Alep, sera-t-elle le tombeau de l’obscurantisme ou celui des idées émancipatrices dans le monde arabo-musulman ?

L’issue de la guerre civile déclenchée en Syrie par l’insurrection obscurantiste soutenue par les USA, la France, la Turquie et les monarchies théocratiques du Golfe, se joue-t-elle, au moins partiellement, à Alep ?

Une partie de la ville est sous contrôle des islamistes depuis 2012. Quelque 250 000 habitants survivent dans les quartiers est de la ville sous le régime instauré par leurs groupes armés composés en grand nombre de fanatiques intégristes accourus du monde entier. Les citoyens refusant de subir l’ordre théocratique imposé à coup de décapitations et de lapidations se sont réfugiés depuis longtemps dans les quartiers de l’ouest de la ville que protège l’armée gouvernementale. Ils sont 1,2 millions d’habitants à refuser le régime islamiste et à avoir choisi de résister dans cette partie de la ville aux hordes barbares de l’est. Ils subissent régulièrement les attaques au mortier, l’explosion des voitures piégées, le tir des snipers et tout récemment les attaques au chlore.

Les médias des pays impérialistes observent un silence de plomb sur les attaques sauvages menées par les protégés de leurs Etats. Ils n’ont qu’indifférence pour les souffrances endurées par les habitants de cette partie de la ville. Mais ils se lamentent à chaudes larmes, de crocodile, sur les victimes civiles des quartiers bombardés par l’armée gouvernementale. Pendant longtemps ils ont fait croire à l’opinion que les groupes armés combattus par les troupes du gouvernement sont dirigés par des forces démocratiques opposées au régime d’Al Assad. On a baptisé ces groupes islamistes armés du nom d’ "Armée syrienne libre". On les appelle aussi "combattants" ou "rebelles" pour faire croire que leur insurrection est juste, accoucheuse d’un système démocratique sur les décombres du régime autoritaire du Baath.

Hollande feint régulièrement de pleurer sur le sort des habitants des quartiers contrôlés par les modèles des kamikazes du Bataclan, de Nice ou d’ailleurs qui répandent la mort, la terreur et l’angoisse en France. La presse française ne diffuse que les images de victimes civiles des tirs et bombardements de l’aviation syrienne. Comme si dans une guerre il ne pouvait pas y en avoir de part et d’autres. On aura remarqué que les dizaines de civils tués lors du bombardement ordonné par Hollande la nuit même du carnage de Nice, n’ont fait l’objet d’aucun écho dans les TV françaises. Le Conseil de Sécurité de l’ONU a abordé le sujet mais motus et bouche cousue dans les grands médias.

La fable de l’ALS se révèle maintenant comme une pure supercherie. Pour pouvoir coordonner l’action de tous les groupes appuyés par l’Occident, les intégristes dont la fourberie n’a pas de limites ont changé le nom de Djebhat En Nosra désormais appelée "Ahrar Ech Cham" (Les libérateurs du Levant). Ils ont annoncé leur retrait d’Al Qaïda avec l’accord très compréhensif de celle-ci ! Habituellement une fetwa était prononcée sur le champ pour lancer une armée de tueurs aux trousses des déserteurs. Ce qui corrobore l’idée d’un retrait purement formel pour les besoins de la propagande. Histoire de faciliter la tâche à Hollande et Kerry contrariés par la victoire annoncée de l’armée gouvernementale et cherchant à présenter sous un jour plus acceptable leurs alliés, à les placer en position de force en cas de négociations.

Une victoire sur les forces obscurantistes marquerait un tournant. Les puissances impérialistes occidentales se fichent complètement du sort des civils. La défaite de leurs protégés qui précipiterait la fin de la guerre les priverait du moyen d’étrangler la Syrie pour l’obliger à abandonner à leurs multinationale le contrôle des voies de passages du gaz et du pétrole. Et les alliés d’Israël ne pourraient plus contraindre la Syrie à négocier la fin de l’état de guerre avec l’entité sioniste dans le cadre d’un "Camp Davis II" à la syrienne concédant définitivement le Golan à l’occupant.

Appuyée par l’aviation russe, l’armée syrienne livre une bataille sans merci pour déloger les islamistes. Stimulés par la propagande occidentale, mais surtout renforcés par un important afflux d’armes et d’hommes en provenance de Turquie durant la trêve, ces derniers bandent leurs forces dans d’ultimes attaques. Ils tentent de casser l’encerclement et de pénétrer dans les quartiers ouest en envoyant au "front" des vagues successives de kamikazes et de véhicules piégés qui déciment les civils.

Au-delà des drames vécus par les civils, ce qui se joue à Alep ne concerne pas que les Syriens. L’issue de cette bataille aura des effets profonds à long terme dans les pays arabo-musulmans.

Ce sera soit la défaite cuisante des tenants de l’obscurantisme et de la barbarie, soit un encouragement d’une ampleur inimaginable au lancement de grands assauts pour imposer leur ordre théocratique. Un ordre certes historiquement révolu mais qui retardera l’émancipation des peuples de la région au grand bénéfice des puissances locales ou mondiales de l’argent, les Etats impérialistes s’entendant fort bien avec les coupeurs de têtes du Golfe.

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R.I.