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Syrie : le forcing du CCG : La ligue arabe veut donner le siège syrien aux rebelles
dimanche 24 mars 2013
En accueillant mardi l’opposition syrienne « qui ne fâche pas », l’Organisation panarabe, couleur printemps arabe, tente un coup de force pour isoler le régime syrien qui résiste tant bien que mal. Le Qatar, hôte de la rencontre, a annoncé « la participation de l’opposition syrienne au sommet », mais sans préciser si elle allait occuper le siège de la Syrie, resté vacant depuis la suspension de Damas par la Ligue arabe en novembre 2011. Cette décision, dit-on à Doha, sera tranchée par la réunion des chefs de la diplomatie arabe. Autant dire que le sort du siège est scellé à l’avance. L’Organisation panarabe, totalement sous domination des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et à leur tête le Qatar, n’a laissé aucune chance à l’établissement des passerelles de dialogues. Bien au contraire. Elle a manœuvré pour torpiller le moindre effort allant dans ce sens. Au lieu de jouer le rôle réconciliateur qui est censé être le sien, la Ligue arabe a tout fait pour ne laisser aucun autre choix que la guerre.
Pourtant ce ne sont pas les voix discordantes au sein de cet organisme qui ont fait défaut.
L’Algérie, l’Irak et le Liban se sont formellement opposés à ces manœuvres d’isolement de l’un des pays fondateurs de la Ligue arabe. Neuf pays ont toujours une mission diplomatique à Damas : le Liban, l’Algérie, le Soudan, la Jordanie, l’Égypte, le Yémen, l’Irak, Oman et la Palestine. Sauf que l’influence a changé de camp. L’Organisation panarabe n’est plus celle de Nasser, Boumediènne et Fayçal. La Ligue arabe, n’est pas plus, qu’un CCG bis, sous l’hégémonie qatarie. Ces pays détiennent près de 62% des réserves mondiales de brut et 24% des réserves mondiales de gaz. C’est dire que leur puissance financière, pèse désormais sérieusement sur des pays arabes économiquement mal en point.
Déchoir la Syrie de son siège à la Ligue arabe et mettre à sa place des guerriers ou aventuriers douteux, semble être le dernier coup de force du CCG pour donner le coup de grâce au régime d’Assad. Car tout compte fait, c’est la tête du chef syrien qui est visée par ces pays, qui sont loin d’être un modèle démocratique. L’exemple bahreïni est là pour prouver qu’au CCG on réprime d’une seule main toute opposition à coups de chars. La démocratie est loin d’être le souci majeur de ceux qui siègent au CCG. La Ligue arabe, historiquement une pure invention de l’« Intelligence Service » britannique en 1945, et qui est restée d’ailleurs dans le giron de cette puissance occidentale et ses alliés, a de tout temps brillé par son impuissance.
La question palestinienne n’en est que le triste exemple. La Ligue arabe n’a même pas été capable d’imposer le boycott de l’État sioniste à tous ses membres commencer par l’Égypte pays prépondérant de l’organisation panarabe et jusqu’à l’émirat du Qatar, son actuel chef de file. Cette nouvelle influence des pays du Golfe ne fait que renforcer cette inanité. La question qui se pose aujourd’hui avec acuité est : quel rôle encore a cette organisation ? Après la déchirure syrienne, que reste-t-il de la fameuse « fraternité arabe ? ». Il est désormais clair que les orientations de la Ligue arabe vont, aujourd’hui, à contre sens des principes qui ont toujours été ceux de l’Algérie indépendante. Pourquoi l’Algérie continue à y siéger ?
L’Algérie qui ne se reconnait plus dans cette « qatarisation » progressive de la Ligue arabe devrait au moins suspendre sa participation, sinon claquer la porte d’une organisation qui a perdu son âme.
Par Ghada Hamrouche,
in La Tribune du 24 mars 2013
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le commentaire de Zoheir Bessa
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Les journalistes algériens qui manifestent un esprit indépendant par rapport à la propagande des États impérialistes sur les ingérences en Syrie sont très peu nombreux. Dans l’article que nous avons reproduit plus haut, Ghada Hamrouche fait partie malheureusement des rares exceptions. Il faut s’en féliciter si la vérité commence à se frayer son chemin au milieu d’un déluge de mensonges et de manipulations. Cela ne signifie pas que nous devons soutenir inconditionnellement le régime Al Assad, pas plus que les courants démocratiques algériens n’avaient envisagé de donner carte blanche au régime algérien au moment où il fallait barrer la route à la prise du pouvoir par le FIS.
La question fondamentale aujourd’hui est de rejeter fermement la prétention des États impérialistes à imposer aux peuples les dirigeants et à choisir à leur place un régime social et politique. Les luttes démocratiques sont inséparables dans nos pays de la résistance aux ingérences impérialistes et aux menées des forces rétrogrades. C’est dans la résistance anti-impérialiste la plus conséquente que les forces de progrès renforceront leur influence et leurs capacités d’initiative.
On ne peut accepter qu’un commando vienne s’emparer d’un dirigeant politique après l’avoir mensongèrement criminalisé comme Sarkozy l’a fait en Côte d’Ivoire.
On ne peut tolérer que les puissants viennent jeter dans leur prison de La Haye les personnalités refusant de courber l’échine devant eux.
On ne peut assister sans réagir au retour aux pratiques humiliantes de l’empire romain qui faisait défiler dans une cage les chefs "barbares" capturés devant une foule excitée, avant de les étrangler ou de les empoisonner dans de lugubres cachots souterrains.
C’est aux peuples et à eux seuls qu’il appartient de désigner en toute souveraineté leurs représentants et de consentir pour cela les sacrifices exigés si besoin est. Applaudir les ingérences, hier en Libye, aujourd’hui en Syrie, c’est envoyer un signal aux néocolonialistes pour les encourager à parachuter un jour leurs troupes en Algérie ou à fomenter des révoltes artificielles.
Qui nous dit qu’un jour Hollande ou tout autre chef impérialiste de Grand-Bretagne ou des USA, ne s’emparera pas du mécontentement – légitime - des jeunes du Sud pour pousser des groupes très minoritaires à des actions que les médias s’empresseront de présenter comme le début d’une révolution populaire "contre un régime autoritaire" justifiant le blocus économique de l’Algérie, la mise au ban de l’humanité puis pour finir l’intervention "humanitaire" pour sauver le peuple d’un génocide certain ?
Les journalistes qui mettent leur plume au service de l’impérialisme en reprenant sa propagande préparent le terrain à ce genre de tragédie. La plupart reprennent avec servilité, voire avec délectation les dépêches de l’AFP et se font les relais des campagnes médiatiques visant à réaliser les plans du GMO élaborés par Bush et mis en application par Obama, Sarkozy, Cameron, Hollande, Fabius et compagnie. Paresse, manque de "professionnalisme", allégeance ?
Il n’existe pas de journalisme au-dessus de la mêlée. L’argument du manque d’information ou de l’incompétence est inconsistant. A l’ère d’internet on peut diversifier ses sources d’informations, à condition de le vouloir. Il fut un temps où le journaliste algérien se méfiait d’instinct de toute information véhiculée par les médias des pays impérialistes et des anciens colonialistes. Il avait tendance, en l’absence de données précises, à prendre spontanément en sympathie les personnes ou les États vilipendés, dénigrés à mort ou agressés par les puissances impérialistes et à se méfier de ceux que ces puissances portent aux nues. L’éditorialiste Serge Halimi a qualifié de "nouveaux chiens de garde" ce type de plumitifs à la solde des classes dominantes.
Pour notre part nous désignerons les journalistes algériens otaniens de "nouveaux harkis de l’impérialisme". Ils font partie d’une caste anti-nationale et anti-populaire qui est en train de se former à grande vitesse à tous les niveaux des couches sociales qui veulent leur place "au soleil". Elle aspire à jouer sans état d’âme le rôle de valets de l’impérialisme pour maintenir le peuple sous sa domination, à l’image de ce que furent à l’époque coloniale les bachaghas et les caïds, en échange de grasses rétributions et de protection.
Enfin, un journaliste algérien honnête ou tout citoyen qui a vécu la "décennie rouge" peut-il oublier qu’il était révolté au plus profond de lui-même par les campagnes du "qui-tue-qui ?" menées en France et aux USA pour dédouaner les hordes du FIS de leurs crimes barbares ?
Le même scénario se répète en Syrie, sauf que dans ce pays qui occupe une place stratégique au Moyen Orient, les bandes réactionnaires accourues de partout pour empocher le pécule versé par le Qatar et l’Arabie Saoudite et s’offrir, avant de commettre des boucheries sans nom, les plaisirs de la chair au nom de multiples fetwa appelant les musulmanes non mariées "âgées de plus de 14 ans" à participer au "Djihad" ? leur façon, ces bandes criminelles se font passer pour des défenseurs de la liberté et sont labellisés comme tels par l’AFP, Le Monde, France 24, CNN, Al Djazira, etc., la "grande presse" algérienne et … radio Alger !
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24.03.13
Zoheir Bessa
Directeur d’Alger républicain