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Origines du 1er mai : AUGUST SPIES PENDU AUX USA
jeudi 4 mai 2017
« Le temps viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui ».
1er au 4 mai 1886 : Le rassemblement de Haymarket Square à Chicago se termine par l’écrasement du mouvement ouvrier américain
1er mai 1886 : Les syndicats américains organisent une grève pour la journée de 8 heures. 340.000 salariés paralysent près de 12 000 usines à travers les États-Unis. Le mouvement se poursuit ici et là, les jours suivants.
C’est le cas des salariés des usines Mac Cormick partis en grève ce 1er mai pour un combat qui a marqué la mémoire ouvrière. Au moment où un dernier orateur prend la parole
2 mai 1886 : Le patron embauche des jaunes pour casser le mouvement.
3 mai 1886 : La police armée de fusils à répétition (aidée par des détectives privés tout aussi équipés de l’agence Pinkerton) tire sur les grévistes à l’entrée de l’usine afin de faire place nette pour l’entrée des jaunes. Deux morts (bientôt trois) et cinquante blessés jonchent le sol.
4 mai 1886 : Une marche de protestation contre cette tuerie est organisée.
Essentiellement deux réseaux ouvriers sont présents :
– d’une part les Chevaliers du travail (700.000 membres en 1886), actifs pour l’amélioration de la condition ouvrière (logement, santé, formation...) et dans la solidarité aux grévistes. Anticapitalistes réformistes, ils demandent l’implication de l’Etat dans les relations entre patronat et salariés, la réduction du temps de travail, une grande réforme démocratique de l’éducation...
– d’autre part des anarchistes échaudés par les carnages perpétrés fréquemment et récemment encore contre les grévistes américains. Ils ont appelé pour ce 4 mai à l’autodéfense.
La marche de protestation défile dans un climat de tension mais sans heurt durant l’après-midi du 4. Le maire de Chicago y participe. La dispersion se déroule à Haymarket Square. Probablement par haine typiquement bourgeoise nord-américaine, une charge massive et dure de 180 policiers est lancée sur les dernières personnes présentes. Une bombe explose devant les forces de l’ordre. La police tire alors pour tuer ; une quinzaine de morts sont à déplorer dont sept policiers.
Aucune preuve ne sera fournie sur la responsabilité d’un seul ouvrier ou manifestant dans cet acte. Pourtant, la justice américaine poursuit les dirigeants ouvriers comme des criminels, de manière particulièrement partiale, relayant en cela la détermination anti-ouvrière des capitalistes américains.
Malgré l’absence de preuves, huit syndicalistes sont incarcérés : August Spies, George Engel, Adolph Fischer, Louis Lingg, Michael Schwab, Oscar Neebe et Samuel Fielden, Albert Parsons. Leur procès commence le 21 juin 1886 à la cour criminelle de Cook County. Le jury a été sélectionné (par exemple un parent du policier tué) pour qu’il fasse pendre les accusés même sans aucun fait réel retenu contre eux. L’abominable procureur Julius Grinnel déclare ainsi lors de ses instructions au jury :
« Il n’y a qu’un pas de la République à l’anarchie. C’est la loi qui subit ici son procès en même temps que l’anarchisme. Ces huit hommes ont été choisis parce qu’ils sont des meneurs. Ils ne sont pas plus coupables que les milliers de personnes qui les suivent. Messieurs du jury : condamnez ces hommes, faites d’eux un exemple, faites les pendre et vous sauverez nos institutions et notre société. C’est vous qui déciderez si nous allons faire ce pas vers l’anarchie, ou non. »
Le jury obtempère et choisit la pendaison pour cause de syndicalisme ouvrier.
Une grande campagne internationale de protestation permet de commuer cette infamie en prison à perpétuité pour 3 condamnés : Michael Schwab, Oscar Neebe et Samuel Fielden.
Plutôt que de subir la pendaison, Louis Lingg se suicide en prison.
August Spies, George Engel, Adolph Fischer et Albert Parsons, sont pendus. Leurs obsèques se déroulent le 11 novembre 1887. Six mille personnes accompagnent leurs cercueils roulés dans des drapeaux rouges.
Les Chevaliers du Travail ne se relèveront pas de cet acharnement.
Sur une stèle du cimetière de Waldheim, à Chicago, sont inscrites les dernières paroles de l’un des condamnés (Augustin Spies) comme l’oeil qui poursuivait Caïn :
"Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui".
Jacques Serieys
lundi 24 avril 2017
Repris de : in http://www.gauchemip.org/spip.php?article3048