse d’être recrutés dans deux années. Mais c’est un mensonge : au bout de plusieurs années dans certains cas il ne le sont pas encore ! C’est dégradant, c’est de la dilapidation du savoir ! C’est honteux !
Malgré le fait que notre pays soit signataire de toutes les conventions internationales liées au monde du travail, nous n’avons pas encore la liberté d’exercer nos droits syndicaux et nos droits à la négociation et à la grève.
A ce jour on est tabassés, licenciés, suspendus à Alger, Constantine, Sidi bel labbes et Oran. Suite a nos différents sit-in et protestations,nous sommes traînés dans les commissariats de police !
Oui, nous devons renforcer cet espace, avoir notre bulletin, sortir de cette rencontre avec un communiqué qui rendra compte de nos résolutions. Oui l’union sera notre force ! »
Ahmed BADAOUI a appelé à " bâtir une confédération démocratique des syndicats, face a ce bloc anti- travailleurs, anti- syndicats" . Ancien secrétaire général du syndicat des douanes, et ancien membre de la C.E.N de l’UGTA dont il à été exclu, licencié arbitrairement par la direction générale de la douane, objet de huit plaintes rejetées par la justice mais non réintégré à son poste malgré cela, a conclu par un appel à la solidarité "notre seul mot d’ordre".
Yasmina CHOUAKI de l’association « therwa fatma nsoumer » souligna que "le combat féministe mené par son association est indissociable des luttes des travailleurs et du mouvement démocratique dans notre pays" . L’espace de son association est aussi celui des travailleurs !
Elle releva aussi que des jeunes se sont regroupés un jour au niveau de l’association et ont demandé a être aidés pour s’organiser en association de chômeurs, ils veulent lutter pour l’emploi et l’instauration d’une allocation chômage. Par milliers ils sortent de l’Université et restent sans emploi.
Répondant à un des organisateurs de la rencontre qui avait exprimé son étonnement devant l’absence de journalistes malgré l’invitation envoyée à la presse, Fatah AGRANE, membre de l’association des amis d’ ALGER Républicain (A.A.A.R) a pris la parole pour dire :
« je tiens a vous informer que la presse des travailleurs est présente à travers le journal ALGER Républicain où je collabore .Ces colonnes sont au service des travailleurs et de leur combat. Je trouve l’idée du bulletin intéressante et je me propose de faire partie du collectif. Le bulletin doit être alimenté par les syndicalistes faute de quoi il ne verra pas le jour !
Cette rencontre plurielle est une joie, maintenir ce contact fraternel serait formidable, militer séparément et frapper ensemble l’hydre exploiteur néolibéral serait déjà une victoire , nous aurons besoin de plus en plus de syndicats de classe combattants pour accélérer l’éveil des travailleurs et combattre le mensonge. Pas de syndicats maffieux, de syndicats écran de syndicats corrompus ! Pas de guillotineurs des travailleurs et de la jeunesse qui arrive dans le monde du travail ».
La rencontre s’est achevée par :
1- La rédaction d’un communiqué lu et approuvé par les participants, destiné à la presse.
2- La constitution d’un collectif pour publier un bulletin inter-syndical.
3- L’organisation de cycles de formation syndicale.
4- L’impulsion des actions de solidarité avec les syndicalistes et travailleurs licenciés.
5- L’organisation d’une permanence chaque semaine pour cet espace de convergence syndicale dans le local qui a abrité la rencontre.
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Texte d’information rédigé à partir d’un compte-rendu de Fateh Agrane
Alger républicain.