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Le résistant grec Manolis Glezos, député de SYRIZA, demande « pardon au peuple grec d’avoir contribué à cette illusion »
samedi 28 février 2015
Manolis Glezos est un héros en Grèce, une légende vivante de la Résistance, 92 ans. Elu sur les listes de SYRIZA en 2014, c’est lui qui – avec un ami – le 30 mai 1941 avait inspiré les résistances grecs et d’Europe en détachant à 18 ans le drapeau nazi du haut de l’Acropole.
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Glezos a connu les prisons de l’occupant nazi allemand, celles de l’occupant fasciste italien puis celle des collaborateurs grecs, et encore celle de la dictature grecque après la guerre, à deux reprises. Il n’est pas d’autre figure en Grèce qui ne soit plus écoutée.
Les 80 ans passés, il s’était engagé dans le mouvement SYNAPSISMOS, puis SYRIZA – tout en gardant son indépendance de pensée et d’action, avec son « Mouvement des citoyens engagés » qu’il a fondé au début des années 2000.
Il avait critiqué en 2013, lors de la Conférence fondatrice de SYRIZA, la mise au pas imposé par Alexis Tsipras imposant la transition de la « Coalition de gauche radicale » en « parti unique de la gauche de gouvernement », avec la dissolution des courants et la suppression es voix internes critiques envers l’Union européenne et l’euro.
Manolis Glezos a exprimé sa désillusion hier sur le site de son « Mouvement des citoyens engagés ». Désillusion face à la capitulation du gouvernement mené par SYRIZA face aux décideurs européens. Voici notre traduction :
« Vous pouvez changer le nom de Troika pour le remplacer par le nom des « institutions » prises séparément, celui de mémorandum par « accord », et celui des créanciers par « partenaires » : cela ne change rien à la situation antérieure, comme si il suffisait de dire que le « poisson » est de la « viande » [NdT : référence à la pratique du clergé grec à l’époque médiévale consistant à dissimuler la pauvreté, en changeant le nom des aliments. Le KKE a pris exactement la même métaphore dans sa critique du gouvernement actuel]
Bien entendu, on ne peut pas changer le vote du peuple grec aux élections du 25 janvier 2015.
Le peuple a voté pour ce que SYRIZA a promis : en finir avec l’austérité qui n’est pas seulement la stratégie de l’oligarchie allemande et des autres pays de l’UE, mais aussi la stratégie de l’oligarchie grecque.
En finir avec les mémorandums et la Troika, abolir toutes les lois d’austérité.
Le lendemain des élections, nous devions mettre un terme légal à la Troïka et ses conséquences.
Un mois a passé désormais, et les promesses ne se sont pas matérialisées.
C’est fâcheux, très fâcheux même.
Pour ma part, je veux m’excuser auprès du peuple grec car j’ai contribué à cette illusion.
Avant qu’il ne soit trop tard, toutefois, il nous faut réagir.
D’abord, les adhérents, amis et partisans de SYRIZA, à tous les niveaux de leurs organisations, devrait décider dans des rencontres extraordinaire si ils acceptent cette situation.
Certains prétendent que pour parvenir à un accord, il nous faut d’abord battre en retraite. Avant toute chose : il ne peut pas y avoir de compromis entre l’oppresseur et l’opprimé. Entre l’esclave et l’occupant, la seule solution, c’est la Liberté.
Mais même si nous acceptions cette chose absurde, les concessions déjà faites par les précédents gouvernements pro-austérité en termes d’emploi, d’austérité, de pauvreté, de suicides sont allés bien trop loin. »
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Manolis Glezos
Bruxelles,
22.02.15
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