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Nouvelle-Calédonie : Notre Colonie du Pacifique …
vendredi 14 septembre 2012
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“La colonisation de la Nouvelle-Calédonie fut l’une des pires qu’il y eut au monde.” -
Rosselène Dousset Leenhardt - Ethnologue [1]
Notre président vient de passer près de trois jours en Nouvelle-Calédonie. Ouvrant officiellement, le samedi 27 août 2011 à Nouméa, les XIVe Jeux du Pacifique qui se termineront le 10 septembre prochain.
Jeux réunissant 22 États de la région, essentiellement d’autres îles et archipels. En dépit des bouderies de certains poids-lourds, en termes économiques et politiques, comme Hawaï, ou encore l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Le paradoxe étant de voir Nouméa accueillir des États indépendants tout en conservant son statut colonial…
Spoliation, violence et génocide culturel
Notre Grand Timonier venait aussi prendre la mesure de la situation, dans ce qui représente une de nos principales colonies dans l’hémisphère sud. Survivances de notre défunt empire. Récemment se sont encore produits des évènements violents, entraînant la mort de plusieurs personnes. Revendications, tensions, agitations, y sont en permanence explosives. Malgré les lénifiantes déclarations officielles, pieusement retranscrites par les médias de la propagande. Dans le genre (Agence de Presse Reuters) :
“Visite consensuelle de Nicolas Sarkozy en Nouvelle-Calédonie”…
Car, les révoltes n’ont jamais cessé au cœur de cette nation, magnifique de courage : la Nouvelle-Calédonie, la Kanaky, son nom historique, ancestral, authentique. Tout au long de l’exploitation coloniale française d’une rare sauvagerie, y compris jusqu’à nos jours. D’autant plus implacable et sadique que l’éloignement de la métropole est la garantie de l’étouffement de l’information, dans une complicité médiatique totale (jusqu’aux moteurs de recherche du web qui occultent sites et blogs “indépendantistes”…). Dans l’impunité. On ne pourrait inventorier toutes les violences racistes et parodies de justice l’accablant, depuis que la France s’en est militairement emparé.
Kanaky : morceau de paradis, tombé du Ciel, où l’enfer colonial s’est imposé, incrusté, dans la Bonne Conscience des colons prédateurs …
Un archipel du bout du monde, dans un immense océan, à près de 17.000 kms de la métropole, uniquement peuplé de Mélanésiens, les Kanaks, lors de sa découverte par une expédition de l’explorateur britannique Cook, le 4 septembre 1774. Annexé par la France, sous le vocable “colonie”, 79 ans plus tard : le 24 septembre 1853. Colonie exploitée dans une oppression dont on éprouve de la peine à imaginer, à croire, le niveau d’incroyables souffrances et humiliations infligées aux Kanaks.
Colonie de “peuplement” où la France a envoyé des bagnards, des exilés politiques suite à la répression de la Commune. Puis, de la main-d’œuvre ’importée’ d’Indonésie, du Vietnam les “chan dang”, des îles polynésiennes de Wallis, et, bien sûr, des “cadres” et autres métropolitains installés à prix d’or. L’essentiel étant de noyer les Kanaks dans un afflux de populations, étrangères à leur terre ancestrale. Pour les réduire à une “minorité”, exclue de l’avenir de son pays.
Dans la spoliation, analogue à celle des “Peaux-Rouges” en Amérique du nord, Amérindiens en Amérique “latine”, Maoris en Nouvelle-Zélande, Aborigènes en Australie. Avec une férocité telle, que même l’Eglise et ses représentants les pères maristes, pourtant fervents de la colonisation, en étaient effrayés :
“… chassés de leurs terres, de leurs villages, de leurs vallées, qu’ils ne cèderaient jamais à prix d’argent, il ne faut pas en douter. Tout en cédant à l’autorité et au mouvement qui les forcent à s’exécuter…” [2].
“… Dans le centre de l’île où de larges territoires ont changé de mains, les mélanésiens sont exsangues. Déportations et cantonnements ont dépeuplé le pays, rompu les réseaux, cassé les dynamiques sociales, brisé les groupes coupés de leur environnement familier.
Ponctuant une succession de révoltes menées un peu partout dans l’île entre 1856 et 1869 et toujours réprimées ou soldées par des dépossessions de terres, l’échec de la grande insurrection généralise, parmi les Kanaks, un découragement suicidaire.” [3]
Ces atrocités s’accompagnent de l’enrichissement d’une oligarchie locale, en cheville avec les responsables de l’administration et de l’armée : “… une bourgeoisie d’affaires, même réduite à une poignée de collectionneurs de commerces, de professions libérales, de mines et de stations d’élevage, à travers un processus de captation et d’accumulation de biens auquel la spécificité pionnière confère une rapidité extrême ”. [4]
’Rapidité extrême’ ... En clair : “fabuleuse”. C’est ainsi qu’un colon, Gratien Brun, en 1880 :
“… possède plusieurs stations [fermes d’élevage, NdA] couvrant ensemble 24.000 hectares et contenant 20.000 têtes de bétail.” [5]
Kanaks, taillables et corvéables à merci. Avec interdiction de pratiquer leurs langues, une vingtaine dans l’archipel, sous peine d’amendes, de brimades, de sévices…
Dans le mépris raciste absolu [6].
Du nickel plein les poches
En France, très peu d’informations, encore moins de recherches, de témoignages, de publications, sur ce pan de nos forfaits coloniaux en Kanaky. Il faut, souvent, recourir à des travaux d’universités australiennes ou néo-zélandaises pour avoir des documents, des analyses. Seul le folklore Kanak est, à présent, célébré par l’administration coloniale… Hors folklore : silence !
Des européens courageux ont essayé de dénoncer, d’entraver, pareils comportements. Ils ont tous été la cible d’attaques et de menaces des milieux colonialistes.
Parmi les plus déterminés, citons le missionnaire protestant Maurice Leenhardt [7], ainsi qu’un de ses élèves, Jean Guiart. Ils n’ont cessé de critiquer l’administration, les milieux colons et l’idée même du colonialisme. Unanimement respectés par le peuple Kanak et dans le Pacifique. Luttant aux côtés des Kanaks, dont l’interdiction de se déplacer librement dans leur propre pays n’a été levée qu’en 1946 …
Deux témoignages :
– Le premier, antérieur au soulèvement des années 1980, de Rock Pidjot, une des grandes figures de l’indépendance Kanak :
“… C’est un pays où les autochtones, qui représentent la moitié de la population, sont les seuls à ne pas être propriétaires des terres sur lesquelles ils vivent mais où trois gros propriétaires fonciers possèdent le tiers des terres données en concession lors de la colonisation française (90.000 hectares sur 280.000)…
La Nouvelle-Calédonie attend toujours sa décolonisation. Tous les autres pays du Pacifique sont devenus indépendants ou autonomes : Fidji, Samoa, Tonga, Nauru, Nouvelle Guinée. Il n’y a plus que la France qui conserve, sous de nouvelles dénominations, de véritables colonies…” [8]
– Le second, de Marc Coulon :
“… Le 9 mai 1985… des commandos armés, menés par Henri Morini, chef du service d’ordre du RPCR [ancienne émanation de l’UMP local, NdA], ont attaqué un paisible meeting Kanak à Nouméa. Cela n’a pas suffi. Une chasse aux Kanaks s’est amplifiée démesurément, pendant des heures, dans plusieurs quartiers de la ville ; la droite déclenchait la guerre ethnique ou plutôt raciste. L’apartheid ne suffisait pas, il leur faut massacrer…
Les razzias des garde-mobiles [gendarmerie, NdA] dans les tribus (offensives à la grenade, attaques des femmes et des enfants, saccages des cases, destructions des matériels et mobiliers, passage à tabac…) ; les arrestations nombreuses et durables des militants politiques et leur séquestration dans des conditions sans rapport avec aucun discours sur les droits de l’homme, l’espionnage public et privé permanent des activités des leaders… ” [9]
La “gendarmerie”, considérée comme une armée d’occupation, une milice coloniale au service d’intérêts privés, et non pas d’un État républicain, démocratique. Honnie, méprisée, vomie, par le peuple Kanak…
Evidemment, cette féroce répression n’a pas pour finalité la préservation de milliers d’hectares ou la production de tonnes de viande pour le bénéfice d’une poignée de colons racistes. Mais, l’appropriation, la spoliation d’une colossale richesse à l’échelle de la planète.
Car, la Kanaky est fabuleusement riche : elle détient, au minimum, le quart des réserves mondiales de Nickel, non comprises celles qui se trouveraient offshore...
Ressource naturelle exploitée dès 1880 par une société constituée à cet effet, Le Nickel, propriété de la famille Rothschild qui en fit à la fin des années soixante la maison-mère de l’ensemble de ses sociétés minières, la locomotive de son pôle minier… [10]. Après une multitude de tribulations boursières et juridiques, inévitables changements d’actionnaires et restructurations, cette richesse est actuellement exploitée par le groupe français “Eramet”. Dont le siège se trouve, non pas en Nouvelle-Calédonie, mais dans la Tour Montparnasse, à Paris. [11]
Ce groupe, organisé en plusieurs filiales, revendique ainsi les titres de 6ème producteur mondial de nickel, et 2ème producteur mondial de ferronickel, alliage utilisé dans l’élaboration des aciers inoxydables, et 1er producteur mondial de chlorure de nickel. Le marché des “aciers inoxydables et alliages” représentant 85% de son chiffre d’affaires, en 2010. [12]
Le monde étant petit, il n’est pas inintéressant de noter qu’Eramet dans ses actions de diversification a conclu des accords de partenariat avec le groupe Bolloré qui a affiché ses ambitions dans la construction de la voiture électrique. En février 2009, pour : « … l’extraction et la transformation de lithium pour la fabrication de batteries électriques rechargeables pour l’automobile ». En février 2010, pour : « … l’exploration assortie d’une option d’achat portant sur des gisements de lithium avec la société argentine Minera Santa Rita ». [13]
Les opérations d’extraction du minerai (garniérites) en Nouvelle-Calédonie, avec 5 centres miniers situés dans le Nord et le Sud de l’Ile, s’effectuent sous couvert d’une filiale qui a pour nom Le Nickel-SLN. Avec une usine de transformation du minerai en ferronickel dans l’usine métallurgique de Doniambo, à proximité de Nouméa (80%). Le reste (20 %) est transformé en France, à la raffinerie de Sandouville, sous forme d’une matte de nickel.
Curieuse configuration que l’actionnariat d’Eramet, suite à une rocambolesque jonglerie qui fait le charme subtil du Libéralisme Economique : aux côtés d’actionnaires et “porteurs” d’actions privés, l’Etat français se réserve 27,37 % des actions (dont Areva 26%), la part de la Nouvelle–Calédonie ou Kanaky [les 3 provinces regroupées dans une STCPI] se trouvant réduite à 4,16 %. [14].
Autrement dit, la nation Kanak dont le nickel est à la source de la fortune de ce qui est devenu au fil du temps le groupe Eramet, avec ses cascades d’actionnaires et de filiales, doit se satisfaire d’un bol de pois-chiches…
Apartheid et révoltes
La nation Kanak, spoliée de ses terres et ressources naturelles, niée dans son droit à l’autodétermination, marginalisée dans sa représentation aux postes de responsabilité (administration, enseignement, professions libérales, directions d’entreprises, etc.), maintenue dans la pauvreté, la précarité, l’humiliation, refuse de se voir folklorisée dans des “réserves” ou des parcs nationaux pour touristes, de voir sa jeunesse sombrer dans le chômage, l’alcoolisme, la drogue, la délinquance.
Autorisant la puissance coloniale à toutes les répressions et les justifications racistes. La population carcérale est actuellement de 200%, le gouvernement français planifiant, dans sa stratégie visionnaire, la construction de nouveaux centres pénitentiaires et une augmentation des effectifs de police…
Alors, la révolte ne cesse pas et jamais ne cessera face à ce qui est, dans les faits, un abject apartheid destiné à maintenir la suprématie des colons européens.
Un évènement a marqué l’histoire récente, déformé, caricaturé et enseveli par les médias de la désinformation :
Le 5 mai 1988, des troupes spéciales françaises [15] donnent l’assaut à une grotte, dans l’île d’Ouvéa [16], où s’étaient retranchés des indépendantistes Kanaks, avec des gendarmes pris en otages. Point culminant de troubles qui avaient mené le pays au bord d’une guerre civile entre des colons, avec leurs auxiliaires, et des résistants d’origine Kanak. [17]
Les otages sont libérés. Mais les 19 indépendantistes sont tués, plusieurs “… après la prise de la grotte dans des circonstances déshonorantes pour l’armée française [18]”. Michel Rocard, dans une déclaration, dénonce l’assassinat de deux indépendantistes blessés :
“… J’ai honte aussi quand deux militaires ont achevé à coups de crosse deux preneurs d’otage à Ouvéa.”
D’après des témoins, beaucoup plus : sommairement exécutés, ou achevés pour les blessés. Dont Alphonse Dianou, qu’on retrouvera le visage défoncé et les pansements arrachés.
Le 26 juin 1988, sont signés les accords de Matignon, mettant un terme provisoire aux déchirements que vit cette colonie. Accord signé grâce à l’influence modératrice du leader indépendantiste, Jean-Marie Tjibaou [19].
Un référendum d’autodétermination est prévu “à partir de 2014”… Ce qui, en fait, ne veut rien dire.
<doc364|left> Méconnu en France, où la propagande coloniale censure dans ses médias le discours et la présence d’une telle personnalité, il est considéré dans la région du Pacifique [20], comme une immense figure historique. Par son intelligence, sa sagesse, sa détermination, dans la grande lignée des Gandhi ou des Martin Luther King. De ceux qui ont su redonner la dignité à leur peuple et exiger le respect de leur identité, dans l’humanité à l’égard des autres.
Evidemment… Un an plus tard Jean-Marie Tjibaou est assassiné, avec son adjoint à la direction du parti indépendantiste FLNKS, Yeiwéné. Il s’y attendait.
Plusieurs de ses lieutenants avaient été tués par des snipers de la gendarmerie, Eloi Machoro [21] et Marcel Nannoro, pour ne citer que les plus connus. Deux de ses frères avaient été assassinés, en 1984, avec huit autres Kanaks, dans une embuscade tendue par des colons. Brûlés vifs, encore blessés, dans leurs voitures, criblées de balles. Le tristement célèbre, dans la région Pacifique, massacre d’Hienghène. En dialecte local, Hienghène : “Pleurer en marchant” …
Tous les assassins ont été acquittés pour “légitime défense”, à la suite d’un simulacre de procès, en 1987, analogue à ceux de l’Alabama, de l’Arkansas ou d’autres États racistes des USA, du temps de la ségrégation raciale. Tous les membres du Jury étaient des colons, les sinistres “caldoches”, qui ne dépareraient pas dans une assemblée du Ku-Klux-Klan. Il n’y a pas de juge ou d’avocat Kanaks, en Kanaky…
Son pressentiment s’est réalisé le 4 mai 1989. Une balle en pleine tête, tirée par un Kanak, à bout portant, lors d’une commémoration du massacre d’Ouvéa. Comme souvent dans ce genre d’opérations, l’assassin est immédiatement abattu, sans sommation, par un policier présent. Pas d’enquête, pas de procès. Affaire classée...
Le référendum est ainsi repoussé en 2018, par les Accords de Nouméa du 4 mai 1998. Le temps, pour la puissance coloniale, de s’assurer une majorité contre l’indépendance, par un basculement démographique. Schéma classique, que les USA ont pratiqué dans l’archipel d’Hawaii.
Certains hommes politiques français ont le courage d’avoir honte. Ils sont très rares. Combien ont souscrit aux propos de Michel Rocard ? Il avait découvert, il est vrai, le “Dossier Néo-Calédonien” dans tous ses “détails”, en tant que premier ministre lors de la présidence Mitterrand. Choqué, atterré, il s’était démarqué du cynisme colonial par cette volonté de contrition :
“… La France a fait des choses dont j’ai honte. Quand l’armée chassait les tribus de la mer [surnom des Mélanésiens, NdA] à coups de fusil pour faire place aux colons. le grand-père de Jean-Marie Tjibaou a couru comme ça en portant un enfant de quatre ans. A côté de lui, un proche est tombé d’une balle dans le dos…”
Mais, la honte ne change pas grand-chose… L’exploitation, la répression continuent, se perpétuent, dans l’autosatisfaction et l’hypocrisie. Au mépris des principes élémentaires d’une république dite démocratique et civilisée….
Parmi les infamies les plus marquantes de ces dernières années : le 16 janvier 2008. Une manifestation pacifique de militants syndicaux de l’USTKE (Union Syndicale des Travailleurs Kanaks et des Exploités), salariés de l’entreprise de transport en commun Carsud, en conflit avec leur direction (groupe Veolia), est réprimée, avec une violence féroce, par la gendarmerie mobile. [22]
On dénombre 20 blessés, dont cinq grièvement. A cela, s’ajoute arrestations et emprisonnements préventifs, en attente d’un jugement par le tribunal correctionnel de Nouméa. Le 21 avril 2008, ce tribunal rend son jugement : 23 de ces syndicalistes sont condamnés à des peines de prison ferme, allant de 1 mois à 1 an, associées à une privation des droits civiques pendant 3 ans pour les responsable syndicaux…
Dernièrement : le 8 août 2011. Oui, le mois dernier. Gravissime évènement, totalement étouffé dans nos médias, dans le mensonge. L’île de Mare (Nengone en Kanak), à une demie heure de vol de Nouméa, 4 morts et 30 blessés dans un conflit avec la société de transport aérien desservant l’archipel, Aircal (Air Calédonie). Devant une augmentation des tarifs inacceptable pour les insulaires, un collectif des usagers et des travailleurs des îles de Nengone (Mare), Drehu, Iaai, et Kunie, occupe pacifiquement piste et aéroport de l’île.
Une milice patronale, coloniale pour être sociologiquement plus précis, comme il y en a tant en Kanaky, surgit, attaque, mitraille, pour tuer et terroriser. Orgie sanguinaire, d’une implacable cruauté. S’évanouissant dans la nature et provoquant l’envoi aéroporté des forces de l’ordre. En Kanaky, on ne discute pas : on tire dans le tas… Inévitablement, parfaitement rodée, la propagande prend le relais pour désinformer : guerre tribale, règlement de comptes clanique, etc. [23]
Sous-entendu : « Que voulez-vous chez ces sauvages… Ils se complaisent dans le sous-développement… Passant leur temps à se battre entre eux… Heureusement que nous sommes là… »
Ne noyons pas notre tête dans le sable : un massacre organisé de 4 tués et 30 blessés dans une petite île, est l’équivalent de 4.000 tués et 30.000 blessés à la dimension d’un pays. Un crime contre l’humanité. Les responsables, commanditaires, qui organisent, cautionnent, couvrent, l’action de ces milices ou escadrons de la mort, similaires à ceux qui sévissent en Colombie et autres pays d’Amérique latine, méritent le Tribunal de La Haye.
Kanaky : symbole du pillage colonial, de la sauvagerie prédatrice, de la terreur raciste, de l’impunité criminelle.
En visite au Québec, à Montréal en 1967, le général de Gaulle avait eu le courage, l’audace, de crier devant micros et caméras : « Vive le Québec Libre ! ». A Nouméa en vain, j’ai attendu, espéré, rêvé, un même élan chevaleresque, Don Quichotesque. Sarkozy, bras levés, pin de l’OTAN à la boutonnière, épingle à cravate siglée ONU, charismatique de panache, christique de grandeur d’âme, rugir face à la foule : « Vive la Libye Kanaky Libre ! »…
N.B. Ce texte est l’actualisation d’un billet paru le 29 mai 2008, intitulé Kanaky : Colonie de l’Oubli …
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Georges STANECHY
3 septembre 2011
[1] In Le Dossier Calédonien, Jean-Paul Besset, Cahiers Libres, La Découverte, 1988, p. 75.
[2] Deckker, Paul & al., ouvrage collectif, Le Peuplement du Pacifique et de la Nouvelle-Calédonie au XIX° siècle – Condamnés, colons, convicts, chan dang, Actes du Colloque Universitaire International, publiés sous la direction de Paul de Deckker, Editions l’Harmattan, 1994, p. 318.
[3] Soussol, Alain, Université de Montpellier, in Paul de Deckker, (Op. Cit.), p. 362.
[4] In Paul de Deckker, (Op. Cit.), p. 363.
[5] In Paul de Deckker, (Op. Cit.), p. 365.
[6] Guiart, Jean, La Terre est le sang des Morts – La Confrontation entre Blancs et Noirs dans le pacifique sud français, Editions Anthropos, 1983.
[7] Clifford, James, Maurice Leenhardt – Personne et Mythe en Nouvelle-Calédonie, Editions Jean-Michel Place, 1987.
[8] Rollat Alain, Tjibaou le Kanak, (Op. Cit.), p. 149.
[9] Coulon, Marc, L’Irruption Kanak – de Calédonie à Kanaky, Messidor Editions Sociales, 1985 p. 219.
[10] Cf. : Histoire et évolution de la société sur le site officiel : http://www.eramet.fr/fr/Site/Template/T1.aspx?SELECTID=47&ID=54
[11] ERAMET Nickel - Tour Maine Montparnasse - 33, avenue du Maine - 75755 PARIS - Cedex 15 – Tel. : 33 1 45 38 42 00 - 33 1 45 38 73 48
[12] Cf. : Nos activités – Nickel : Chiffres clés – Chiffre d’affaires par marché en 2010 : http://www.eramet.fr/fr/PRODUCTION_GALLERY_CONTENT/DOCUMENTS/Nickel_In_Society_FR.pdf & Rapport Annuel 2010 (téléchargeable), notamment p. 3.
[13] Nos activités, Op. & site Cit.
[14] STCPI : Société Territoriale Calédonienne de Participation Industrielle
[15] Plenel, Edwy et Rollat, Alain, Mourir à Ouvéa – Le Tournant Calédonien, La Découverte, 1988.
[16] Picard, Gilles, L’affaire d’Ouvéa, Editions du Rocher, 1988.
Exemple emblématique de l’ouvrage de désinformation et de propagande, destiné à discréditer l’aspiration à l’indépendance d’un peuple. La presse de l’époque reprenait, dans sa majorité, les mêmes clichés pour anesthésier l’opinion publique métropolitaine. Avec, face à des “barbares”, “l’élite de l’élite de l’armée” représentant la défense de la civilisation, sans craindre boursouflure et ridicule :
“… les muscles des maxillaires se sont contractés…” (p. 94).
[17] Face à la censure du débat, en France, sur la situation coloniale en Nouvelle-Calédonie, saluons le courage de Mathieu Kassovitz pour avoir réalisé un film sur l’affaire d’Ouvéa. Dans les pires difficultés. Notamment : refus de l’armée et de l’administration de collaborer. Sortie prévue : le 16 novembre 2011. Le titre du film est en soi tout un programme : « L’Ordre et la Morale ».
[18] Spencer, Michael & al., Nouvelle-Calédonie – Essai sur le Nationalisme et la Dépendance, Editions L’Harmattan, 1987. p. 299.
[19] Rollat, Alain, Tjibaou le Kanak, Editions La Manufacture, 1989.
[20] Cf. Michael Spencer (Op. Cit.). Le rôle et l’influence de Jean-Marie Tjibaou, en Kanaky et dans le Pacifique, systématiquement occultés par la propagande française (il n’est même pas cité dans l’article français de Wikipedia sur la Nouvelle-Calédonie !…), sont unanimement reconnus chez les chercheurs et responsables de la région Pacifique, notamment anglo-saxons, y compris en Australie et en Nouvelle-Zélande…
[21] La stèle, commémorant ce crime d’Etat, porte comme mention :
“ Eloi Machoro, combattant de la liberté, victime de l’ordre colonial d’Etat français, assassiné le 12 janvier 1985 ”.
[22] Le groupe Veolia, une fois de plus, fait étalage de son constant souci éthique dans le respect des droits de l’homme et de la dignité humaine…
[23] Cf. : communiqué de l’UGTG sur cette tuerie coloniale : Guadeloupe-Kanaky même combat, http://ugtg.org/article_1557.html & http://www.internationalistes13.org/article-guadeloupe-kanaky-meme-combat-communique-de-l-ugtg-81091710.html