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Sidi Saïd, Ali Haddad, les travailleurs, l’économie de notre pays… et le blablabla

lundi 29 février 2016, par Alger républicain

L’inénarrable, l’inefficace dans la défense des intérêts des travailleurs, secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, a profité de la célébration en grande pompe de la création en 1956 de ce syndicat qu’il dirige avec délectation, pour se mettre une fois de plus en avant. Et ainsi faire oublier qu’il est bien éloigné des buts de son organisation proclamés en 1956 et des objectifs que s’était fixés le syndicat immédiatement après notre indépendance. C’est également l’anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures à peine évoquée par lui - disons que cela était quand même moins éclatant dans son intervention. Il est vrai qu’à ses yeux, pour l’économie du pays, il vaut mieux développer une politique favorable aux capitalistes. Enfin, ses annonces pour nous apprendre des bonnes nouvelles qu’il considère modernes n’ont surpris que ceux qui voulaient l’être.

Ses déclarations devant un parterre d’invités et de diverses personnalités triées sur le volet ne furent pas un coup d’épée dans l’eau, elles convenaient tous les présents. D’autant, que le plus grand nombre des convives n’était pas constitué d’ouvriers, loin de là. Ceux-ci n’auraient pas compris cette cérémonie qui exigeait de laisser tomber le bleu de travail pour enfiler un élégant costume bleu marine, un trois pièces cuisine avec cravate. Comme il convenait en pareille circonstance, n’est-ce pas ? Imaginez donc, leurs usuels vêtements de tous jours auraient dépareillé dans cette commémoration ! Oui, cette commémoration fut parfaitement bien organisée, les travailleurs qui en avaient été éliminés en garderont un mémorable souvenir… puisqu’ils n’y étaient pas été conviés !

Bref, le secrétaire général de l’UGTA a annoncé, comme si cela est une victoire des exploités, la signature "prochaine" d’une convention avec les organisations patronales consacrant les droits, les devoirs et la représentation syndicale des salariés du secteur privé. Cela, a-t-il affirmé sans pudeur, "bouleversera les relations entre les travailleurs et les patrons" Que sera ce bouleversement, une amélioration des conditions de travail et de vie des travailleurs ? Nos travailleurs connaissent déjà assurément la réponse !

Dès l’ouverture de cette "cérémonie" Sidi Saïd a prononcé un discours trompeur mais bien huilé. Que l’on en juge à ses propos mensongers :

" Nous pérennisons l’esprit de Novembre 1954, celui du choix de la liberté, de la souveraineté dans toutes ses dimensions et du progrès social" Avec son culot sans bornes, il a ajouté "le dialogue social engagé depuis octobre 1990 a permis de dépasser de nombreux écueils et de réaliser de nombreux acquis socioéconomiques, en instaurant une culture de confiance entre le gouvernement, le patronat et l’UGTA”.
On ne saurait mieux dire en matière d’opportunisme, de collaboration de classes ! Là, il est totalement dans son élément !

Comme rien n’était à exclure il fallait s’attendre à ses dérapages habituels. Il a invité à cette honorable assemblée des représentants du corps diplomatique, d’autres "bonnes gens" et, pour faire bonne figure, le président du Forum des entrepreneurs. Celui-ci, Ali Haddad, d’un air navré, le pauvre (!) a déploré dans une pâle envolée oratoire « le fait que l’Algérie compte sur le capital étranger pour se développer alors que seul le capital national est à même d’enclencher un processus de développement ». Que ne l’a-t-il entrepris plus tôt ce développement ? Le messager du patronat algérien a constaté avec de gros sanglots dans la voix que les Algériens n’investissent pas en Afrique. Il pense qu’il est temps de se tourner vers ce continent et de le conquérir. Pas moins ! Mais si ces bourgeois ont suffisamment de capitaux pour "conquérir" l’Afrique pourquoi ne les investissent-t-ils pas en priorité dans l’industrie de notre pays avant de vouloir conquérir d’autres marchés internationaux, ces bons patriotes à l’âme sensible ?
La réponse est dans la question.

De fait, Sidi Saïd feint d’ignorer que cette fumeuse convention ne sera que du vent à brasser dans le système qui régit notre pays : le capitalisme. Il a du reste horreur de ce mot qui ne lui vient jamais à l’esprit ! Les travailleurs conscients, le savent bien par leur expérience : seule leur action peut contraindre les patrons à reconnaitre une section syndicale dans leur entreprise. Plus encore dans le secteur privé ! Le reste c’est de la démagogie à la mode de ce "syndicaliste" plus opportuniste que jamais et pilier indéracinable du pouvoir et du patronat qu’il ne combat réellement jamais sous prétexte de "cohésion sociale". Expression qui se traduit par collaboration de classes, ce qui en définitive est le souhait de tous les patrons.

Ajoutons qu’à notre sens, il ne suffit pas non plus d’avoir des organisations syndicales, parfois corporatistes et coupées de l’ensemble des travailleurs des autres secteurs, pour défendre les intérêts de ceux-ci et des masses populaires. Ne perdons pas de vue, et cela est manifeste, que seule une fédération d’organisations syndicales unies dans les luttes de classes et avec une conscience élevée par ses combats, peut faire aboutir leurs revendications.

Sans une telle organisation nul doute que les progrès ne seront que partiels, aléatoires.
Si tant est qu’il est possible d’en obtenir.

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Malik Antar

27.02.16